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Alors que des joueurs comme Jarome Iginla et Jaromir Jagr en sont aux derniers moments de leur glorieuse carrière, et que les grands marqueurs de la dernière décennie ralentissent tranquillement (Joe Thornton, Ryan Getzlaf, les jumeaux Sedin), il me semble intéressant de faire un retour sur les meilleurs pointeurs des quatre dernières saisons. Si on prend comme point de départ la campagne de 2013-14, première saison complète à la suite du lock-out de 2012, on voit clairement émerger la nouvelle génération de leaders de la LNH.
Quand vient le temps d'évaluer ces leaders offensifs, je pense que les points bruts sont un peu trompeurs. Ils nous parlent bien du talent des joueurs, mais sont aussi en partie redevable du temps de jeu, donc de l'état de santé du joueur, et du fait qu'il ait ou non pu évoluer au sein d'une formation ayant un bon avantage numérique.

C'est pourquoi, dans le but d'identifier plus nettement ces leaders, je me permets de cibler plus précisément les points primaires obtenus par heure jouée. Les points « primaires » sont simplement les buts et les « premières passes », soit les mentions d'aide ayant mené directement à un but.
Aussi, je préfère diviser les performances des joueurs en fonction des trois principales situations de jeu dans la LNH : 5-contre-5, 5-contre-4 et 4-contre-5. Encore une fois, l'idée est de sortir du portrait les situations plus rares.
Dernier élément : comme je regarde la production de points par heure jouée plutôt que les totaux bruts, je me permets d'enlever les joueurs n'ayant pas atteint un certain niveau de temps de jeu. J'ai ainsi exclu les joueurs qui n'avaient pas obtenu au moins 2000 minutes de temps de jeu à 5-contre-5, ou 400 minutes dans une des deux autres situations.
On se retrouve ainsi avec un groupe somme toute assez sélect : 318 attaquants se qualifient pour au moins une des situations de jeu et seulement 50 se qualifient pour les trois situations. À forces égales, la ligne de démarcation pour les attaquants de premier trio se situe à environ 1,5 point primaire obtenu par heure jouée, un total obtenu par 63 joueurs, tous des attaquants.
J'ai divisé ces 63 joueurs en trois graphiques, pour faciliter la visibilité des données. J'ai aussi conservé, pour ces trois figures, la même échelle verticale, dont l'axe coupe à la valeur limite d'un attaquant de premier trio. Cela nous permet de mieux voir à quel point la productivité des attaquants de pointe se démarque de celle des autres.

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Je note la présence de quelques noms surprenants dans le premier graphique. David Pastrnak, qui connaît une saison remarquable, était déjà extrêmement productif à forces égales au cours des deux premières saisons de sa carrière : il obtient 1,6 point primaire par heure jouée en 2014-15, 1,74 en 2015-16 et 2,04 cette saison.
La présence du (pas si) vieux Tomas Vanek m'a aussi surpris. Mais, après deux saisons difficiles en 2014 et 2015, il est revenu à son niveau de production de 2013-14 à 5-contre-5, soit plus de 2 points primaires par heure jouée à 5-contre-5.

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Les deux autres parties du « top-60 » sont beaucoup plus ramassées; on descend rapidement vers le seuil du 1,5 point par heure et, du groupe, si certains peuvent sembler être un peu loin de la tête (Nikita Kucherov, Artemi Panarin, ou encore Taylor Hall), je rappelle que ces données concernent le seul jeu à 5-contre-5. Lorsqu'on regarde plutôt du côté du jeu à 5-contre-4, les noms changent rapidement.
À 5-contre-4, la limite d'un attaquant de « première vague » se situe aux alentours de 3,3 points primaires obtenus par heure jouée. Une quarantaine de joueurs passent cette barre parmi les 189 attaquants ayant obtenu au moins 400 minutes de temps de jeu dans cette situation au cours des quatre dernières saisons.

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La présence de Leon Draisaitl dans le premier graphique rappelle le grand absent de ces classements : Connor McDavid n'a pas encore atteint les seuils de 400 et 2000 minutes, pour cause de blessures. En 1700 minutes à 5-contre-5, il a obtenu 2,1 points primaires, ce qui le place directement devant Tyler Seguin. À 5-contre-4, il obtient par contre 3,2 points primaires par heure jouée en un peu plus de 300 minutes. McDavid est donc l'un des joueurs les plus productifs de la ligue, et ce malgré le fait qu'il produise au niveau d'un attaquant de première vague ordinaire à 5-contre-4. C'est proprement remarquable.
Un dernier groupe d'attaquants me semble digne d'intérêt : ce club très sélect de joueurs capables d'obtenir des points en désavantage numérique. 103 attaquants ont obtenu au moins 400 minutes de jeu dans cette situation, dont seulement 15 ont réussi à obtenir plus d'un point par heure jouée.
Si la présence de Brad Marchand en tête de ce classement ne me surprend pas, j'avoue avoir été fort heureux de retrouver le Rocket d'Ottawa en deuxième position.

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On le répète encore et encore et c'est toujours aussi vrai : Marc Bergevin a fait un coup fumant en réclamant Byron au ballottage. Les Canadiens de Montréal sont d'ailleurs, avec les Flames de Calgary et les Blackhawks de Chicago, bien représentés dans ce classement, ce qui m'amène à soulever une question dont je ne connais pas la réponse : est-ce que ces équipes ont, par leur stratégie défensive, une capacité offensive que les autres clubs n'ont pas dans cette situation? C'est à explorer.
Dans l'ensemble, le portrait des nouveaux meneurs offensif est plus diversifié qu'on pourrait le croire. Les attaquants dominants au classement le sont désormais par la force de leur jeu à 5-contre-5 (McDavid est le prototype parfait de cette nouvelle vague), alors que les vétérans font maintenant leur marque sur les unités d'avantage numérique. Je trouve enfin intéressant de constater qu'on a maintenant des joueurs capables de produire significativement en désavantage numérique; les quinze joueurs identifiés ont obtenu plus de 150 points à 4-contre-5 en quatre ans. L'offensive se bâtit aussi aux marges de chaque alignement.