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La traversée du désert a été longue pour la concession des Jets de Winnipeg/Thrashers d'Atlanta. Après 19 saisons, l'équipe cherchait encore sa première victoire en séries éliminatoires lorsqu'à débuté sa série de première ronde de l'Association de l'Ouest contre le Wild du Minnesota mercredi. La traversée du désert est maintenant terminée, mais ce que les Jets ont trouvé, ce n'est pas une oasis, c'est un tout inclus sur le bord de la plage.
Après avoir raté les séries éliminatoires de la Coupe Stanley l'année dernière, la formation du Manitoba a fait un pas de géant, et ce, dans toutes les facettes du jeu pour lui permettre de terminer au deuxième rang de la LNH derrière les Predators de Nashville, en plus de faire un bond de 27 points au classement. Il aurait fallu un incroyable concours de circonstances pour que les Jets ne récoltent pas au moins une victoire ce printemps.

Or, il semble de plus en plus évident que ce concours de circonstances ne se produira pas. Vendredi soir, le Wild a été complètement débordé par les Jets. Le Minnesota n'a décoché que 17 tirs sur le gardien Connor Hellebuyck, dont seulement trois au dernier tiers-temps. Dès la deuxième période, on sentait le Wild débordé et épuisé, emprisonné dans sa zone pendant la majeure partie du match, incapable d'orchestrer une sortie de zone. L'absence de Ryan Suter à la ligne bleue du Wild se fait sentir, sans oublier que Jared Spurgeon n'est probablement pas en pleine santé, lui qui était un cas incertain pour le début des séries.
Les Jets sont-ils partis pour la gloire? Oui et non. Un duel plus que prévisible en deuxième ronde face aux Predators mettra un terme à la saison d'une des deux meilleures équipes de la LNH. Les amateurs auront droit à une finale de la Coupe Stanley en deuxième ronde. Si ce parcours devait se terminer abruptement pour la troupe de Paul Maurice, ce ne pourrait être que partie remise. Cette équipe occupera le sommet longtemps.

En attaque, Patrik Laine n'a pas été victime de la guigne de la deuxième année, au contraire. L'acquisition de Paul Stastny a cimenté une profondeur déjà bien garnie avec la présence d'une jeunesse talentueuse en Mark Scheifele, Nikolaj Ehlers et Kyle Connor. D'ailleurs, Laine et Ehlers sont spectaculaires depuis qu'ils ont été jumelés au fils de la légende des Nordiques de Québec après la date limite des transactions.
Même la perte de Matthieu Perreault ne s'est pas fait sentir pour le deuxième match de la série. Appelé en relève, Jack Roslovic a obtenu la deuxième étoile du match en se faisant complice de deux buts, dont celui d'Andrew Copp, qui lui aussi peut rendre de fiers services aux Jets et ainsi reposer les grosses pointures dans une cause déjà décidée. Un atout qui sera précieux plus tard ce printemps.
Défensivement, Dustin Byfuglien a encore fait sentir sa présence. Parlez-en à Mikko Koivu, qui a encaissé une solide mise en échec derrière le filet de Hellebuyck en deuxième période. Sur la même séquence, Byfuglien avait aussi frappé durement Mikael Granlund en zone neutre. Puis, sur le deuxième but des Jets, c'est l'imposant défenseur qui a servi une savante passe soulevée à Paul Stastny, qui a enfilé l'aiguille. Stastny n'a d'ailleurs pas hésité à encenser l'arrière de 6 pieds 5 pouces et 260 livres après la rencontre.
« C'est un défenseur intelligent. Je sais qu'il est massif, mais il joue de manière très allumée et il utilise son physique de la bonne façon, donc c'est difficile de mettre de la pression sur lui. Il n'y a pas beaucoup de joueurs physiques comme lui. Il est unique. Parfois, il va être à l'origine d'une chance de marquer pour l'adversaire, mais il en crée plus en offensive qu'il n'en permet. Pour un attaquant, c'est très plaisant de jouer avec lui. »

Aux côtés de Byfuglien s'ajoutent Tyler Myers (deux points dans la série), Jacob Trouba ainsi que Josh Morrissey. Une solide brigade défensive, et c'est sans oublier Toby Enstrom et Dmitry Kulikov, qui se retrouvent sur la liste des blessés. Même Joe Morrow, qui n'était pas assez bon pour les Canadiens de Montréal, a su se signaler en marquant le but gagnant lors de la première rencontre de la série. Le directeur général Kevin Cheveldayoff a su construire une équipe avec beaucoup de profondeur et ça rapporte. Le premier trio du Wild, composé d'Eric Staal, Jason Zucker et Nino Niederreiter, a été réduit à néant depuis le début de la série.
Winnipeg devra toutefois éviter un excès de confiance. Discutez avec tout entraîneur et il vous dira qu'une équipe doit apprendre à gagner pour aller jusqu'au bout. Or, les Jets commencent à peine à maîtriser cette facette. Il ne faudrait qu'une bonne claque au visage pour rapidement les faire tomber de leur nuage. Ce sera à Paul Maurice de leur permettre de naviguer dans ces nouvelles eaux, même s'il ne dispose que de peu d'expérience en la matière, si ce n'est qu'une présence en Finale de la Coupe Stanley en 2002. Cette année-là, ses Hurricanes de la Caroline comptaient sur Rod Brind'Amour, Ron Francis, Martin Gélinas, Glen Wesley, Sandis Ozolinsh et Aaron Ward, six joueurs qui avaient participé à une finale de la Coupe Stanley plus tôt dans leur carrière. Chez les Jets, seul Byfuglien a réussi à faire de même, en 2010 à Chicago. Bref, le groupe de leaders à Winnipeg est beaucoup plus fragile.
Seuls Stastny et Enstrom seront joueurs autonomes sans compensation cet été et les Jets ont l'espace nécessaire sous le plafond salarial pour leur offrir un contrat. Ils pourraient aussi économiser pour s'entendre avec Blake Wheeler à long terme. Le meilleur pointeur des Jets (23 buts, 68 passes) sera joueur autonome sans restriction au terme de la saison 2018-2019. Le noyau de cette équipe, dont l'âge moyen est parmi les plus bas dans la LNH à 26 ans, restera intact longtemps et ne pourra que s'améliorer. Le printemps s'annonce intéressant à Winnipeg. Les prochains aussi. On est loin de l'époque où les directeurs généraux de la LNH menaçaient un joueur de l'échanger à Winnipeg pour lui faire peur.