Bouchard game 4

Gerard Gallant a su, lors du quatrième match, apporter un ajustement efficace à son alignement en remplaçant David Perron par Tomas Tatar. Mais son équipe a continué à jouer, dans l'ensemble, d'une manière qui a permis, encore et encore, aux Capitals de Washington de transformer en faiblesse ce qui avait été une force des Golden Knights de Vegas tout au long de la saison: la protection contre les passes à travers l'enclave. Acculés au pied du mur, les Golden Knights se battent maintenant pour leur survie.
Le fait de sortir Perron de la formation lors du quatrième match m'a surpris, mais on doit accepter qu'un entraîneur prenne ce genre de décision en ayant en main des informations qu'on ne soupçonne pas. L'avance rapide obtenue par les Capitals aidant, les Golden Knights ont cherché à combler leur retard et Gallant a délaissé le jeu d'échecs sur les confrontations, ce qui a permis à celles-ci de se cristalliser en fonction des préférences de Barry Trotz. L'arrivée de Tatar s'est donc effectuée dans un contexte où son rôle était des plus clairement défini.

Gallant a choisi de modifier son deuxième et son troisième trio, envoyant Alex Tuch à l'aile de James Neal et Erik Haula, Tatar épaulant quant à lui Ryan Carpenter et Cody Eakin.
Face à eux, Trotz a insisté encore plus fort sur les duels privilégiés lors du troisième match : Nicklas Backstrom contre « Wild Bill » Karlsson, Evgeny Kuznetsov contre Haula, Eakin contre Lars Eller et encore une fois un duel de 4e trios, Pierre-Edouard Bellemare contre Jay Beagle.
Le gros changement? On a clairement privilégié la présence de John Carlson et Michal Kempny contre l'excellent quatrième trio des Golden Knights, alors que Brooks Orpik et Christian Djoos ont plutôt affronté Eakin.

Bouchard 060618 A

Chacun des principaux duels entre attaquants a, aux différentiels de tirs, été gagné par les Golden Knights, un résultat qui n'a pas à surprendre outre mesure vu l'avance défendue par les Capitals.
Tous, sauf le duel des quatrièmes trios. Libérés de Djoos et, surtout, d'Orpik, les plombiers de Washington ont enfin eu le dessus sur ceux de Vegas.

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Cette petite vignette annonce un premier choix à faire pour Barry Trotz, lors du cinquième match à Vegas. Son troisième duo défensif n'a jamais pu tenir le coup contre le quatrième trio de Vegas lors des deux matchs à l'étranger, et on ne voit pas comment la donne pourrait changer jeudi soir.
Entre ce fait et la propension du trio de Kuznetsov à se faire ramasser aux tirs par les deux premiers trios des Golden Knights, on comprend que tout ça n'est pas exactement dans la poche pour les Capitals. Même si Kuznetsov a été sensationnel sur une série de séquences offensives au cours des deux derniers matchs, on l'a aussi souvent vu dépassé par les événements dans son propre territoire. Braden Holtby est venu à la rescousse jusqu'ici, mais il ne pourra pas éternellement se fendre d'arrêts magnifiques. Et James Neal ne manquera pas toujours les filets déserts qu'on lui offre.
Ce qui m'amène à un autre élément, celui des performances des gardiens depuis le début de la série.
Marc-André Fleury a, disons-le, beaucoup plus de difficultés à arrêter les tirs des Capitals. Son pourcentage d'arrêts a plongé en vrille lors de cette série finale, à 85 pour cent, perdant pour la première fois l'avantage sur son vis-à-vis.

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Sur les seules chances de marquer, telles que recensées par le site NaturalStatTrick.com, c'est tout aussi évident. Fleury n'accorde pas de mauvais buts, mais lorsque les Capitals ont des chances, ils sont opportunistes.

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Le fait est que Fleury est quelque peu trahi par son équipe. Les Golden Knights, comme
l'explique le chroniqueur de Sportsnet Andrew Berkshire
, accordent beaucoup plus de passes vers l'enclave aux Capitals qu'ils ne l'ont fait lors des trois premières rondes, un élément particulièrement cruel pour Fleury.
Il faut comprendre que Fleury et la défensive des Golden Knights ont établi, au fil de la saison et en séries, une remarquable synergie permettant des résultats remarquables. Gardien extrêmement agile, Fleury peut se permettre de jouer les angles de manière agressive si on empêche l'adversaire de faire de longues passes à travers l'enclave. Pour peu que le déplacement soit plus restreint, Flower va trouver son chemin.
Mais contre les Capitals, les Golden Knights ne sont pas capables de fermer cette porte. Washington excelle en contre-attaque et le style agressif de Vegas les prédispose à ouvrir une porte qui devrait rester fermée. Dans le détail, Paul Campbell, chroniqueur pour Ingoal Magazine et Sportsnet,

en reprenant le cinquième but marqué par les Capitals lors du match no 4.
On y voit clairement comment Fleury protège de manière agressive le côté rapproché de son but. Comme le souligne Campbell, c'est bien à dessein que le vétéran agit ainsi : il cherche manifestement à provoquer une passe que ses joueurs ont, tout au long de la saison, su couper efficacement.
Mais encore et encore au fil de cette série, les Capitals se sont joués des toiles d'araignées tissées par les hommes de Gerard Gallant. En regardant les 16 buts marqués par Washington, j'ai relevé ce qui suit :
- Deux buts ont été marqués sur des tirs déviés.
- Deux autres l'ont été sur des passes reçues du coin ou de l'arrière du filet
- Quatre ont été le résultat d'efforts individuels
- Surtout, huit buts, dont trois en avantage numérique, ont été marqués sur réception de passes traversant l'enclave de part en part. En quatre matchs, c'est énorme.
Les Golden Knights ont peut-être, grâce aux substitutions sur les trios de Haula et Eakin, trouvé le moyen d'avoir l'avantage territorial avec leurs quatre trios, ce qui mettrait d'emblée les Capitals en position difficile.
Mais on va devoir trouver le moyen de prendre cet avantage territorial sans ouvrir la porte à la contre-attaque des Capitals. Ceux-ci ont jusqu'ici montré qu'ils savent établir et exécuter un plan de match axé sur la recherche de longues lignes de passe est-ouest en zone ennemie, ce qui les rend difficiles à contrer. Peut-on, à Vegas, trouver le délicat équilibre entre protection contre ces attaques dévastatrices (mais complexes) et le maintien de l'échec avant effréné qui a jusqu'ici fait les succès de l'équipe?