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Le monde du hockey est endeuillé par la perte d'un de ses héros, Guy Lafleur, qui est décédé à l'âge de 70 ans des suites du cancer.

Lafleur a poussé son dernier souffle après avoir combattu l'implacable maladie de toutes ses forces au cours des dernières années.
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L'idole du peuple québécois est partie en sachant tout l'amour inconditionnel et toute l'admiration qu'on lui voue.
« Flower », comme on le connaissait, s'est nourri de l'affection du public dans le combat qu'il a livré. Il aura occupé la place publique jusqu'à la fin, en continuant d'épouser des causes et en acceptant avec une vive émotion les hommages qu'on lui a rendus.
Lafleur a effectué sa dernière apparition publique à Québec lors de la cérémonie du retrait de son numéro 4 dans toutes les villes de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), le 28 octobre dernier.
La veille, il avait assisté au dévoilement d'une statue immortalisant ses exploits dans les rangs juniors, avec les Remparts de Québec, sur l'allée commémorative de la Place Jean-Béliveau du Centre Vidéotron.
« Dans la vie, il ne faut rien laisser passer », avait-il déclaré dans une allocution avant le match entre les Remparts et les Cataractes de Shawinigan. « Chaque opportunité, chaque évènement auquel on peut assister, c'est important d'y être si on est capable. Il faut savourer chaque moment. »
Ses ennuis de santé avaient commencé en septembre 2019, à la suite d'un suivi médical de routine. En l'espace de quelques mois, il avait subi un quadruple pontage des artères coronariennes et l'ablation du tiers du poumon droit afin de retirer une tumeur maligne.
Il s'était dit en bonne forme, le 1er septembre 2020, lors de sa présence au tournoi de golf de Jonathan Drouin, au profit de la Fondation du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).
Lui-même ambassadeur de la Fondation du CHUM, il apprenait toutefois un mois plus tard qu'il devait reprendre sa lutte. Il avait accepté de se soumettre à des traitements d'immunothérapie et de chimiothérapie, dans le cadre d'un protocole de recherche.
Il laisse dans le deuil son épouse de longue date Lise ainsi que ses deux fils, Martin et Mark, de même que leur conjointe.
Généreux comme pas un
On se souviendra de « Flower » comme ayant été un athlète électrisant, un des meilleurs dans l'histoire de la LNH, et un homme au franc-parler, doté d'un grand cœur et d'une générosité sans borne envers les amateurs.
Celui qu'on appelait affectueusement le « Démon blond », pour la façon qu'il avait de patrouiller l'aile droite la chevelure au vent, a été l'idole d'une génération de partisans des Canadiens, au même titre que ses illustres prédécesseurs Maurice Richard et Jean Béliveau.
En 14 saisons et 961 matchs dans l'uniforme bleu-blanc-rouge, il a réussi 518 buts et il a totalisé 1246 points - au premier rang des marqueurs de l'histoire de l'équipe. Il a remporté la Coupe Stanley à cinq reprises, en plus d'avoir été coiffé de plusieurs honneurs individuels. Il a à son palmarès trois championnats des marqueurs (1976, 1977, 1978), deux trophées Hart à titre de joueur par excellence de la LNH (1977, 1978) et le trophée Conn-Smythe, remis au joueur par excellence en séries éliminatoires (1976).
Lafleur a évolué dans la LNH pendant 17 saisons au total, effectuant un remarquable retour au jeu en 1988 après presque quatre ans passés à la retraite. Après avoir joué pendant une saison chez les Rangers de New York et deux autres chez les Nordiques de Québec, il a mis un point final à sa carrière en 1991 avec un total de 1126 matchs, 560 buts et 1353 points. Il a ajouté 134 points, incluant 58 buts, en 128 rencontres en séries.
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Il a brassé des affaires dans la restauration à la retraite, en plus d'agir comme ambassadeur pour l'organisation du Tricolore, dont il était néanmoins un critique sévère.
La LHJMQ a créé un trophée en son nom en 1977, qu'on remet au joueur par excellence en séries éliminatoires.
Sur les traces de son idole
Guy « Damien » Lafleur naît à Thurso, municipalité de l'Outaouais située à environ 150 kilomètres à l'ouest de Montréal, le 20 septembre 1951. Il s'initie au hockey très tôt, devenant vite un partisan des Canadiens et un admirateur du grand numéro 4 Jean Béliveau.
Comme pour Béliveau, la ville de Québec occupe une place importante dans son cheminement. C'est dans cette ville que tout commence pour lui en 1966 et dans laquelle il boucle la boucle de sa carrière 25 ans plus tard.
Après avoir fait une présence remarquée au tournoi pee-wee de Québec, Lafleur joint les As juniors en 1966-67. Il porte les couleurs des As pendant trois saisons, avant d'évoluer pour les Remparts, dans la toute nouvelle LHJMQ, en 1969-70. Arborant le numéro 4 de son idole, il fait la pluie et le beau temps pendant deux saisons au cours desquelles il amasse 379 points. En 1970-71, il marque un impressionnant total de 130 buts en saison régulière, un record que Mario Lemieux éclipserait en 1983-84, avec 133 buts. Cette saison-là, Lafleur mène les « Remparts en or » vers la conquête de la Coupe Memorial.
Tout premier choix des Canadiens au cours de la séance de repêchage de la LNH le 10 juillet 1971, grâce à la perspicacité du directeur général Sam Pollock, qui ravit le choix de premier tour aux Golden Seals de la Californie. Lafleur choisit de porter le numéro 10, même si son idole Béliveau lui propose son numéro 4 puisqu'il accroche ses patins. Il juge que c'est un trop lourd tribut à porter pour lui.
La pression est effectivement très forte sur lui, tout n'est pas rose à ses trois premières saisons. Il prend finalement son envol en 1974-75, connaissant sa première de six saisons d'affilée de 50 buts et plus. Il termine la saison avec 119 points. Il fait la pluie et le beau temps avec Steve Shutt et Jacques Lemaire au sein d'un trio, enchaînant avec des saisons de 125, de 136 (un sommet personnel), de 132 et de 129 points, respectivement. Il est un rouage important de la dynastie des Canadiens, vainqueurs de la Coupe Stanley quatre années de suite entre 1976 et 1979.
Après avoir couronné une autre saison de 50 buts et de 125 points en 1979-80, Lafleur connaît un ralentissement notable au début des années 1980, entre autres en raison de blessures et d'un accident d'automobile en 1981. Il voit sa récolte de points diminuer sensiblement au cours des quatre saisons suivantes.
Les relations avec son ancien coéquipier devenu entraîneur Jacques Lemaire se détériorent à compter de son embauche en 1983. En 1984-85, après un début de saison difficile, Lafleur provoque une onde de choc, le 26 novembre 1984, en annonçant sa retraite à l'âge de 33 ans.
« Peut-être que je n'étais plus motivé comme je l'étais dans mes grosses années », dira-t-il en conférence de presse.
Le Tricolore ne perd pas de temps à lui rendre un vibrant hommage, le 16 février 1985. La foule au Forum lui réserve une longue ovation et scande « Guy, Guy, Guy ». On profite de l'occasion pour annoncer que celui qui est devenu le meilleur marqueur de l'histoire de l'équipe en février 1984 verra son numéro 10 être retiré à jamais.
Retour triomphal
Mais le fils de Pierrette et de Réjean Lafleur n'a pas dit son dernier mot. Il étonne encore en 1988 en annonçant son désir de revenir au jeu. L'entraîneur Michel Bergeron lui offre la chance de mériter un poste chez les Rangers et il ne rate pas son coup. Il poursuit l'aventure pendant deux autres saisons chez les Nordiques, avant d'accrocher ses patins selon ses propres termes à l'âge de 39 ans.
« Aujourd'hui, 20 ans après, j'ai le sentiment de pouvoir partir en paix et surtout d'être bien dans ma peau », déclare-t-il dans le discours d'adieu qu'il livre à la foule au Colisée de Québec le soir de son dernier match, le 31 mars 1991.
« Je quitte un sport que j'adore et qui m'a tout donné. »
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Il occupe son après-carrière en étant entre autres restaurateur, avec son fils aîné Martin, et pilote d'hélicoptère. Il demeure associé aux Canadiens comme ambassadeur, en plus de prêter son nom à plusieurs causes qui lui tiennent à cœur.
Son épouse et lui soutiennent leur autre fils, Mark, qui est aux prises avec des problèmes de santé mentale et de démêlés avec la justice.
Lafleur continue de chausser les patins et il prend part à plusieurs tournées d'Anciens des Canadiens à travers le Québec et le Canada, au grand plaisir des amateurs. Il range ses patins pour de bon après avoir fait vibrer plusieurs milliers de spectateurs au Centre Bell de Montréal et au Colisée Pepsi de Québec, respectivement, les 5 décembre 2010 et 27 février 2011.