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Martin Biron a connu une carrière de 15 saisons dans la LNH et il a signé 230 victoires en 508 matchs, connaissant notamment deux saisons de 30 gains et plus. Il a également atteint la finale de l'Association de l'Est avec les Flyers de Philadelphie en 2008. Le gardien natif de Lac-St-Charles a été sélectionné au 16e rang au total du repêchage 1995 par les Sabres de Buffalo. Il a évolué avec les Sabres, les Flyers, les Islanders de New York et les Rangers de New York. Martin a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com chaque semaine afin de discuter de l'univers des gardiens et d'analyser l'actualité de la LNH.
Tout d'abord, je voudrais souhaiter une bonne année aux lecteurs du LNH.com. Je leur souhaite aussi une année 2019 spectaculaire côté santé et famille.

En ce qui concerne le volet hockey, je nous souhaite à tous des séries éliminatoires incroyables comme ce fut le cas l'an dernier, avec les Golden Knights de Vegas qui avaient joué le rôle d'équipe Cendrillon, créant une énorme surprise dans le monde du hockey. J'espère qu'on aura droit à un scénario semblable cette saison, peut-être pas avec les Golden Knights, mais peut-être avec une équipe canadienne comme les Flames de Calgary, qui connaissent une saison incroyable et qui pourraient endosser ce rôle d'équipe Cendrillon en raison de tous les problèmes qu'ils ont connus au cours des dernières saisons. Pourquoi pas une équipe comme les Maple Leafs de Toronto ou les Canadiens de Montréal, qui participeraient aux séries si elles commençaient aujourd'hui. Ce serait le fun pour les partisans du pays si une de leurs équipes devait se rendre loin.
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C'est mardi qu'a eu lieu la 11e édition de la Classique hivernale de la LNH, qui opposait les Bruins de Boston aux Blackhawks de Chicago au Notre Dame Stadium. J'ai déjà eu la chance de participer à cet événement alors que j'évoluais avec les Rangers de New York. Nous avions affronté les Flyers à Philadelphie au Citizen Park le 2 janvier 2012, et je garde un excellent souvenir de cette expérience.
Je me souviens surtout que j'avais apprécié le fait d'être dans l'équipe visiteuse, puisqu'il s'agit en quelque sorte de petites vacances en famille pour les joueurs. Nous n'avons pas les responsabilités liées au fait de jouer à la maison, avec la famille et les amis qui viennent à la maison, les demandes de billet à trouver. Ce n'est peut-être pas si étonnant que huit des onze éditions de la Classique hivernale aient été remportées par l'équipe qui n'évoluait pas à domicile.
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Il y a beau avoir de plus en plus de matchs extérieurs dans la LNH, ça demeure une expérience en or de participer au spectacle que représente la Classique hivernale.
Pour un gardien, un match extérieur représente un défi particulier. Nous sommes tous des créatures bien ancrées dans nos habitudes. Notre routine ne change jamais, notre équipement est rarement modifié. Le simple fait de devoir porter une combinaison de type Under Armour un peu plus épaisse change vraiment notre approche, puisque nous ne ressentons pas notre équipement de la même manière. Dans le cas de conditions hivernales extrêmes, comme celles qui ont sévi au cours de la première Classique Héritage à Edmonton en 2003, là où José Théodore a porté sa désormais célèbre tuque sur son masque, ça ne doit vraiment pas être une expérience plaisante pour un gardien. Toutes les épaisseurs supplémentaires ne s'insèrent pas nécessairement bien sous notre masque ou sous notre équipement. On se demande si on doit porter des gants à l'intérieur de notre bloqueur et de notre mitaine. On se sent vraiment tout croche dans notre équipement.
Un autre facteur qui a dû être assez important cette année, c'est l'annulation des pratiques extérieures des deux équipes la veille du match. Je me souviens avoir trouvé très difficile de m'adapter à la perception de profondeur sur la glace extérieure. Nous sommes habitués à voir des gens massés directement le long des rampes dans les amphithéâtres, ce qui nous donne un point de repère. Dans un match extérieur, alors que les partisans les plus près se trouvent facilement à une soixantaine de pieds de la bande. Un lancer de loin semble venir d'une manière différente pour le gardien. Le fait que les pratiques n'aient pas eu lieu a fait en sorte que les deux cerbères n'ont eu droit qu'à la période d'échauffement pour apporter leurs ajustements, ce qui a dû être très difficile.
Les conditions qui prévalent pendant un match extérieur poussent la majorité des gardiens, surtout ceux qui possèdent de l'expérience dans les rencontres en plein air, à jouer un peu plus profondément dans leur demi-cercle, à ne pas sortir trop loin de leur filet. Comme les repères sont complètement différents, si on s'avance trop et qu'on ne sent plus son filet derrière soi, on peut se perdre un peu devant notre cage. Un gardien qui aime sortir d'un pied ou deux devant son filet devra composer avec des repères différents. Les gens pensent peut-être que ces repères sont les mêmes, que les points de mises en jeu ne bougent pas d'une glace à l'autre, que les lignes bleues sont à la même place, les gardiens ont néanmoins le sentiment d'être perdus sur une glace qui semble beaucoup plus grande. J'ai d'ailleurs remarqué que les gardiens Tuukka Rask des Bruins et Cam Ward du côté des Blackhawks, qui sont un peu agressifs en temps normal, ont semblé demeurer un peu plus profondément dans leur filet.

BOS@CHI: Rask vole Kane deux fois en échappée

Un élément qui peut paraître banal aux yeux de plusieurs, mais qui peut faire une grosse différence, c'est le fait que les Bruins portaient des uniformes très semblables à ceux qu'ils portent en saison régulière, alors que ceux des Blackhawks étaient de couleur différente. Ainsi, Rask a pu porter les mêmes jambières, mitaine et bloqueur, plutôt que de devoir « casser » de nouvelles pièces d'équipement à l'entraînement au cours des semaines qui ont précédé la rencontre. Ce sont de petits détails qui font une grande différence, surtout que ces matchs demeurent cruciaux pour le classement, et qu'il n'est pas question de ne pas mettre toutes les chances de notre côté pour récolter les deux points.
Ça me rappelle une anecdote au sujet d'Henrik Lundqvist au cours de notre participation en 2012. Il n'était pas à l'aise avec son bloqueur conçu avec les couleurs de l'événement. Le matin même de la partie, notre préposé à l'équipement a donc dû découper le dessus de ce nouveau bloqueur pour le recoudre sur celui qu'Henrik utilisait pendant la saison.

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Finalement, les conditions météorologiques du match de mardi étaient presque parfaites, mais les gardiens sont probablement les plus touchés lorsque la neige, le vent ou la pluie se mettent de la partie. Le simple fait de glisser sur les genoux en position papillon devient un vrai défi si de la neige s'est accumulée sur la glace, comme c'était le cas au cours de la toute première Classique hivernale à Buffalo. Si la rondelle colle sur la glace en raison de la pluie, le gardien doit ajuster ses déplacements. Si de la neige s'est accumulée sur la palette du joueur qui lance, ça peut jouer sur la perception du gardien. On peut penser pendant une fraction de seconde que la rondelle se dirige haut du côté de la mitaine, alors qu'elle reste finalement à ras la glace.
N'en doutez pas, c'est une rencontre difficile pour les gardiens, même si ça demeure une expérience spéciale! Il faut qu'ils apprécient l'expérience, même si ça peut parfois être frustrant. Dans notre cas en 2012, le début du match avait été repoussé d'une heure en raison du soleil. Ce sont des choses hors de notre contrôle qui viennent bouleverser la routine d'un gardien, mais comme on ne peut rien y changer, il faut laisser ça aller, sans quoi on va devenir fou.
La seule manière d'être complètement immunisé contre tous ces éléments, c'est d'avoir le rôle que j'avais à ma seule participation : gardien auxiliaire (rires). J'ai eu tellement de fun! Je jouais au soccer avec les boys dehors juste avant la partie, j'ai déjeuné avec ma famille, j'ai pu demeurer au party du jour de l'An jusqu'à minuit, toutes des choses que je n'aurais pas pu faire si j'avais su que j'allais amorcer le match.
\Propos recueillis par Sébastien Deschambault, directeur de la rédaction LNH.com*