MONTRÉAL – Jake Allen voulait cette victoire à tout prix, samedi.
Pas seulement parce que le gardien disputait son premier match au Centre Bell depuis que les Canadiens de Montréal l’ont échangé aux Devils du New Jersey, en mars dernier. Il y avait un peu de ça, certes, mais il voulait surtout amorcer son mandat de gardien numéro un du bon pied.
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Le vétéran de 34 ans devra faire sa part pour les quatre à six prochaines semaines, le temps que Jakob Markstrom se rétablisse d’une entorse à un genou.
« Je vais prendre une phrase du livre de citations de Martin St-Louis : le reste de la ligue s’en fout », a-t-il lâché après le gain de 4-3 des siens en prolongation. « Il a toujours raison là-dessus. C’est vrai, il faut que les autres se lèvent. Il n’y a pas une équipe qui ne perdra pas de joueurs importants dans une saison.
« Marky a été notre meilleur joueur tout au long de la saison et il le sera probablement encore quand il reviendra au jeu. Je vais tenter de monter la garde d’ici là. Il faut se mettre à aligner les victoires. »
Celle-ci face au Tricolore n’a pas été acquise facilement. Les Devils ont laissé filer deux avances de deux buts, mais ont réussi à arracher un point supplémentaire grâce au filet gagnant de Jack Hughes. Allen a repoussé 29 lancers et a freiné les ardeurs de son ancienne équipe dans les moments cruciaux.
« On voulait qu’il paraisse bien ici, a reconnu Hughes. Il joue très bien récemment, et nous n’avions pas obtenu les résultats pour lui. Avec la blessure à Marky, on voulait que Jake parte du bon pied. C’était à Montréal, aussi. Nous sommes très heureux de l’avoir aidé à gagner. »
Le principal intéressé a quant à lui admis que ce match avait une saveur spéciale, sans toutefois beurrer trop épais. Le divorce entre les deux parties s’est fait à l’amiable après près de quatre saisons, et Allen conserve encore de forts liens avec la formation montréalaise.
« C’est une victoire, après tout. Pas juste une victoire contre les Canadiens, a-t-il sagement précisé. C’est une victoire pour le groupe, une victoire pour moi. De revenir ici, gagne ou perd, c’est un endroit spécial. Les quatre dernières années ont été spéciales pour moi, ma femme et ma famille. Nous avons adoré ça.
« J’ai beaucoup de bons amis de l’autre côté. Je suis heureux de voir qu’ils jouent aussi bien. Je compte toujours secrètement pour eux, mais pas quand ils jouent contre nous! »
Il est d’ailleurs allé souper avec six anciens coéquipiers à la veille de cet affrontement. Il garde un étroit contact avec plusieurs membres du vestiaire montréalais : il s’est entraîné à Brossard au cours de l’été et il a notamment assisté au mariage de Josh Anderson.
« Le hockey, c’est le hockey. Mais ces gars sont des amis que je veux garder pour la vie, a-t-il poursuivi. Les relations humaines sont importantes pour moi et il y a plusieurs bonnes personnes de l’autre côté. C’est une des raisons pour lesquelles ils auront du succès pendant longtemps. »
Des fleurs pour Dobes
Une autre de ces raisons se trouve peut-être devant le filet. Allen a livré un duel inspiré à Jakub Dobes, qui a repoussé 40 rondelles pour donner une chance aux siens de venir de l’arrière. La prestation du jeune Tchèque n’est pas passée inaperçue à l’autre bout de la patinoire.
« Il joue bien, je lui lève mon chapeau, a lancé le vétéran. Ce n’est pas facile d’arriver dans la Ligue et de faire ce qu’il fait. Il leur donne une chance de gagner tous les soirs et il l’a fait encore ce soir. J’ai beaucoup entendu parler de lui. Il a le gabarit, la mobilité… Il a tous les outils. C’est excitant pour l’organisation. »
Si ces bons mots parviennent à Dobes, il les recevra probablement avec beaucoup d’enthousiasme. Allen a été l’un de ses premiers modèles quand il est débarqué à St. Louis à 16 ans. Et ce dernier ne s’est pas arrêté là. Il a même osé prononcer le nom d’une légende montréalaise en parlant de son jeune vis-à-vis.
« Je l’ai rencontré quelques fois lors des camps d’entraînement, a-t-il conclu. Son gabarit te saute directement aux yeux. Il ressemble à un mini-Pricer (Carey Price). C’est difficile de comparer un gardien à Price, mais c’est vraiment le cas.
« Dans son style, avec son gabarit, a-t-il clarifié. La façon dont il porte son équipement aussi. Il fait plusieurs choses de la même façon. Demandez à plusieurs gardiens et ils vous diront la même chose. »