Ovi Lepage

WASHINGTON, D.C. – Pierre-Luc Dubois est resté surpris quand on lui a appris qu’il venait d’assister à une première dans la carrière d’Alexander Ovechkin.

Le tout premier but en prolongation en séries du grand numéro 8.

« Ah ouais? », s’est étonné l’attaquant québécois, entouré par des médias montréalais. « Je n’aurais jamais imaginé ça. Pour moi, c’est le gars qui a marqué tous les buts possibles dans sa carrière. Ce qui est le fun à voir, c’est que même après plus de 900 buts, il garde toujours le même sourire. »

Le capitaine des Capitals de Washington avait de bonnes raisons de sourire. Il a tranché le débat avec son deuxième de la rencontre et a procuré aux siens une avance de 1-0 dans la série face aux Canadiens.

Mais après avoir fracassé le record de buts de Wayne Gretzky, il y a quelques semaines, il semble qu’Ovechkin ne s’émeuve plus beaucoup de ses accomplissements personnels. Surtout pour ceux qui ne deviendront probablement qu’une note de bas de page dans sa longue liste de réalisations.

« Un but, c’est un but », a résumé le Russe de 39 ans avec un sourire moins présent, devant les journalistes.

MTL@WSH: Ovechkin bat Montembeault en prolongation

Anthony Beauvillier était un peu plus expressif. Auteur du deuxième filet des siens, sur une passe d’Ovechkin, l’attaquant lui a rendu la pareille en mettant la table pour lui en prolongation. Il aura donc une petite place dans le livre d’histoire personnel de son légendaire coéquipier, qui disputait son 152e match éliminatoire.

« C’est quand même fou que ce soit le premier but en prolongation en séries du plus grand marqueur de l’histoire, a dit Beauvillier en riant. […] Tous les grands joueurs veulent gagner et ils se lèvent un peu plus que les autres dans les grands moments. C’est ce qu’il a fait ce soir. »

Ovechkin a ouvert la marque sur le jeu de puissance en fin de première période, et a enfilé l’aiguille en tout début de prolongation pour aider les Capitals à sauver les meubles, eux qui ont bousillé une avance de deux buts en troisième. Il a aussi distribué pas moins de sept mises en échec, un sommet dans le match.

« Il a réussi quelques gros jeux pour nous, a vanté l’entraîneur Spencer Carbery. Il a été physique et il a donné le ton. Il a sonné la charge et il a traîné les gars dans la bataille avec lui. »

Dubois et Beauvillier avaient déjà fait face à la bête des séries.

Ils l’ont vu jouer et se comporter durant toute sa chasse au record de Gretzky. Mais ils n’avaient encore jamais pu compter sur lui dans leurs rangs quand l’enjeu est à son plus haut.

« C’est beaucoup plus le fun de jouer avec lui que contre lui, a rigolé Dubois. Mes premières séries étaient contre lui et les Caps – il m’avait ramassé deux ou trois fois. Il fait ça depuis le début de la saison. Dans les grands moments, il marque les gros buts pour nous. »

Des fleurs pour Beauvillier

On pourrait presque en dire autant de Beauvillier dans cette rencontre. Jumelé à Ovechkin et à Dylan Strome sur le premier trio de l’équipe en l’absence d’Aliaksei Protas, il a assurément ajouté son grain de sel.

« Le jeu de Beauvillier m’a sauté aux yeux, a dit Carbery. Il a été très fort. Il a fait les bonnes choses, il a été dominant en échec avant et en possession de rondelle. J’ai aimé ce trio. »

« ‘Beau’ travaille très fort, a renchéri Ovechkin. Il a aussi des habiletés. Notre trio a une bonne chimie. Avec les blessures, il est très important pour nous en ce moment et nous sommes heureux de l’avoir. »

Blanchi à ses neuf derniers matchs de saison régulière, dont les trois derniers alors qu’il avait obtenu la promotion sur ce trio d’impact, le Sorelois a donné raison à son entraîneur de lui faire confiance dans ce rôle crucial à un moment où la marge d’erreur est minime.

« Il joue bien depuis quelques matchs, a conclu Dubois. Ça ne paraît pas toujours sur la feuille de match, mais il joue du gros hockey depuis la blessure de Protas. Dans les séries, c’est comme ça. Il y a des joueurs différents qui se lèvent à tous les matchs, surtout dans des équipes avec de la profondeur comme la nôtre. »

Ce n’est pas faux. Mais le plus important, c’est qu’il risque de toujours y avoir une constante chez les Capitals, et elle porte le numéro 8.