FEHERVARY BADGE LEPAGE

ARLINGTON, Virginie – Martin Fehervary n’est pas le genre de défenseur qui vous fera dresser le poil sur les bras, et l’évocation de son nom ne soulève habituellement pas les passions à travers la LNH.

Si un collègue de La Presse, dont on préservera l’anonymat, n’avait pas souligné que le nom du Slovaque de 25 ans rappelait drôlement celui de l’ancien quiz télévisé « Charivari », son absence lors du premier match de la série face aux Canadiens de Montréal serait presque passée inaperçue.

Mais chez les Capitals de Washington, il représente une pièce importante du casse-tête. Sa perte pour le reste des séries éliminatoires, à la suite d’une blessure subie en fin de saison qui a nécessité une opération au ménisque droit, entraînera peut-être des répercussions à long terme.

« C’est une perte majeure pour notre équipe », a expliqué l’entraîneur Spencer Carbery, mardi, au lendemain de la victoire en prolongation des siens. « Je me sens mal pour lui parce qu’il est un héros obscur. Il passe souvent inaperçu pour le reste de la planète hockey, mais chez nous, il est un gros morceau.

« Il se défonce tous les jours, tous les soirs. Il laisse tout sur la patinoire. Il sacrifie son corps pour le bien de l’équipe. Je sais qu’il aimerait être avec ses coéquipiers au moment le plus important de l’année, et c’est ça le plus triste. Je suis convaincu que ses coéquipiers vont prendre la relève. »

Un spécialiste défensif comme lui ne sera toutefois pas facile à remplacer.

Il a disputé 81 des 82 matchs des siens, et il est le défenseur le plus utilisé en moyenne en infériorité numérique (3:02). Il a bloqué le deuxième plus haut total de tirs (150) chez les Caps, un de moins que Trevor van Riemsdyk, et occupe le troisième rang de l’équipe au chapitre des mises en échec (139).

À un moment où les proverbiaux « petits détails » font toute la différence, on comprend mieux pourquoi le pilote y est allé de ce plaidoyer en faveur de l’éclopé.

« C’est difficile de voir ça, a observé l’arrière Matt Roy. C’est une perte énorme pour nous. Il a connu une si bonne saison et il donne tout pour nous. Il va nous manquer. »

Pour le moment, Alexander Alexeyev semble être celui qui intégrera la formation avec régularité pour pallier son absence. On parle toutefois d’un arrière qui a été laissé de côté pour 74 des 82 matchs de l’équipe cette saison. Son impact sur les résultats risque donc d’être plus minime.

Il a toutefois réussi à faire sentir sa présence grâce à du jeu physique, lundi. Il devrait d’ailleurs être à son poste même s’il a dû passer plusieurs heures sur la chaise du dentiste – le résultat d’un coup de bâton accidentel de Jake Evans en fin de troisième période au premier match.

« Quand des blessures à des joueurs importants surviennent, c’est là qu’on peut voir le caractère du groupe, a ajouté Carbery. Martin joue un grand rôle pour nous, mais nous pouvons absolument continuer à gagner des matchs sans lui. Et je dis ça sans lui manquer de respect.

« Ça veut simplement dire que nous avons des gars, comme Alexeyev, qui peuvent prendre la relève. Ce sera à tout le monde de le faire, pas seulement aux défenseurs. J’inclus les entraîneurs, les attaquants et les gardiens. Tout le monde peut en faire plus. C’est comme ça qu’on voit ça. »

Un investissement

Même sans l’aide de Fehervary, les Capitals ont été en mesure de remporter la bataille des coups d’épaule au premier match. Ils en ont distribué 42 contre 33, et leur plan de match était bien clair dès le début de la rencontre. En somme : frapper tout ce qui bouge.

Ovechkin a mené le bal avec sept, suivi par Brandon Duhaime (5) et Lars Eller (5).

« Ça va rapporter des dividendes à la fin, a souligné l’attaquant Nic Dowd. Il y aura des jeux où leurs défenseurs vont s’attendre à de la pression et où ils réagiront peut-être différemment. Ça peut nous permettre de provoquer des revirements. Mais il faut investir là-dedans tôt dans la série. »

Et contrairement à la bourse, l’effet à long terme d’un échec avant soutenu et de percutantes mises en échec est plutôt prévisible. Surtout dans une série au meilleur de sept matchs. L’adversaire peut éventuellement se fatiguer plus rapidement et changer sa façon de jouer pour éviter de se faire frapper.

« On ne tente pas seulement de gagner un match, on veut gagner une série, a conclu Carbery. Il faut imposer notre façon de jouer à l’adversaire, et continuer de le faire dans la victoire comme dans la défaite. Toutes les petites choses qu’on fait peuvent avoir un impact significatif à long terme. »