En mars, les joueurs des Tigers de Medicine Hat ont convenu de tout gagner pour leur gardien Harrison Meneghin. Deux mois plus tard, ils ne sont qu’à une victoire de leur objectif.
Meneghin a tragiquement perdu son père, Derek, le jour du dernier match des Tigers en saison régulière, le 23 mars. Derek n’avait que 49 ans. Les semaines suivantes ont représenté des montagnes russes d’émotions pour le jeune Harrison qui a décidé, endeuillé, de retrouver ses coéquipiers pour le début des séries de la Ligue de hockey de l’Ouest (WHL).
« Le hockey a représenté une manière pour lui de penser à autre chose, de se concentrer sur autre chose lorsqu’il le pouvait », a indiqué l’entraîneur-chef des Tigers, Willie Desjardins.
« Tu ne veux pas être seul dans ces moments, car les pensées peuvent parfois faire boule de neige », a renchéri le coéquipier de Meneghin Mathew Ward.
Sur la glace, l’espoir du Lightning de Tampa Bay joue présentement le meilleur hockey de sa carrière junior. Ses 14 victoires et trois jeux blancs ont aidé les Tigers à remporter les séries de la WHL, desquelles il a été nommé joueur par excellence.
Deux jours après avoir été titré, il a paraphé son premier contrat dans la LNH avec le Lightning.
À la Coupe Memorial, jusqu’à maintenant, il est invaincu en trois rencontres. Mardi, dans une victoire de 3-1 contre les Knights de London, il a bloqué 35 des 36 tirs dirigés vers lui.
« On s’en va en finale de la Coupe Memorial et sans lui, on n’y serait pas, a assuré Ward. Il a été très important.
« Ce qu’il a été capable d’accomplir dans tout ça est incroyable. Je ne peux même pas m’imaginer être dans cette situation, ça doit être très difficile. Il la gère incroyablement. »
Toute une équipe dans le deuil
Même si le deuil de Meneghin a permis aux Tigers d’être plus unis que jamais, le sujet est encore sensible dans l’entourage de l’équipe. Le gardien n’a pas encore accordé d’entrevue pendant la Coupe Memorial.
« On le protège, a expliqué Desjardins. Dans une situation comme celle-là, tu peux te porter très bien et une petite chose peut rapidement te replonger dans les pires moments que tu as vécus dans ta vie. […] C’est encore très difficile pour lui. »
Desjardins lui-même était visiblement encore émotif en revenant sur les événements jeudi, avec l’autorisation de la mère d’Harrison, Samantha.
« C’était terrible, si terrible, a affirmé Desjardins. On venait de connaître une superbe séquence. Tout se jouait au dernier match et on a battu Calgary ce soir-là pour terminer au premier rang dans l’Est. Harrison venait de connaître une incroyable soirée, il avait été remarquable. On était en liesse, on s’était assurés du premier rang après trois mois de chaude lutte.
« Puis Harrison a appris après le match que son père était décédé. On est passé de très haut à très bas.
« C’était dévastateur pour Harrison mais aussi pour toute l’équipe, car les joueurs se demandaient : ‘’Et si ç’avait été mon père?’’. Soudainement, pour tout le monde, c’est devenu plus réel. Ils ont tous réalisé à quel point ils étaient chanceux d’avoir leurs parents. Ç’a ébranlé toute l’équipe. »
Comme Derek
Étant donné qu’Harrison avait été acquis en début de saison par les Tigers, Desjardins ne connaissait que très peu Derek Meneghin.
En assistant à ses funérailles le 10 avril en compagnie d’autres joueurs de l’équipe, il a appris connaître l’homme qui avait élevé l’un de ses protégés.
« Harrison est un peu comme son père, je crois, a souligné Desjardins. Aux funérailles, j’ai appris que Derek avait un bon sens de l’humour, comme Harrison. Harrison est toujours impliqué quand ça rigole dans le vestiaire.
« J’ai également appris qu’il était une personne incroyable. La famille Meneghin est composée de personnes incroyables, de personnes fortes. […] Une famille de hockey qui a tout fait pour qu’Harrison s’épanouisse dans le hockey. Je n’ai pas d’autres mots. Ça nous a vraiment ébranlés. »
Lorsque les Tigers ont été titrés dans la WHL, le capitaine Oasiz Wiesblatt a décidé de tendre le trophée à Meneghin en premier.
Il faudra attendre encore une trentaine d’heures avant de savoir s’il pourra soulever un deuxième trophée en moins d’un mois, mais gagne ou perd, Harrison aura eu le hockey comme baume ce printemps. Et il aura certainement une pensée pour Derek lorsqu’il sautera sur la glace du Colisée Financière Sun Life, dimanche.


















