Calme requis
On a vu Binnington au centre de bousculades entre les périodes dans presque chacun des matchs. J'en ai déjà parlé dans une chronique précédente, le gardien des Blues possède une énorme confiance en lui, qui tire un peu sur l'arrogance. Il faudra qu'il reste bien concentré dans ce duel ultime. J'ai déjà côtoyé des gardiens qui se servaient de l'animosité des matchs pour se stimuler, mais il s'agit d'exceptions. On voit souvent les jeunes gardiens être plus émotifs, mais Binnington, même s'il est encore une recrue, n'est pas un très jeune gardien à presque 26 ans. À mesure qu'ils vieillissent, les gardiens se rendent souvent compte qu'ils n'ont rien à gagner à laisser leurs émotions prendre le dessus.
Pour trouver un exemple de gardien qui s'est assagi au fil des ans, Binnington n'a qu'à regarder à l'autre bout de la patinoire. Rask a déjà été reconnu pour ses sautes d'humeur. On l'a déjà vu lancer sa lame de patin ou son bâton pour faire connaître son mécontentement. Il m'impressionne grandement par son calme depuis le début des séries.
Ce calme sera très important, puisqu'on voit souvent les joueurs des deux équipes aboutir dans le demi-cercle, si ce n'est pas carrément sur le gardien adverse, depuis le début de la série. Ce sera important pour Binnington de ne pas accorder trop d'importance aux tentatives des Bruins de le faire sortir de ses gonds, même entre les périodes.
Certains nostalgiques pourraient dresser un parallèle entre la situation de Binnington et celle de Ron Hextall avec les Nordiques de Québec dans la série de première ronde contre les Canadiens de Montréal en 1993. Hextall et les Nordiques avaient pris les devants 2-0 dans la série, quand Mario Roberge des Canadiens a décidé d'empêcher le gardien d'effectuer convenablement sa routine dans la période d'échauffement du match no 3, ce qui avait mené à une petite altercation. Les joueurs des Canadiens ont par la suite beaucoup parlé à Hextall pendant les rencontres qui ont suivi, et le vent a changé de côté. Le CH l'a emporté en six matchs, en route vers leur dernière conquête de la Coupe Stanley.
L'avantage de la glace, important pour le gardien?
Au cours de ma carrière, j'ai eu la chance de disputer un septième match sur la route en séries quand je jouais pour les Flyers de Philadelphie, contre les Capitals de Washington en 2008. Je dois dire que je pense qu'il s'agit du scénario parfait pour un gardien.
J'avais beaucoup aimé avoir pu passer tout mon temps avec mes coéquipiers, que ce soit au dîner ou encore à l'hôtel. J'ai trouvé qu'il avait été plus facile de bloquer toutes les distractions extérieures. Le simple fait de ne pas avoir eu à conduire jusqu'à l'aréna représentait pour moi un avantage.
Sur la patinoire, je sais que le fait d'avoir le dernier changement représente un bel atout pour l'équipe à domicile. Je pense toutefois que le sentiment général qui habite l'équipe à l'étranger est vraiment spécial, et pour le gardien, le volet préparation est beaucoup plus facile.
Historiquement, l'équipe qui évolue à domicile pour un match numéro 7 a cependant eu l'avantage, surtout en Finale, alors il s'agit surtout d'une préférence personnelle. Les Blues ont toutefois montré depuis le début des séries qu'ils étaient très à l'aise sur les patinoires adverses, alors peut-être que Binnington est bien d'accord avec moi!
\ Propos recueillis par Sébastien Deschambault, directeur de la rédaction LNH.com*