Weeks-Split-Rookies

C'était une belle couvée. On a vu éclore plusieurs talents fort intéressants cette saison, pas moins d'une douzaine de joueurs méritant selon moi d'être en lice pour le titre de recrue de l'année.

Comme toujours dans ces cas-là, la production offensive est le premier élément considéré, parce qu'il n'y a pas eu à mon sens de gardien s'étant suffisamment démarqué pour être considéré. Ça peut sembler un peu ingrat pour des joueurs à vocation plus défensive, mais je pense que ce critère est aujourd'hui plus que jamais important dans la mesure où, parce que les buts sont extrêmement difficiles à obtenir, les joueurs ayant la capacité de contribuer sur ce plan dès leur entrée dans la ligue sont les plus rares et donc ceux dont les exploits méritent d'être soulignés.
Partant de là, la question doit être recadrée. Il ne s'agit pas tant de savoir qui mérite le trophée, mais plutôt de se demander si quelqu'un peut prétendre à arracher le titre à Mathew Barzal.
Du groupe de 12 joueurs identifiés, tous ont été appelés à faire une partie du travail en avantage numérique et trois seulement ont joué pour la peine en désavantage numérique. Yanni Gourde, Nico Hischier et Charlie McAvoy ont travaillé sur les deuxièmes unités à court d'un homme, mais leur contribution dans cette facette est surtout importante pour l'avenir.
En obtenant de manière si précoce la confiance de leurs entraineurs, ils annoncent déjà une aptitude à contribuer au-delà de la colonne des buts obtenus.

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Les points principaux, soit les buts et les passes menant directement à des buts, sont le meilleur moyen d'évaluer la contribution directe à l'attaque d'une équipe. À forces égales, on constate que Barzal n'est pas seul, loin de là. Hischier et Gourde le suivent de près.

Figure2

En avantage numérique, c'est encore plus intéressant : Brock Boeser et Gourde font valoir leurs talents de buteur alors que chez les défenseurs, Mikhail Sergachev, Ryan Pulock et Will Butcher se démarquent.

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La question, comme on l'a vu la semaine dernière au sujet du joueur par excellence, est de savoir jusqu'à quel point cette contribution offensive résulte d'une poussée résultant de pourcentages anormalement favorables.
Sur ce plan, je préfère ignorer la production en avantage numérique parce que les indices de buts attendus sur lesquels je me base sont indifférents aux mouvements de la rondelle précédant les tirs obtenus, ainsi qu'à la position des joueurs sur la glace lorsque le tir est décoché.
À forces égales, je tends à croire que tout ça se dilue dans le chaos habituel des matchs de la LNH, mais en avantage numérique, trop d'éléments de système (allant des plans de passes aux joueurs qui voilent le gardien au bon moment) sont laissés dans l'ombre pour que j'ose réduire ce qui s'y passe à la simple « chance ».
Lorsqu'on distingue les points obtenus en points attendus et (extrapolés par les buts attendus multipliés par le pourcentage de buts réels sur lesquels un joueur a obtenu des points primaires) points hérités d'une poussée aux pourcentages, on constate rapidement que Gourde perd un peu de terrain alors que Clayton Keller émerge soudainement comme étant aussi productif que Barzal!

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Si on ajoute à ça les performances remarquables de Sergachev et Butcher en défensive, l'étau se resserre sur Barzal.
Mais je persiste quand même à lui donner mon vote pour la recrue de l'année, pour l'impact qu'il a de manière générale sur le déroulement du jeu. Cela se voit clairement pendant les matchs, alors qu'il transporte continuellement la rondelle de sa zone à celle de l'adversaire, mais ça se constate aussi dans les données.
Lorsqu'on regarde la variation de la part des buts attendus obtenue par son équipe, on constate que la présence de Barzal a un impact positif massif sur celle-ci, surpassée seulement par Butcher. Mais cet impact de Barzal, surtout, est deux fois supérieur à celui que ses coéquipiers les plus fréquents ont eux-mêmes sur l'équipe. Dans le cas de Butcher, cet impact est légèrement supérieur à celui de ses coéquipiers.

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C'est cette capacité à « tirer par le haut » son équipe qui distingue à mes yeux Barzal de ses plus proches poursuivants. Il pèse déjà lourd dans la balance, plus que tout autre de ses concurrents. Vu la qualité des joueurs impliqués, ce n'est pas peu dire.