Choix de premier tour des Nordiques de Québec au repêchage de 1993, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est aujourd’hui actionnaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 32 filets de la Ligue.
Thibault : Enfin, Knight est l’homme de confiance
Le 13e choix au total du repêchage de 2019 est devenu, cinq ans plus tard, no 1 pour la première fois de sa carrière dans la LNH avec les Blackhawks

Je me réjouis de voir le jeune gardien Spencer Knight obtenir un nouveau départ dans la chaise de no 1 des Blackhawks de Chicago, qui ont fait son acquisition des Panthers de la Floride en retour du défenseur vedette Seth Jones, le 1er mars, à six jours de la fermeture de la période des transactions.
Knight a toujours été promis à un bel avenir. Ce n’est pas pour rien qu’il est devenu, en 2019, le gardien choisi le plus tôt au repêchage en neuf ans lorsque les Panthers ont jeté leur dévolu sur lui au 13e rang au total. Les circonstances ont toutefois retardé son développement dans les cinq dernières années. En Floride, il n’a jamais eu de réelle chance de supplanter Sergei Bobrovsky et son onéreux contrat de sept ans et 70 M$ dans la hiérarchie des gardiens. Il est également passé par le programme d’aide aux joueurs de la LNH et de l’AJLNH pour des problèmes liés au trouble obsessionnel compulsif, avait-il confié après coup. En son absence, Anthony Stolarz avait brillé dans la chaise de second.
Résultat des courses : en quatre ans, Knight n’a joué que 83 matchs dans la LNH et 58 autres dans la Ligue américaine (LAH).
Cette charge de travail n’est pas catastrophique pour un gardien, mais elle est tout de même, selon moi, insuffisante pour un portier dont le potentiel de no 1 – et de vedette – a clairement été identifié l’année de son repêchage.
Un jeune gardien a besoin de voir de l’action. C’est vrai pour les joueurs, et ce l’est tout autant pour les hommes masqués. Il faut apprendre à gérer ton jeu, tes émotions, plusieurs départs consécutifs, la manière de rebondir après un match plus difficile, etc. Il y a une panoplie de situations auxquelles il faut s’ajuster lorsqu’on fait le saut chez les professionnels.
À Chicago, il en verra, de l’action. Les Blackhawks l’ont fait garder les buts pour trois de leurs cinq matchs depuis la transaction et il s’est très bien tiré d’affaire. Il a été bombardé de 42 lancers à ses débuts face aux Kings de Los Angeles, en stoppant 41 dans une victoire de 5-1. Il a ensuite bloqué 36 des 39 tirs dirigés vers lui quatre jours plus tard, dans un gain de 4-3 contre le Club de hockey de l’Utah. Disons qu’il est passablement plus occupé qu’en Floride, où il a reçu moins de 30 tirs à quatre de ses cinq derniers matchs.
Lundi, la soirée s'est mieux passée défensivement pour les Blackhawks, mais c'est en offensive que rien n'a fonctionné. Chicago s'est incliné 3-0 contre l'Avalanche du Colorado, et Knight a cédé deux fois sur 20 tirs.
Il va vivre plusieurs situations avec sa nouvelle équipe et ce sera sans doute bénéfique pour son développement.
Du côté des Blackhawks, on avait besoin d’un gardien comme Knight pour asseoir l’organisation. Je ne veux rien enlever à son prédécesseur Petr Mrazek, qui a accompli de l’honnête travail avant d’être échangé aux Red Wings de Detroit vendredi passé, mais Knight a tout simplement un plus haut plafond et surtout une fenêtre de succès mieux synchronisée à celle des Blackhawks, dont les aspirations seront beaucoup plus grandes dans quelques années qu’elles le sont présentement.
Knight sera entre bonnes mains avec l’entraîneur des gardiens de but des Blackhawks, le Sherbrookois Jimmy Waite, l’un de mes bons amis. Je suis persuadé que Jimmy et le reste du personnel ont un plan pour leur nouveau venu. Ils vont probablement lui donner toutes les chances de devenir le gardien qu’il aspire à être. Quand il connaîtra un match difficile, il ne passera certainement pas plus d’une semaine sans garder les buts, comme c’était parfois le cas en Floride.
Dans le moule d’Oettinger
J’aime beaucoup la manière dont Spencer Knight joue. Il a une manière très « américaine » de garder le filet, dans la mesure où son style de jeu s’apparente drôlement à ses prédécesseurs qui ont été formés au sein du programme national américain de développement M-18, comme Thatcher Demko (2012-13), des Canucks de Vancouver, et Jake Oettinger (2014-16), des Stars de Dallas.
Demko et Oettinger sont de grands bonshommes qui sont toujours en contrôle. Knight se déplace de la même manière qu’Oettinger, ou presque. Il se positionne de la même manière également. Il est perpendiculaire à la trajectoire des tirs dirigés vers lui. Il a de bonnes capacités athlétiques et de longues jambes lui permettant de passer d’une extrémité à l’autre de son filet très rapidement. Il ne se déportera pas de sa cage pour rien.
En revanche, je l’ai souvent vu tomber sur le derrière à son premier match avec Chicago, contre les Kings. S’il corrige cette tendance et qu’il acquiert plus de constance avec les années, il deviendra un gardien redoutable. Car déjà, il possède des qualités qui pourraient lui permettre de se hisser parmi l’élite de la LNH à sa position.
Propos recueillis par Gabriel Duhamel, pupitreur LNH.com