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Le gardien de l'Oceanic de Rimouski Mathis Langevin effectue un arrêt contre les Knights de London à la Coupe Memorial 2025

Mercredi soir, Mathis Langevin obtiendra le départ devant le filet de l’Océanic de Rimouski face aux Wildcats de Moncton, avec la survie de son équipe à la Coupe Memorial entre les mains. Un scénario inespéré pour un gardien qui a pensé tout lâcher il y a neuf mois.

Langevin est revenu lundi sur son difficile début de saison 2024-25 où il a notamment été soumis au ballottage par le Phoenix de Sherbrooke.

Le rêve qu’il entretenait de devenir un gardien au niveau professionnel était devenu plus fragile que jamais, lui qui avait commencé son stage junior majeur sans victoire à ses sept premiers matchs la saison précédente.

« J’ai dit à mon père: "Bon, je commence ma carrière de policier. C’est fini, le hockey, on arrête ça" », a-t-il raconté.

Langevin a finalement été réclamé par le Titan d’Acadie-Bathurst. Ses premières semaines dans le rôle de numéro deux à Bathurst (3-4-0; moyenne de buts alloués de 2,74; taux d'efficacité de ,912) ont ensuite attiré l’attention de l’Océanic, qui a transigé pour ses services le 27 décembre dernier.

À Rimouski, il s’assurait de participer à la Coupe Memorial s’il conservait son poste dans la formation. Non seulement l’a-t-il conservé, il s’est aussi emparé de la chaise de gardien numéro un lorsque son homologue William Lacelle est tombé au combat.

« Je me souviens d’une discussion qu’on avait eue avant les séries, quand William s’est blessé. Tout le monde trouvait ça dommage pour Will, car il venait en quelque sorte de nous amener en séries, mais on a tous dit à Mathis qu’on avait complètement confiance en lui », a raconté le coéquipier de Langevin et espoir des Golden Knights de Vegas Mathieu Cataford. « Mathis nous a donné raison tout au long des séries. »

Langevin a si bien joué en l’absence de Lacelle qu’il n’a plus jamais regardé derrière. Le jeune homme de 18 ans a présenté la meilleure fiche statistique de la LHJMQ en séries éliminatoires (12-3-1; 1,57; ,944; 3 blanchissages) et a aidé l’Océanic à s’approcher à deux victoires du trophée Gilles-Courteau.

« Moi je savais qu’il allait être bon comme ça [quand on l’a acquis)! », a d’abord lancé à la blague l’entraîneur-chef de l’Océanic, Joël Perrault. « Cette année, j’ai souvent parlé d’opportunités. Il y a des opportunités dans une saison qui peuvent t’être données, comme ce fut le cas pour Mathis avec la blessure de William. Mathis travaille extrêmement fort depuis qu’il est arrivé avec l’équipe. Il a eu une attitude exemplaire en sachant quel était son rôle au départ.

« À seulement 18 ans, il ouvre les yeux de beaucoup de gens. On est super contents de ses performances, mais aussi de sa façon d’être. Il le mérite, le kid. Quand William avait le filet, il avait une attitude exemplaire, il travaillait fort dans les entraînements, il était un bon coéquipier. Quand on lui a demandé de commencer les séries, il était prêt. Je pense que c’est l’une des belles histoires dans l’histoire de la LHJMQ. »

« J’ai toujours cru en mes capacités, j’ai toujours cru en moi, a assuré Langevin. Je savais que j’étais capable de jouer comme je le fais en ce moment. C’est une question de persévérance, de toujours croire en son but. »

Le plan A

Langevin a amorcé la Coupe Memorial de retour sur le radar des dépisteurs de la LNH à l’aube du deuxième repêchage auquel il sera admissible. Non classé sur la liste finale du Bureau central de dépistage publiée au début du mois d'avril, le portier de 6 pi 4 po et 181 lbs pourrait avoir piqué la curiosité de certaines équipes du circuit Bettman avec ses récentes prestations. Son rêve de longue date est plus tangible que jamais.

« Être gardien professionnel, c’est depuis toujours mon plan A, mais disons qu’à un certain moment, c’était devenu un plan A-, a-t-il imagé. Maintenant, je le vois plus, c’est plus concret. Mais je ne me mets pas de pression. Je joue au hockey, j’ai du fun et si j’ai des occasions, je vais les prendre au meilleur de mes capacités. »

Jusqu’à maintenant, il saisit l’occasion à la Coupe Memorial. Malgré deux défaites en autant de matchs pour l’Océanic, Langevin a bien paru face aux puissances offensives que sont les Knights de London et les Tigers de Medicine Hat. Il a sans doute été le meilleur joueur de l’équipe hôtesse dimanche, bloquant 33 des 35 tirs des Knights dans un revers de 3-1.

« Il continue de jouer au-dessus des attentes. On a eu deux défaites en début de tournoi, mais il a connu deux matchs extraordinaires », a opiné Cataford.

« J’aime son gabarit et sa compétitivité, a analysé le dépisteur du Bureau central Jean-François Damphousse. Ce n’est pas toujours parfait mécaniquement, mais sa compétitivité pourrait lui permettre de devenir un gardien professionnel. Si notre liste (finale en vue du repêchage) était sortie aujourd’hui, son nom s’y trouverait sans doute. »

Perdre sa jambière en plein match

Même si Langevin a brillé face aux Knights, c’est pour une autre raison que sa prestation qu’il a fait le tour du web dimanche.

À la suite d’un contact avec l’attaquant Sam O’Reilly devant le filet, le gardien québécois a perdu sa jambière droite. Langevin a passé plusieurs secondes d’action devant son filet jambière gauche attachée, jambière droite au sol.

« Au début, je me suis demandé : "Que se passe-t-il? Pourquoi je perds une jambière?", s’est-il remémoré. L’arbitre ne sifflait pas. Je me suis imaginé devoir arrêter le tir quand même s’ils s’amenaient à 3-contre-2.

« Après le match, j’ai vu que ça faisait le tour des réseaux sociaux. Une vingtaine d’amis m’avaient écrit à ce sujet. […] C’est un moment cocasse dont je vais me souvenir et en rire dans 20 ou 30 ans! »