Carey-Price-badge-Biron

Martin Biron a connu une carrière de 15 saisons dans la LNH et il a signé 230 victoires en 508 matchs, connaissant notamment deux saisons de 30 gains et plus. Il a également atteint la finale de l'Association de l'Est avec les Flyers de Philadelphie en 2008. Le gardien natif de Lac-St-Charles a été sélectionné au 16e rang au total du repêchage 1995 par les Sabres de Buffalo. Il a évolué avec les Sabres, les Flyers, les Islanders de New York et les Rangers de New York. Martin a accepté de collaborer avec l'équipe de LNH.com chaque semaine afin de discuter de l'univers des gardiens et d'analyser l'actualité de la LNH.

Malheureusement pour les amateurs de hockey, et surtout pour la jeune génération de partisans qui aiment le côté spectacle rattaché au Concours d'habiletés et au Match des étoiles à San Jose et qui aimeraient voir une vedette comme Carey Price participer à cet événement, je comprends la décision du gardien des Canadiens de Montréal de s'être désisté cette saison.
Pour Price et les Canadiens, il s'agissait de la décision la plus sage, voire de la seule. L'équipe a déjà sacrifié quelques matchs pour permettre à Price de prendre un peu de repos, ce qui lui a permis de soigner l'inflammation qui l'incommodait, et on l'a vu bien rebondir par la suite.
À LIRE AUSSI : Biron : La Classique hivernale demeure une fantastique expérience | Biron : Le CMJ m'a préparé à la LNH | Biron: L'éternel problème des Flyers
Je suis persuadé que Price voulait aller à San Jose et qu'il était honoré d'avoir été invité. Cependant, pour les gardiens, l'expérience du Match des étoiles est peut-être un peu moins attrayante que pour les joueurs. Les gardiens servent simplement de cibles dans le filet pendant le Concours d'habiletés, et le Match des étoiles se déroule maintenant sous la formule à 3-contre-3, où les gardiens ne peuvent pas faire étalage de leur talent comme c'est le cas pour les patineurs.
C'est pendant les matchs de saison régulière et pendant les séries éliminatoires que Price pourra montrer toute l'étendue de son savoir-faire, et le plus important pour les partisans, c'est qu'il soit en pleine possession de ses moyens quand ça va compter le plus.
Simon Gagné a souligné cette semaine que la fatigue commençait à s'installer chez les joueurs à partir du mois de janvier, et c'est la même chose du côté des gardiens. Chaque saison est différente, il arrive qu'on ait un petit boost après le temps des Fêtes après avoir revu la famille. Généralement, il y a une baisse d'énergie, mais une fois le Match des étoiles passé et qu'on voit qu'il reste seulement 30 matchs à la saison, on reprend le dessus quelque peu.
Ça aide beaucoup de pouvoir recharger les batteries pendant la pause du Match des étoiles, surtout qu'elle est suivie de la pause obligatoire de cinq jours pour certaines équipes, comme les Canadiens. C'est surtout le cas quand on traîne des petits bobos.

MIN@MTL: Price garde le fort plusieurs fois en I.N.

Un autre facteur qui est non négligeable, c'est que le match aura lieu à San Jose cette année, avec trois heures de décalage horaire. Les joueurs de la côte est devront faire plusieurs heures d'avion pour passer trois jours là-bas, avant de revenir. C'est très taxant sur le corps, surtout s'il est déjà ennuyé par une blessure.
En faisant l'impasse sur le Match des étoiles, on évite aussi le risque, très faible, qu'un incident malencontreux survienne. Je me souviens de Trevor Kidd en 1999-2000 qui s'était blessé à l'épaule au cours du Concours d'habiletés des Panthers de la Floride, obligatoire pour chaque équipe à l'époque, alors qu'il connaissait la saison de sa carrière. Il a finalement raté deux mois d'action.
Gérer ses énergies
C'est Andrei Vasilevskiy qui va remplacer Price pour la section Atlantique à San Jose. Si on se souvient de ce qui s'est passé la saison dernière, le gardien du Lightning, qui avait participé au Match des étoiles devant ses partisans de Tampa Bay, avait déclaré au début du mois de mars avoir de la difficulté à composer avec la fatigue mentale et physique. Il en était à sa première année comme gardien numéro un, et c'est avec l'expérience que les gardiens apprennent à gérer leurs énergies pendant le marathon que représente une saison de 82 matchs.
En discutant avec plusieurs entraîneurs des gardiens, on a constaté que c'est surtout une réalité qui frappe les gardiens européens. En Europe, les matchs sont concentrés pendant la fin de semaine, ce qui laisse la semaine pour récupérer. Il y a aussi plusieurs pauses de prévues pendant la saison pour des événements comme la Coupe Spengler et des compétitions nationales. Les gardiens, s'ils ne font pas partie de leur équipe nationale, ont plusieurs pauses dont ils peuvent profiter pour refaire le plein d'énergie.
Vasilevskiy est reconnu pour son éthique de travail irréprochable, un peu comme son compatriote Sergei Bobrovsky. Ce dernier a également eu à s'adapter afin d'être en mesure de disputer 60 à 65 matchs en saison régulière en plus d'être efficace en séries éliminatoires.

Souvenez-vous que Henrik Lundqvist en 2014-15 avait été obligé de demeurer à l'écart après avoir reçu une rondelle à la gorge en cours de saison, et Cam Talbot avait disputé plusieurs rencontres. Lundqvist, qui avait atteint la Finale de la Coupe Stanley la saison précédente, a pu revenir en force en deuxième moitié de saison et avoir plus d'énergie aux mois d'avril et mai, lui qui avait alors mené les Rangers au septième match de la finale de l'Association de l'Est.
Il est toutefois rare qu'un gardien de premier plan dans la LNH décide de lui-même de prendre un congé, car ils veulent toujours être sur la glace. C'est l'entraîneur des gardiens ou l'entraîneur-chef qui doit lui dire qu'il ne va pas prendre part à un entraînement, ou encore le limiter à une dizaine de minutes. Je me souviens que John Tortorella demandait à Benoît Allaire d'aller chercher Lundqvist à la fin des entraînements, car il demeurait devant son filet pour affronter les joueurs qui voulaient travailler leurs tirs de barrage.
Mieux vaut en rire
Les Flyers de Philadelphie ont utilisé un septième gardien partant cette saison mardi alors que Mike McKenna a affronté les Capitals de Washington. Ils ont ainsi égalé un record des Nordiques de Québec de 1989-90, et il reste encore 38 matchs à leur saison.
Les joueurs de l'équipe doivent trouver le moyen d'en rire, car il s'agit d'une situation hors de leur contrôle. Les choses vont de plus en plus mal, la frustration doit certainement grimper. Ils peuvent toutefois se consoler en se disant qu'ils font quand même beaucoup mieux que l'édition des Nordiques qu'ils viennent de rejoindre dans le livre des records.
Même si j'étais un grand partisan des Nordiques à l'époque, je n'aurais pas pu nommer plus de trois ou quatre des gardiens qui ont obtenu un départ cette année-là. Ron Tugnutt avait disputé 35 matchs et avait signé cinq victoires.
Le point positif de cette situation est que ça va permettre au jeune Carter Hart d'accumuler de l'expérience. Ç'a aussi permis à McKenna de faire les grands titres au cours des dernières semaines, lui qui a un parcours vraiment peu orthodoxe.
Le vétéran a multiplié les arrêts au cours des derniers jours, et si le fait d'avoir été échangé et réclamé au ballottage aussi souvent montre que les équipes ont confiance en lui, ça demeure une situation difficile pour sa famille. On dit souvent que c'est la réalité des joueurs de hockey, mais les gens ne voient pas toujours l'impact que ça peut avoir sur la vie familiale, surtout sur les enfants. Pour eux, le hockey est un jeu, et il n'est pas toujours facile de leur expliquer pourquoi papa doit être sur la route pendant parfois plus d'un mois.
\ Propos recueillis par Sébastien Deschambault, directeur de la rédaction LNH.com*