MONTRÉAL – La dernière fois qu’ils ont quitté la glace du Centre Bell avec un uniforme des États-Unis sur le dos, Charlie McAvoy, Adam Fox et Jake Oettinger avaient aussi une médaille d’or accrochée au cou. Et la foule, majoritairement vêtue de rouge et de la feuille d’érable, était muette. Sous le choc.
C’était en 2017, en finale du Championnat mondial junior contre le Canada.
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Les Américains avaient comblé deux retards de deux buts dans un match complètement fou pour finalement l’emporter 5-4 en tirs de barrage – des souvenirs encore gravés dans la mémoire des trois hommes qui se retrouvent désormais à la Confrontation des 4 nations.
« C’était tellement hostile, s’est souvenu le défenseur McAvoy. C’était entièrement rouge et blanc dans les gradins. Tout le monde était derrière le Canada. Ce tournoi a été un véritable conte de fées. C’était tout simplement fou. Ça m’a pris quelques jours après notre triomphe pour réaliser ce qui venait de se passer.
« C’est l’un de mes meilleurs souvenirs reliés au hockey, alors c’est bien de retrouver Adam et Jake ici. »
Huit ans plus tard, le trio a l’occasion de revivre les mêmes émotions, ou presque. Le duel de samedi entre les deux nations ne sera pas la finale du tournoi, mais ce sera tout comme. Disons que dans le contexte actuel, cet affrontement dépasse les frontières du sport.
Les amateurs montréalais ont d’ailleurs affiché leurs couleurs dès le premier match des Américains, jeudi, en se rangeant très largement derrière la Finlande. Les hommes de Mike Sullivan ont donc une petite idée de l’accueil qu’ils recevront samedi. Ceux qui étaient là en 2017 savent exactement ce qui les attend.
« La victoire améliore les souvenirs, évidemment, mais le simple fait d’affronter le Canada au Canada, au Centre Bell, c’était incroyable, a raconté Fox. C’était intense. La passion se sentait dans les gradins et l’énergie était là sur la glace. Le spectacle avait été assez remarquable aussi. Je m’attends à revivre ça. »
Si les deux défenseurs se retrouveront au cœur de l’action comme en 2017 – McAvoy avait passé au moins la moitié du match sur la glace – Oettinger, lui, aura une fois de plus un rôle de spectateur. Le gardien sera l’adjoint de Connor Hellebuyck tandis qu’il était, à l’époque, le troisième des Américains.
Il était tout de même dans l’amphithéâtre et a pu savourer chaque moment, chaque revirement de situation, avec la même nervosité qu’un partisan. Il se souvient du lourd silence qui pesait dans le Centre Bell après le but de Troy Terry en tirs de barrage. Il espère avoir la chance d’entendre une mouche voler, samedi.
« C’est exactement ce qu’il faut faire quand on joue dans un environnement aussi hostile, a-t-il indiqué. Réduire la foule au silence, c’est ce qui est le plus plaisant quand tu joues à l’étranger. Parfois, ce sentiment est encore mieux que celui que tu ressens quand tu gagnes un match à domicile. »
De l’autre côté, Anthony Cirelli se contenterait bien d’une victoire à domicile. L’attaquant est le seul joueur du Canada qui a vécu cet affront. Il avait même eu l’occasion de s’élancer en tirs de barrage et avait été frustré par le gardien Tyler Parsons. Pour lui, l’heure de la revanche a peut-être enfin sonné.
« Ça m’a brisé le cœur de perdre ce match, surtout de cette manière en tirs de barrage, a conclu Cirelli. Ça m’a pris du temps pour l’oublier. Avec du recul, je sais que c’était un excellent match et qu’on avait donné tout un spectacle. Au final, nous étions à un tir de les battre. Ç’aurait pu aller d’un côté comme de l’autre.
« L’ambiance sera incroyable pour l’affrontement de samedi. Même quand tu joues ici comme équipe adverse, l’énergie est contagieuse. Comme joueur, tu peux te nourrir de ça. Les partisans ici sont des fanatiques, je suis convaincu que ce sera complètement survolté. »