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MONTRÉAL -On ne pourra jamais reprocher au recruteur Michel Picard de ne pas se battre pour faire valoir ses idées ou de ne pas être en mesure de bien vendre sa salade.
Le 28 juin 2014, il était attablé avec ses collègues des Blues de St. Louis dans le cadre de la séance de sélection annuelle de la LNH et il avait une idée en tête. Une idée en apparence déraisonnable, mais à laquelle il tenait mordicus.

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Il voulait convaincre ses patrons et ses homologues de sélectionner Samuel Blais, un attaquant de 5 pieds 9 pouces et 165 livres - à l'époque - qui n'avait disputé que 25 matchs dans la LHJMQ à son année de repêchage puisqu'il avait passé la majeure partie de la saison dans le Midget AAA à se remettre d'une blessure à une épaule.
Blais avait récolté quatre buts et 10 mentions d'aide avec les Tigres de Victoriaville et n'était pas beaucoup utilisé par son entraîneur. Pour ajouter à cela, il n'était répertorié sur aucune des listes fournies par le Bureau de dépistage de recrutement de la LNH.
Quand on parle d'arguments de vente... Ce n'était toutefois rien pour décourager Picard.
« C'était mon feeling, a-t-il expliqué en entrevue avec LNH.com. Les mains qu'il démontrait, sa patience avec la rondelle, son sens du hockey. Tout était meilleur que la majorité des autres jeunes. C'est sûr qu'il y avait des choses à travailler, mais je me disais que si on le repêchait, il avait une chance.
« Je l'ai vu jouer cinq ou six fois après les Fêtes. Il ne jouait pas beaucoup, mais il démontrait de belles choses. Si l'équipe perdait par un but dans les dernières minutes, il était sur la glace. Il ne jouait presque pas du match et à la fin, il avait quand même le désir de marquer le but important. Ça m'a beaucoup attiré. »
Mais un feeling, ce n'est rien de concret. Picard voulait tellement que les Blues mettent la main sur Blais qu'il avait pris la peine de préparer un montage vidéo des faits saillants du jeune attaquant.
Il était d'ailleurs le seul recruteur à avoir démontré de l'intérêt envers le jeune Québécois, qui n'avait même pas daigné se déplacer à Philadelphie tellement il était convaincu qu'aucune équipe ne le sélectionnerait. C'est cependant ce qui s'est produit en sixième ronde (176e au total) au moment où Picard a finalement gagné son pari.
« Je vais t'avouer que ç'a été quand même assez dur sur celle-là. J'ai travaillé fort, a-t-il rigolé. J'essayais de vendre un gars qui avait joué 25 matchs et qui n'avait presque pas de temps de jeu. Je me suis battu et on a fini par l'avoir. »
Aujourd'hui, Picard et les Blues peuvent se frotter les mains. Celui que l'on surnomme « Sammy » à St. Louis a progressé de façon constante au cours des trois saisons suivantes et a disputé son premier match dans la LNH face au Lightning de Tampa Bay, le 14 octobre dernier.
Il est devenu le 22e joueur sélectionné entre les rondes deux à sept de la cuvée 2014 à disputer au moins une rencontre dans la LNH.
Picard n'a malheureusement pas pu savourer ce moment à distance, occupé à dénicher la prochaine perle rare.
« Mais j'ai regardé les faits saillants! », a-t-il précisé.
Mardi soir, Blais va sauter sur la glace du Centre Bell pour affronter l'équipe de son enfance, les Canadiens de Montréal, pour la première fois.