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À la suite de la blessure subie par Connor McDavid en début de saison, on sentait que la course au trophée Calder ne serait pas trop compliquée, Artemi Panarin s'étant sauvé avec une incroyable avance au tableau des pointeurs. Mais le retour en force de McDavid a eu le mérite de jeter le doute. A-t-on une course? Et si oui, est-ce que McDavid et Panarin sont les seuls à surveiller?

J'aime bien, dans ces situations, comparer la contribution des joueurs en distinguant leur travail à forces égales et en avantage numérique. Contrairement à l'an dernier, alors que Aaron Ekblad et Mark Stone obtenaient tous deux une part significative de temps de jeu en désavantage numérique, on n'a pas de joueurs qui, parmi les favoris au Calder, participent significativement à cette phase du jeu. On en est donc à déterminer s'il y a des contributions sur l'une ou l'autre de ces situations qui vient pousser d'autres joueurs dans la course.
Dans tous les cas, il est utile de comparer ces recrues aux normes de la ligue. J'ai donc inclut dans les figures les taux permettant de départager les réguliers de la LNH (ceux qui ont joué au moins 300 minutes à forces égales ou 50 minutes en avantage numérique) en quatre groupes distincts, et ce autant pour les défenseurs que les attaquants.
À forces égales

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Panarin, bien entendu, se démarque aux points obtenus. Mais il est de loin celui qui jouit de la plus grande aide, partageant après tout l'essentiel de son temps de glace avec Patrick Kane. Concrètement, cela se manifeste par des coéquipiers affichant en moyenne le meilleur temps de glace du groupe, une grosse minute de plus que le point de départ du quart supérieur de la LNH. Panarin, bref, est excessivement bien entouré.
C'est aussi le cas pour la plupart des autres recrues, quoiqu'il me semble ici intéressant de souligner deux exceptions : Connor McDavid voit clairement son score d'appui diminué par le fait qu'il ne joue que peu avec Taylor Hall, l'autre grande dynamo offensive des Oilers d'Edmonton, et que la défensive des Oilers ne possède pas vraiment de joueur dominant. Pas de Duncan Keith, par exemple, pour venir doper encore plus son score.
Shane Gostisbehere (selon moi le candidat à surveiller d'ici la fin de la saison), est quant à lui tout simplement tenu loin des grosses minutes à forces égales. Ça ne l'empêche pas d'être très productif dans ces situations; non seulement y a-t-il déjà cumulé huit points, mais c'est sans pour autant être poussé par un taux de conversion de tirs en buts excessifs. J'ajoute que son taux de possession relatif nous indique que le sort de son club s'améliore lorsqu'il est sur la glace et, plus intéressant encore, que sa capacité à diriger des tirs au filet le classe déjà parmi les meilleurs de la LNH. Sachant qu'il n'a pas même 30 matchs d'expérience dans la ligue, c'est tout un départ.
Sinon, je souligne que Dylan Larkin et Jack Eichel s'annoncent déjà tous deux comme des buteurs en puissance par le seul volume de tirs qu'on les voit déjà produire; à 12 tirs vers le filet par heure jouée, ces adolescents sont déjà au niveau des bons ailiers top-6 de la LNH, ce qui est loin d'être le cas de joueurs comme McDavid, Max Domi ou encore Anthony Duclair, trois joueurs présentement favorisés par les pourcentages.
En fait, Larkin est le seul à frôler la production de Panarin, avec 29 points à forces égales. Mais un taux de conversion de 11 pour cent (contre 9 pour Panarin) laisse entendre qu'il y a ici aussi l'effet d'une séquence heureuse prolongée aux pourcentages.
En avantage numérique
Encore ici, Panarin se distingue de ses collègues par l'utilisation qu'on en fait. Présent sur plus de 60 pour cent des avantages numériques de son équipe, il jouit d'un déploiement massif et de pourcentages, il faut le souligner, quasi indécents. Seul McDavid est plus favorisé que lui sur ce plan.
Jack Eichel et Larkin ressortent encore une fois du lot par leur production individuelle de tirs vers le filet. Les deux sont malchanceux aux pourcentages, mais Larkin tient déjà un rythme digne des meilleurs de la LNH, avec Eichel sur les talons. Ce dernier a en fait été le plus productif, parmi les attaquants recrues, dans cette situation, un cheveu devant Domi et Panarin.

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Mais, ici, Gostisbehere mérite une place à part. Il a profité de la blessure de Mark Streit pour l'évincer de la première vague davantage numérique et y produit, depuis, à un rythme effréné. Même s'il a manqué les premiers mois de la saison, Gostisbehere est déjà le meilleur pointeur en avantage numérique parmi les recrues. Plus encore, il le fait sans jouir de pourcentages particulièrement saisissants.

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Plus encore, sa production individuelle de tirs vers le filet dans cette situation éclipse celle de joueurs comme P.K. Subban (20 tirs tentés à l'heure), Erik Karlsson (15 à l'heure) ou encore Shea Weber (20 tirs à l'heure).
Artemi Panarin a présentement l'avantage, mais les blessures et les baisses de régime sont communes. Connor McDavid a annoncé un retour en grande forme, mais il faudra voir jusqu'à quel point il saura augmenter ses taux pour compenser l'inévitable baisse aux pourcentages. On sent que Larkin est « dû » pour un mouvement inverse, une plus grande production en avantage numérique. Mais selon moi, c'est le Ghost qui, d'ici la fin de la saison, est à surveiller dans cette course.