Savard Lepage

BROSSARD – David Savard était prêt à confirmer ce que les indices des derniers jours laissaient présager.

Vers la fin d’un point de presse d’une dizaine de minutes dans le vestiaire du complexe d’entraînement de Brossard, vendredi, le défenseur des Canadiens de Montréal a annoncé qu’il prendrait sa retraite lorsque le parcours de l’équipe en séries prendra fin.

« C’est ma dernière saison, a lancé le Québécois de 34 ans, à trois jours du début de la série de premier tour face aux Capitals de Washington. Je suis super content de pouvoir rentrer dans les séries, de vivre ça à Montréal et de finir à la maison. Pour moi, c’est spécial. »

Cette annonce remet en perspective quelques petits moments observés au cours de la dernière semaine d’activités, alors que le Tricolore tentait par tous les moyens de confirmer sa place en séries.

Avant la rencontre face aux Blackhawks de Chicago, lundi, il a pris une photo en compagnie de son ancien coéquipier Nick Foligno. Puis, il a invité ses trois enfants et sa femme au banc de l’équipe pendant la période d’échauffement, mercredi, dans ce qui était le 870e et dernier match de saison régulière de sa carrière.

Ses coéquipiers, au courant de sa décision depuis fort longtemps, voulaient s’assurer que ce ne soit pas le chant du cygne de celui qui est considéré comme le « papa » de l’équipe.

« Il joue tellement un grand rôle dans ce vestiaire, a vanté le défenseur Kaiden Guhle. C’est un excellent joueur et il a connu une grande carrière, mais il est encore une meilleure personne. Il a été incroyable pour moi depuis ma première année avec l’équipe.

« Le dernier match contre les Hurricanes, on voulait le gagner en partie pour lui. Nous ne voulions pas que ce soit son dernier. Il a été incroyable pour cette ville, cette organisation et ce groupe. »

Savard écoule présentement la dernière année d’un contrat de quatre ans qu’il a signé avec l’équipe de son enfance après sa conquête de la Coupe Stanley avec le Lightning de Tampa Bay, en 2021. Après 14 saisons à jouer de façon physique et à sacrifier son corps pour le bien de ses équipes, le glas a finalement sonné.

« C’est avant tout en raison de comment je me sens, comment mon corps réagi à cette saison, a expliqué le natif de Saint-Hyacinthe. J’en avais parlé à mon agent l’an dernier après la saison et durant l’été. Je ne savais pas comment mon corps allait se sentir à la fin de l’année.

« J’y allais une année à la fois, mais à Noël, je voyais comment je me sentais. La réalité que j’étais peut-être prêt pour la retraite s’est lentement installée. »

Fidèle à sa réputation de leader silencieux, il a partagé sa décision avec ses coéquipiers, mais ne voulait pas en faire l’annonce publiquement et devenir une source de distraction pour le reste du groupe. Sa priorité était de conclure le travail entamé dès son arrivée sur une bonne note.

« Ça nous a motivés pendant pas mal toute la saison, a raconté le capitaine Nick Suzuki. Il est très aimé dans notre vestiaire et il a joué un grand rôle dans notre reconstruction. Plusieurs gars ont pris exemple sur lui, moi y compris. Nous jouons entre autres pour prolonger sa carrière. »

« Savy est tellement un bon leader dans le vestiaire, avait dit son compatriote Alexandre Carrier après le dernier match. Il représente beaucoup pour notre équipe. L’effet qu’il a sur nos joueurs, sur nos plus jeunes, ça va vraiment loin. Je suis content qu’on lui donne une chance de vivre les séries à Montréal. »

Le renvoi d’ascenseur

C’est en quelque sorte une façon pour les jeunes qui ont grandi à ses côtés de lui rendre la pareille. Savard s’est entendu avec les Canadiens, à l’été 2021, dans l’espoir de participer aux séries éliminatoires en portant le chandail de la Sainte-Flanelle.

Mais dès sa première saison, les choses ont dérapé et l’équipe a entamé une reconstruction. Sans rechigner, il a pris son rôle de mentor au sérieux et a accompagné tous les jeunes espoirs de l’équipe à la ligne bleue dans leur transition et leur adaptation à la réalité de la Ligue nationale.

« Il est une sorte de prolongement du groupe d’entraîneurs, a vanté l’entraîneur Martin St-Louis. Il a une présence rassurante pour les jeunes qui arrivent dans la Ligue, et qui sont peut-être nerveux. David peut leur tenir la main pendant qu’ils font leurs premiers pas, sans leur donner toutes les réponses. »

Même dans les moments plus difficiles, alors que la perspective de voir l’équipe prendre part aux séries et que les rumeurs de transactions l’entourant s’intensifiaient, Savard a gardé le cap et a signifié à maintes reprises son désir de rester avec les Canadiens. Il récolte maintenant les fruits de sa loyauté envers le club.

« Nous voulions lui donner un dernier parcours en séries, a soutenu Lane Hutson, son plus récent élève. Notre connexion a été instantanée. Grâce à lui, j’ai beaucoup appris à devenir un pro et à comprendre comment les choses fonctionnent. Il a été très bon pour moi, et j’ai été chanceux de le côtoyer. »

La jeune sensation pourra compter sur le soutien du vétéran pour encore quelques semaines, au moins. Il pourra prendre exemple sur celui qui a 57 matchs d’expérience en séries, et le voir se sacrifier devant quelques autres puissants tirs d’Alex Ovechkin. Parce que Savard n’a pas encore dit son dernier mot.

« Mon corps est encore prêt pour un dernier parcours! »