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SHERBROOKE – Le constat est venu après cinq matchs pour Maddox Dagenais.

Limité à deux mentions d’aide au départ de cette nouvelle saison, celle de son admissibilité au repêchage de la LNH, l’attaquant des Remparts de Québec s’est rendu à l’évidence. La pression liée à cette année charnière le rongeait et l’empêchait d’être à la hauteur de ses propres attentes.

« J’essayais de ne pas y penser, mais je l’avais dans la tête », a-t-il expliqué, soulignant ce à quoi la grande majorité des espoirs sont confrontés, un jour ou l’autre.

Voulant éviter que la situation dégénère et qu’elle traîne en longueur, Dagenais a pris les choses en main et a demandé une rencontre à son entraîneur Éric Veilleux. Ils ont pris le temps, ensemble, de recadrer les attentes et de mettre l’accent sur les choses que le jeune homme de 17 ans devait mieux faire.

« Je ne vais jamais montrer à Maddox comment marquer un but, a rigolé le pilote d’expérience. Mais je peux l’aider dans les détails de son jeu et c’est ce qu’on travaille avec lui. Il est un bon joueur, une bonne personne et il veut s’améliorer. On est là pour lui. Je ne suis pas du tout inquiet.

« En fin de compte, mieux va sa saison, mieux va aller la nôtre et mieux ce sera pour son repêchage. »

L’équation est simple, et il semble que cette conversation ait été bénéfique. Depuis cette rencontre, Dagenais a inscrit trois buts et quatre aides, récoltant au moins un point dans cinq de ses six derniers matchs. Voilà qui correspond un peu mieux à ses attentes : « J’essaie de mettre l’équipe sur mon dos », a-t-il résumé.

« J’ai l’impression de plus jouer ma game dans les derniers matchs et je pense que c’est de cette façon-là que je vais réussir à me faire repêcher, a dit le principal intéressé. Je compétitionne, je travaille fort et je frappe. Quand je fais ça, tout le reste va venir avec. »

Le défi sera désormais de le faire avec constance. Les qualités de Dagenais sont bien connues : son tir est dévastateur et ses instincts offensifs sont bien développés. Ce sont un peu les mêmes qualités qu’on retrouvait chez son père Pierre, qui a notamment porté les couleurs des Canadiens de Montréal.

Mais s’il y a des doutes quant à ce tout premier choix au total dans la LHJMQ, ils se situent surtout au chapitre de son niveau d’implication. Dagenais ne sera pas le premier ni le dernier joueur offensif dominant à être la cible de ce genre de critiques.

« Éric me le répète souvent : si tu compétitionnes, le reste va venir tout seul », a rappelé celui qui a reçu la cote B, qui correspond à un espoir de deuxième ou troisième tour, sur la liste préliminaire du Bureau central de dépistage de la LNH. « Si tu te fies seulement à ton talent, ça va être plus difficile. »

« Ça devient personnel au joueur, a fait valoir Veilleux. Moi, je peux les pousser et tirer les ficelles un peu quand c’est le temps. Mais c’est la volonté du joueur qui entre en ligne de compte. Ceux qui veulent être repêchés doivent porter attention aux détails. Je suis certain qu’il va y arriver. »

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Un changement, une constante

Parmi ces détails, l’entraîneur a mis son poulain au défi en le mutant du centre, sa position naturelle, à l’aile pour quelques matchs depuis le début de la campagne. Le raisonnement est simple : « Si tu sais seulement jouer au centre, il y a quatre postes disponibles. Si tu sais aussi jouer à l’aile, il y en a 12 », résume Veilleux.

Même si la première campagne de Dagenais dans la LHJMQ a été marquée par des ennuis liés à une commotion cérébrale – il a récolté 12 buts et 26 points en 43 matchs – le pilote le jugeait prêt pour ça.

« Cette année, je sais à quoi m’attendre, a expliqué Dagenais. J’ai pris du poids au cours de l’été, j’ai gagné en vitesse. Ça m’aide à jouer ma game. Je peux plus gagner mes batailles dans les coins de patinoire et je me suis amélioré en protection de rondelle, un autre aspect vraiment important. »

Et que ce soit au centre ou à l’aile, Dagenais trouvera toujours le moyen d’utiliser son arme la plus dangereuse, son tir de « calibre LNH », croit Veilleux. Un lancer qui s’est développé au moyen d’heures incalculables passées avec un bâton dans les mains devant un filet. À ce chapitre, la pomme n’est pas tombée bien loin de l’arbre.

« Je n’ai pas vu mon père jouer dans la LNH, mais je sais qu’il avait un bon lancer, a conclu Dagenais. Je travaille sur le mien depuis que j’ai cinq ans, et je le travaille encore tous les jours. J’ai déjà shooté au moins 1000 rondelles par jour. Il n’y a pas d’autres secrets. »