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LAVAL-SUR-LE-LAC – Signe que la reconstruction des Canadiens de Montréal tire à sa fin, il n’est plus tabou de parler des séries éliminatoires au tournoi de golf annuel qui lance la saison de l’équipe. Il serait bien difficile de faire autrement après avoir participé au tournoi printanier la saison dernière, mais les joueurs sont conscients que le passé est loin d’être garant de l’avenir.

« Mon objectif est de participer aux séries », a lancé le capitaine Nick Suzuki devant le pavillon du Club de golf Laval-sur-le-Lac lundi. « Je l’ai dit l’an dernier, et personne ne m’a vraiment pris au sérieux. En tant que groupe, c’est là que nous nous voyons encore une fois.

« Nous avons tous le même objectif en tête, et nous tentons de bâtir quelque chose de spécial ici. […] À l’intérieur de notre vestiaire, tout le monde sait que nous formons une bonne équipe, et que nous pouvons rivaliser avec n’importe qui. »

Quelques mois après avoir goûté aux séries éliminatoires un peu plus tôt que ce à quoi s’attendait la majorité des observateurs, les joueurs du Tricolore savent qu’ils repartent à la case départ cette saison et que tout est à refaire.

« Les choses ne deviennent pas plus faciles, bien au contraire, a souligné l’attaquant Brendan Gallagher. L’an dernier, nous avons eu la chance de jouer du hockey des séries, ce fut difficile, mais nous devons maintenant tout reprendre depuis le début. Nous nous présentons avec des attentes différentes. »

La gestion des attentes sera effectivement un défi différent auquel seront confrontés les membres de l’organisation. Les dirigeants se sont bien gardés de placer la barre trop haute en promettant que l’équipe allait à nouveau participer à la grande danse du printemps, mais avec une qualification un brin surprenante la saison dernière, on est bien au courant qu’être « dans le mix » ne suffira pas cette saison.

Passer du statut d’équipe Cendrillon à celui d’équipe dont il faut se méfier à travers la ligue vient avec une pression différente que les joueurs devront apprendre à gérer quotidiennement.

« À l’extérieur de l’organisation, les attentes étaient plutôt basses l’an dernier, a reconnu Suzuki. Nous ne voulons pas regarder trop loin, mais cette année, je pense que tout le monde nous considère comme une équipe qui peut aspirer aux séries, et c’est ce que nous pensons aussi. »

Suzuki affirme que la série de premier tour que les Canadiens ont perdu en cinq matchs contre les Capitals de Washington la saison dernière a été plus serrée que le résultat l’indique. Grâce à l’expérience emmagasinée au cours de ce bref parcours au tournoi printanier, à l’ajout de joueurs de la trempe de Noah Dobson et Zachary Bolduc, et avec une saison complète de la jeune sensation Ivan Demidov, le capitaine est persuadé que l’édition 2025-26 de l’équipe possède les ressources nécessaires pour passer à la prochaine étape.

Il s’agit toutefois d’un sentiment qui anime les 31 autres équipes de la LNH. Participer aux séries représente un défi important pour n’importe quelle formation d’une année à l’autre, et c’est encore plus vrai dans la très relevée section Atlantique. Pas moins de cinq équipes de cette section, dont les Panthers de la Floride, champions de la Coupe Stanley au cours des deux dernières saisons, se sont qualifiées pour les séries l’an dernier.

« Chaque équipe pense s’être améliorée, a prévenu Gallagher. Ce n’est pas parce que vous devancez une équipe au classement que cette équipe a disparu. Il faut continuer à se battre pour progresser au classement et s’améliorer. La compétition ne cesse jamais. Il suffit de regarder notre section, il n’y a pas une seule équipe qui ne pense pas être compétitive cette année. »

La constance, clé du succès

Afin d’éviter de stagner, ou pire encore, de régresser, la clé réside dans un concept qui a été abordé par tous les intervenants lundi : la constance.

« Il s’agit du plus grand défi dans cette ligue, a affirmé Gallagher. Honnêtement, si vous voulez jouer dans cette ligue, il faut être un joueur constant, un joueur sur qui on peut compter jour après jour. Tout le monde peut connaître une bonne semaine où on joue au plus haut niveau. Ce qui est important, c’est d’être capable de le faire soir après soir, et c’est à ce moment-là que vous commencez vraiment à connaître du succès. »

Avec le départ de David Savard à la retraite, Gallagher devient, à 33 ans, le doyen du CH. Il sait que son expérience sera cruciale dans un vestiaire qui devient résolument plus jeune, surtout que les responsabilités qui incombaient à d’autres vétérans qui ne sont plus avec l’organisation, comme Christian Dvorak et Joel Armia, devront être redistribuées à des joueurs qui vont, pour la plupart, s’aventurer en territoire inconnu.

Gallagher est toutefois persuadé que ses coéquipiers sauront se montrer à la hauteur.

« Je ne sais pas si je peux encore les qualifier de jeunes joueurs, a avancé Gallagher. Ils sont ici depuis assez longtemps pour être prêts à occuper ces rôles et endosser ces responsabilités, et relever un défi encore plus grand. »

GALLAGJER

L'attaquant Brendan Gallagher

L’inconstance a effectivement fait partie intégrante de la trame narrative de la saison du Tricolore en 2024-25.

Derniers au classement général de la ligue à la mi-novembre, les Canadiens ont redressé la barre avant de passer à la vitesse supérieure à l’approche du temps des fêtes. Deux fructueuses séquences – de 17-3-1 entre le 17 décembre et le 21 janvier, ainsi que de 7-1-2 pour conclure la saison – ont toutefois été entrecoupées d’une disette de 1-7-1.

« Je pense que c’est le propre des jeunes équipes, a soumis Suzuki. Pour les jeunes joueurs, le plus difficile est de trouver de la constance. En vieillissant, on s’améliore et on apprend ce qu’il faut faire pour gagner dans cette ligue. Je pense donc que les hauts et les bas ne seront pas aussi marqués cette saison. »