DubasFuture

TORONTO - L'avenir de Kyle Dubas en tant que directeur général dans la LNH est avec les Maple Leafs de Toronto ou nulle part ailleurs.

Le problème, c'est qu'il ne sait même pas s'il veut continuer d'occuper ses fonctions actuelles.

Lors d'une journée où Dubas est resté évasif sur les plans de l'organisation concernant l'entraîneur Sheldon Keefe et le noyau de quatre joueurs composé des attaquants Auston Matthews, Mitchell Marner, William Nylander et John Tavares, il en a fait de même à propos de son propre statut.

« Ce que je répondrais, c'est que je pense que je devrai avoir une discussion avec ma famille, a dit le DG de 37 ans. Ma famille est très importante dans tout ça. M'engager dans quoi que ce soit sans avoir pu comprendre totalement ce que cette année a représenté pour eux est probablement injuste à ce stade-ci.

« Nous n'avons pas encore eu ces discussions. Mais ç'a été une année très difficile pour eux. »

Vers la fin de sa réponse, on a pu voir Dubas retenir quelques larmes. C'était probablement la conférence de presse la plus émotive qu'il a tenue depuis qu'il a été nommé le 17e directeur général de l'histoire des Maple Leafs le 11 mai 2018. Il a indiqué que son plan était de discuter avec sa femme Shannon dans les prochains jours. Le couple a deux enfants, un garçon et une fille.

Viendra ensuite une réunion avec le propriétaire et le président de l'équipe Brendan Shanahan, cette semaine. Shanahan devrait s'adresser aux médias dans un avenir rapproché, mais il n'était pas aux côtés de Dubas pour la conférence de presse de fin de saison, ce qui a apporté son lot de questions supplémentaires au DG.

« Je suis le responsable, a répondu Dubas. Les décisions par rapport aux échanges, à la formation, ça me revient. Je dois en prendre l'entière responsabilité. Je n'ai pas besoin de personne d'autre pour me protéger. »

L'élimination en cinq matchs au deuxième tour contre les Panthers de la Floride allait nécessairement apporter son lot de questionnements. L'été dernier, Shanahan avait décidé de ne pas offrir de prolongation de contrat à Dubas et de le laisser travailler malgré l'entente qui arrivait à échéance cette saison.

Si ses supérieurs préfèrent ne pas renouveler son contrat, c'est une chose. Mais le fait que Dubas décide potentiellement de se retirer lui-même de l'équation a créé une onde de choc.

Dans les dernières semaines, plusieurs rumeurs l'envoyaient même avec les Penguins de Pittsburgh ou avec les Rangers de New York. Sa réponse?

« Je n'ai assurément pas la flamme pour aller ailleurs, a-t-il rétorqué. Alors, ce sera ici ou je prendrai du temps pour réfléchir aux saisons passées ici. Vous ne me verrez pas atterrir (dans un autre marché) la semaine prochaine.

« Je ne peux pas faire subir cela [à ma famille] après l'année qu'on vient de passer. »

Mais il y a encore des questions pour une organisation qui aura encore plusieurs comptes à rendre dans les prochaines semaines.

Dubas sera-t-il de retour même si les Maple Leafs n'ont remporté qu'une seule série depuis qu'il a pris les commandes? Si ce n'est pas le cas, est-ce que ce sera sa décision ou celle des gens en haut de lui?

La situation devrait être éclaircie plus tard cette semaine.

Si Dubas n'est pas de retour, est-ce que Keefe, qui est derrière le banc depuis le 20 novembre 2019, sera de retour?

Contrairement aux précédents bilans de fin de saison, Dubas n'a pas appuyé son entraîneur en lui offrant un solide vote de confiance, se contentant de dire qu'une décision par rapport à l'entraîneur serait « trop hâtive » pour le moment.

En ce qui concerne la formation, Dubas n'avait également pas le même ton que dans le passé.

Il a toujours soutenu le « Core Four » (Marner, Matthews, Nylander, Tavares), même lorsque ceux-ci ont connu des difficultés en séries éliminatoires. Il a toujours défendu le modèle selon lequel l'équipe est bâtie autour de quatre attaquants qui grugent plus de 40 millions $ sur la masse salariale, même si plusieurs lui ont reproché qu'une formation gagnante ne pouvait être érigée de la sorte.

Mais cette fois, ça semblait être différent. Cette fois, il semblait y avoir une croyance que ce serait l'année des Maple Leafs, surtout avec les ajouts faits avant la date limite des transactions - les attaquants Ryan O'Reilly, Noel Acciari et Sam Lafferty et les défenseurs Jake McCabe et Luke Schenn.

Dubas tentait de s'adapter au style du hockey des séries éliminatoires en ajoutant du muscle à une équipe en pleine effervescence. En première ronde, ç'a fonctionné; les Maple Leafs ont remporté une série pour la première fois en 19 ans en éliminant le Lightning de Tampa Bay en six matchs.

Puis vint le deuxième tour face à la Floride. Les attentes étaient élevées. Le niveau de jeu de l'équipe ne l'a pas été.

« La narrative des dernières années soulignait particulièrement l'objectif de ''passer la clôture'' et ''au moins gagner une série'', a-t-il expliqué. Je n'ai jamais vu la situation ainsi. Le but est de gagner quatre matchs jusqu'à la Coupe Stanley. Et l'équipe en aurait été capable.

« C'est facile de dire ''pourquoi ne l'avez-vous pas fait?''. C'est là que se trouve la déception. Oui, je suis déçu. Déçu que nous n'ayons marqué en moyenne que deux buts par match lors de nos sept dernières rencontres. Nous devons trouver un moyen de profiter de nos chances. Et nous devons trouver des concepts offensifs qui nous permettront de produire davantage lors des moments clés. »

Et surtout de faire produire Matthews, Marner, Nylander et Tavares.

Les trois premiers n'ont remporté qu'une des huit séries qu'ils ont disputées ensemble avec les Leafs depuis 2016. Tavares, qui s'est joint à l'équipe le 1er juillet 2018, a vécu cinq éliminations hâtives des Torontois.

Matthews a assuré vouloir demeurer à Toronto au terme de son contrat l'an prochain. Idem pour Tavares, qui a mentionné qu'il ne lèverait pas sa clause de non-mouvement si l'équipe le lui demandait.

Il n'en demeure pas moins que les Maple Leafs devront considérer le remaniement de leurs effectifs. Tavares et Matthews n'ont pas trouvé le fond du filet face aux Panthers et sont les deux principales déceptions d'une attaque qui a marqué 10 buts en cinq matchs lors du deuxième tour.

Dubas a référé aux Panthers comme exemple d'équipe qui a été capable d'effectuer une transaction significative. L'été dernier, les Floridiens ont acquis Matthew Tkachuk, candidat au titre de joueur le plus utile de l'année dans la LNH, des Flames de Calgary en retour de Jonathan Huberdeau et de MacKenzie Weegar.

« C'est le genre de chose qui doit être faite soigneusement, a rappelé Dubas. Mais l'équipe contre laquelle nous venons de jouer est un bon modèle. Ils ont gagné le trophée des Présidents [la saison dernière], ont subi l'élimination au deuxième tour, ont été déçus, puis ont échangé deux gars de leur noyau pendant l'été pour obtenir un très bon jeune joueur. C'est une grosse transaction, mais elle n'a probablement pas été complétée hâtivement. Je crois qu'ils ont officialisé l'échange à la fin du mois de juillet.

« Je vais considérer toutes les options qui nous permettront d'avoir une meilleure chance de remporter la Coupe Stanley. Rien n'est écarté. Toutes décisions concernant les Leafs sont possibles. »

Reste à voir si Dubas sera encore le maître de ces décisions ou si ses patrons en décideront autrement.