RIMOUSKI – En plus de mettre en évidence plusieurs espoirs admissibles au prochain repêchage, la Coupe Memorial est l’occasion de voir quelles équipes de la LNH ont fait de bons coups avec leurs derniers choix.
Jean-François Damphousse, du Bureau central de dépistage de la LNH, a accepté de partager ses observations de la première moitié du championnat de la Ligue canadienne de hockey (LCH).
L’apport de Desnoyers, au-delà des chiffres
Classé septième espoir chez les patineurs nord-américains en vue du prochain repêchage de la LNH, Desnoyers attire évidemment beaucoup d’attention depuis le début de la Coupe Memorial. Blanchi à ses deux premiers matchs du tournoi, le Québécois offre un apport aux Wildcats de Moncton qui transcende la fiche statistique, croit Damphousse.
« Le premier instinct de la plupart des dépisteurs ici est de le suivre, et heureusement pour lui, il a un très bon tournoi jusqu’à maintenant, indique-t-il d’emblée. Il a un niveau de talent, une intelligence et des instincts très élevés. Il voit le jeu se développer devant lui. Ça fait de lui un bel espoir.
« Quand on dépiste un joueur comme lui, on va beaucoup plus loin que les statistiques. Et peu importe le joueur, les équipes vont se baser sur 12, 18, 24 mois. La dernière impression vaut quelque chose, mais elle va beaucoup plus loin que les statistiques, surtout pour quelqu’un comme Desnoyers dont le jeu est sur 200 pieds, qui est responsable défensivement et qui gagne des mises en jeu. »
Autre coup de cœur de Damphousse chez les Wildcats : l’attaquant Gabe Smith, choix de quatrième tour du Mammoth de l’Utah l’an dernier. Même s’il a lui aussi été blanchi à ses deux premiers matchs, le gaillard de 6’5’’ et 208 lb fait bonne impression à Rimouski.
« Il est l’une des révélations du tournoi, affirme le dépisteur. Sa progression dans les dernières années a été exceptionnelle.
« Il s’implique physiquement, il utilise son gabarit pour protéger la rondelle en zone offensive. Dans les séries de la LNH présentement, beaucoup de joueurs de son profil réussissent à se démarquer. Il a un bel avenir devant lui. »
Le phénomène McKenna
Depuis le début de cette Coupe Memorial, Gavin McKenna montre pourquoi il devrait être le tout premier choix du repêchage de 2026. L’attaquant des Tigers de Medicine Hat a jusqu’à maintenant marqué deux buts et glané deux aides dans le tournoi. Damphousse n’hésite pas à le catégoriser, malgré ses 17 ans, de « joueur exceptionnel ».
« Il a pratiquement les mains de Patrick Kane et le niveau de production offensive de Connor McDavid au même âge, vante-t-il. Il sait jouer dans les trois zones, fabriquer des jeux et marquer des buts. Automatiquement, on doit le mettre dans la catégorie des exceptionnels. Dans un tournoi comme la Coupe Memorial, avec quatre équipes au grand niveau de maturité, il est capable de se démarquer quand même. »
Et pas de panique avec son coéquipier Cayden Lindstrom, discret à son premier match de la Coupe Memorial lundi. Selon Damphousse, il est normal que le quatrième choix au total du dernier repêchage ne nous ait pas montré le meilleur de lui-même à son cinquième match de l’année seulement.
« Il est très intéressant, mais il faut lui laisser du temps. Il y a encore deux couches au-dessus du Lindstrom que l’on a vu lundi. Il peut encore plus s’impliquer physiquement et dominer offensivement. »
Cowan et le talent d’un choix top-10
Certains avaient sourcillé lorsqu’Easton Cowan a été choisi au premier tour du repêchage de 2023 par les Maple Leafs de Toronto. Deux ans plus tard, l’attaquant des Knights de London a donné raison à l’organisation torontoise. Il est l’un des joueurs les plus dominants de la Coupe Memorial jusqu’à maintenant, comme en fait foi sa récolte d’un but et trois aides.
« Ça fait maintenant plusieurs années qu’il est dominant, souligne Damphousse. Il est compétitif et s’implique dans les trois zones.
« Les autres équipes de la LNH ne le voyaient probablement pas sortir au premier tour avant qu’il connaisse des séries canons dans la OHL en 2023. Depuis ce temps, il a prouvé qu’il aurait pu être repêché dans le top-10 de sa cuvée. Au prochain niveau, il pourra jouer de différentes façons, peu importe la zone. Il a l’implication physique et les habiletés nécessaires pour s’adapter au niveau professionnel. »
Les éclosions tardives
Deux joueurs non repêchés l’an dernier retiennent l’attention à cette Coupe Memorial : le défenseur des Tigers Bryce Pickford et le gardien de l’Océanic de Rimouski Mathis Langevin.
Pickford a mené la charge avec deux buts dans le premier match du tournoi, vendredi, alors que Langevin a gardé l’Océanic au plus fort de son match face aux dominants Knights dimanche. Les deux joueurs avaient également connu d’excellentes séries au sein de leur ligue respective.
« Bryce a définitivement apporté son jeu à un autre niveau, soutient Damphousse. Il a fait des choses, cette saison, encore plus intéressantes que plusieurs joueurs repêchés à sa place l’an dernier. Aucun défenseur de la LCH n'a mieux fait dans les 20 dernières années que sa récolte de 13 buts lors des dernières séries de la WHL.
« Il trouve les lignes pour tirer, et il a un excellent tir. On l’a vu au premier match du tournoi : il a un véritable canon et un bon timing. C’est presque assuré qu’il sera repêché le mois prochain.
« Dans le cas de Mathis, c’est une histoire d’éclosion sur le tard, poursuit Damphousse. J’aime son gabarit et sa compétitivité. Il n’abandonne jamais, il est toujours engagé dans le jeu. Ce n’est pas toujours parfait mécaniquement, mais sa compétitivité pourrait lui permettre de devenir un gardien professionnel. Si notre liste (finale du Bureau centrale de dépistage) était sortie aujourd’hui, son nom s’y trouverait sans doute. »
D’autres Québécois en évidence
Il n’y a pas que Langevin qui se démarque chez l’Océanic malgré les deux défaites, croit Damphousse. Les Québécois Mathieu Cataford, choix de troisième tour des Golden Knights de Vegas en 2023, et Alexandre Blais, choix de quatrième tour des Ducks d’Anaheim en 2024, connaissent selon lui un très bon tournoi.
« Cataford peut se démarquer au prochain niveau parce que son équipe pourrait l’utiliser autant sur ses deux premiers que ses deux derniers trios, étant donné qu’il joue bien défensivement et peut bloquer des tirs en infériorité numérique, indique Damphousse. Pour être un joueur de premier trio dans la LNH, tu dois être exceptionnel. Donc les gars qui jouent sur 200 pieds et qui peuvent diversifier leur jeu comme le fait Mathieu ont plus de chance d’atteindre le prochain niveau que ceux catégorisés uniquement offensifs dans le junior.
« Et j’ai beaucoup aimé Blais [dimanche], poursuit-il. Il faut être patient avec lui, il doit encore aller chercher de la maturité physique. Cela dit, il fait plusieurs choses qui ne s’enseignent pas. Sa lecture du jeu, sa façon de fabriquer des jeux, sa patience, sa capacité à absorber la pression et envoyer le disque dans les zones ouvertes… C’est impressionnant.
« Il faudra deux ou trois autres années avant de voir le projet final. Peut-être aura-t-il une trajectoire similaire à celle de Jonathan Marchessault, un joueur de petit gabarit qui connaît une carrière dans la LNH après une éclosion sur le tard. »
