Pastrnak 10.28

BOSTON – Les deux partisans se sont approchés de lui alors qu’il se trouvait sur la terrasse d’un bar, alors que David Pastrnak relaxait chez lui en Tchéquie l’été dernier. L’homme lui a présenté son avant-bras et un crayon. Sa copine lui a désigné le haut de sa poitrine.

Le couple a demandé à Pastrnak de signer un autographe sur ces parties de leur anatomie, en lui disant qu’un tatoueur les attendait afin de rendre sa signature permanente. Il a acquiescé à leur demande, et est demeuré sur place pendant une heure et demie afin de voir comment la situation allait évoluer.

Le duo est revenu, les tatouages terminés à l’encre noire. 

« De vrais tatouages, s’est exclamé Pastrnak, encore sous le choc. Ils me disaient qu’un tatoueur était assis à leur table dans le bar où nous étions, et qu’ils allaient retourner chez lui pour qu’il les tatoue. Je ne les croyais pas. Ils l’ont pourtant fait, et je leur ai payé une tournée de bières et de shooters. J’ai trouvé ça complètement fou.

« Avant de signer, je leur ai demandé s’ils étaient certains. Que je ne le ferais pas à leur place. »

Cette anecdote image bien à quel point Pastrnak est devenu célèbre, une dizaine d’années après le début de sa carrière dans la LNH, même si on dirait qu’elle vient tout juste de commencer. Il est adulé à Boston autant qu’en Tchéquie, où il est rapidement devenu l’un des plus grands de l’histoire. Pastrnak, qui ne fêtera ses 28 ans qu’en mai, occupe déjà le 12e rang des pointeurs de la LNH parmi les joueurs originaires de son pays avec 695 points (335 buts, 360 passes), huit de moins que Robert Lang au 11e rang. 

La prochaine chance de Pastrnak d’ajouter à ce total aura lieu samedi au TD Garden alors que les Bruins seront les hôtes des Kings de Los Angeles (12 h 30 HE; ABC, ESPN+, SNP, SNO, SNE, SN1, TVAS). Boston va tenter de sortir de son marasme qui perdure depuis la pause du Match des étoiles, alors que les Bruins ont compilé une fiche de 1-3-1 à leurs cinq derniers duels.

Pastrnak aura encore d’innombrables chances d’empiler les points et de grimper sur la liste des grands de son sport, alors que l’attaquant écoule la première année d’un contrat de huit ans d’une valeur de 90 millions $ paraphé le 2 mars 2023. Il occupe le deuxième rang au chapitre de la moyenne de points par match (1,08) en carrière parmi les joueurs tchèques, derrière un certain, Jaromir Jagr (1,11), deuxième meilleur pointeur de l’histoire de la ligue. 

« Lorsque vous jouez avec un gars et que vous pouvez voir chaque jour les différentes manières dont il parvient à accomplir son travail chaque jour, c’est vraiment impressionnant », a déclaré l’attaquant des Bruins James van Riemsdyk, qui a souvent affronté Pastrnak dans l’uniforme des Maple Leafs de Toronto et des Flyers de Philadelphie. « On dirait qu’il fait la différence pour nous à chacun des matchs, que ce soit en marquant un but ou en réalisant un jeu clé. C’est incroyable. 

« Ce n’est pas un accident. Vous pouvez voir à quel point il investit du temps pour parfaire ses aptitudes, à quel point il travaille afin de devenir le joueur qu’il peut être. Il continue de s’améliorer. »

Pastrnak connaît une autre saison exceptionnelle, avec la meilleure moyenne de point par match de sa carrière jusqu’ici à 1,44 – son sommet est de 1,38 (113 points en 82 matchs) établi l’an dernier. Cette hausse s’explique par son plus grand nombre de mentions d’aide, avec 44 en 54 matchs, en plus de ses 34 buts pour un total de 78 points. Il occupe le quatrième rang de la LNH derrière Nikita Kucherov du Lightning de Tampa Bay (93), Nathan MacKinnon de l’Avalanche du Colorado (89) et Connor McDavid des Oilers d’Edmonton (80). Le sommet en carrière de Pastrnak est de 52 mentions d’aide.

« Je dirais qu’il transporte davantage le disque en zone neutre, a analysé l’entraîneur des Bruins Jim Montgomery. Il cherche aussi plus souvent à distribuer la rondelle, parce qu’il comprend qu’il va être surveillé plus étroitement. Sur le jeu de puissance, comme nous avons [Pavel Zacha] au centre de l’enclave, le jeu se déroule davantage de son côté. Alors qu’il était surtout le tireur auparavant, il est davantage un distributeur cette année. 

« Il obtient encore un total impressionnant de tirs, mais c’est simplement différent. Ça va simplement lui permettre de récolter plus de mentions d’aide. »

La saison dernière, Pastrnak a décoché en moyenne 4,96 tirs par match. Cette saison, il affiche une moyenne de 5,02 lancers par partie. Son pourcentage de tirs a chuté à 12,5 pour cent cette année après avoir été de 15 pour cent la saison dernière. 

« Il peut être le meneur d’un trio avec son jeu de possession de rondelle, a expliqué Montgomery. Il y a plusieurs marqueurs comme lui qui doivent évoluer avec un joueur qui s’illustre en possession de rondelle. C’est normal. Mais Pastrnak, (Artemi) Panarin et (Patrick) Kane, ce sont des ailiers qui jouent comme des centres.

« Je savais qu’il en était capable. Je ne savais toutefois pas s’il souhaitait vraiment le faire. Il nous a toutefois montré dès le début du camp d’entraînement qu’il allait conserver la rondelle plus longtemps et devenir autant un passeur qu’un buteur. »

Et c’est ce dont les Bruins avaient besoin. 

Pendant tellement longtemps, les Bruins ont pu s’en remettre au trio formé de Patrice Bergeron, Brad Marchand et Pastrnak. Ce trio faisait partie des meilleurs de la LNH chaque année. Cette saison est différente, alors que Bergeron et David Krejci ont annoncé leur retraite, et que Charlie Coyle et Zacha pivotent les deux premiers trios.

Ce rôle a donné à Coyle une nouvelle perspective sur le talent de Pastrnak, et sur ce que ça représente de jouer avec lui. Auparavant, sur le troisième trio, il y avait des moments où il était clair qu’il devait rejeter le disque en fond de territoire une fois la ligne bleue franchie. 

Et maintenant?

« Il est l’un de ces joueurs qui semblent toujours libres, parce qu’il est vraiment la plupart du temps, a noté Coyle. Il analyse le jeu à un haut niveau et il aime davantage conserver la rondelle. Ce n’est pas que nous ne gardons plus le jeu simple et que nous ne rejetons plus le disque en fond de territoire – ça fait encore partie du jeu – mais nous réalisons des jeux en raison de son talent, et il suffit de se libérer pour qu’il nous trouve. 

« Il arrive que nous voyions une toute petite ligne de passe et que nous n’ayons pas le sentiment que nous sommes libres, mais il trouve la petite ouverture et il parvient à vous remettre le disque. Il faut donc toujours être prêts lorsqu’il a la rondelle. Il génère tellement d’offensive avec tout ce qu’il parvient à faire. »

Coyle a de la difficulté à employer le mot prudent, mais il arrive que ce soit un rôle qu’un joueur de troisième trio doive remplir. Ce n’est pas le cas pour lui en ce moment, et ce ne fut jamais le cas pour Pastrnak.

Coyle fait maintenant confiance à ses instincts et, surtout, il fait confiance à Pastrnak. 

« C’est plaisant, a conclu Coyle. Il rend ce sport tellement plaisant. »