Puis, en troisième période, McDavid a quitté le banc en trombe et a commencé à filer le long de l'aile gauche au moment où les Oilers tiraient de l'arrière 2-1. Crosby, qui sentait le danger imminent, a choisi l'angle parfait en repli et il a ainsi pu intercepter McDavid et lui faire perdre la rondelle, les deux joueurs se retrouvant étendus sur la glace.
Crosby a complété le match avec un différentiel de plus-2, comparé à moins-1 pour McDavid.
C'est ce sixième sens qu'il affiche sur toute l'étendue de 200 pieds de la patinoire qui distingue Crosby des autres, y compris McDavid, a estimé l'entraîneur des Oilers Ken Hitchcock.
« Sid réfléchit à un niveau, quand l'autre équipe a la rondelle, qui est supérieur à tous les autres joueurs dans la Ligue, a affirmé Hitchcock. Son sens de l'anticipation quand l'autre équipe a la rondelle est si aiguisé, il sait d'avance où le disque va se diriger. Il peut intercepter des passes, te forcer à faire des erreurs… Et ensuite, il sait aussi où tout son monde se trouve sur la patinoire, donc il peut transformer ce revirement en chance de marquer. »
Il s'agit là d'une dimension du hockey que McDavid continue d'apprivoiser avec enthousiasme et détermination, selon Hitchcock.
« Connor l'a en lui, a dit le vétéran entraîneur. Il flaire le danger offensivement. Sid le fait aussi défensivement - il fait les deux. C'est dans cette direction que Connor se dirige. »
Hitchcock a dit avoir appris à apprécier davantage l'attention que Crosby porte aux détails à l'occasion des Jeux olympiques de 2010. Il était alors un des adjoints de l'entraîneur-chef du Canada Mike Babcock.
« Quand nous étions à l'entraînement, il y avait des moments où nous nous disions entre nous, "Mon dieu, qu'est-ce qu'il fait? Où s'en va-t-il comme ça?" Eh bien, il pratiquait des schémas de jeu qui n'avaient aucun lien avec l'exercice qui se déroulait sur la glace, a indiqué Hitchcock. Tu te demandais pourquoi il faisait ça, et ensuite tu voyais le même jeu apparaître tout à coup durant un match.
« L'autre chose, c'était que plus grand était l'enjeu du match, plus il avait un impact sur le déroulement du jeu. Au fur et à mesure que les matchs devenaient plus importants, il relevait son niveau de jeu, à un niveau que personne d'autre ne pouvait atteindre. Réussir à faire ça de temps à autre, c'est une chose. Mais le faire chaque fois qu'il y a un gros match? C'est plutôt spécial. »
Crosby est hors de tout doute un joueur qui se démarque quand l'enjeu est important, lui qui a remporté la Coupe Stanley trois fois (2009, 2016 et 2017), le trophée Conn-Smythe à titre de joueur le plus utile à son équipe dans les séries éliminatoires de la Coupe Stanley à deux reprises (2016, 2017) et deux médailles d'or olympiques (2010, 2014). Même McDavid admire le jeu de Crosby aux deux extrémités de la patinoire.
« (Surtout) à quel point il est solide profondément dans sa zone, a noté McDavid. En tant que joueur de centre, il doit aller profondément dans sa zone et quand je me retrouve face à lui, je constate à quel point il est solide sur ses patins. Il est trapu. C'est dur de le séparer de la rondelle, ce qui est une belle qualité à avoir.
« Je trouve que je suis pas mal solide sur mes patins, mais je ne suis probablement pas au même niveau que lui. En fin de compte, je ne serai jamais aussi trapu ou costaud que lui, mais ça reste un aspect du jeu sur lequel tu peux travailler. »
Il y a une chose dont Crosby est absolument certain: un joueur, même quand il est aussi talentueux que McDavid, ne peut transporter toute l'équipe sur ses épaules.
Avant les matchs de jeudi, les Oilers (24-27-5) se trouvaient à six points d'une place en séries dans l'Association de l'Ouest.
« La ligne est tellement mince entre la victoire et la défaite, a affirmé Crosby. C'est à ça que ça se résume. Effectivement, le hockey est assurément un sport d'équipe.
« Il faut que tout le monde fasse sa part. »