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EDMONTON, Alb. – Il y avait une scène qui parlait fort dans le vestiaire des Panthers. Bill Zito, le directeur général, félicitait Sergei Bobrovsky pendant qu’il rangeait délicatement ses jambières devant son casier.

Bobrovsky avait raison de prendre un soin jaloux de son équipement après la victoire de 4-3 contre les Oilers, jeudi, au Rogers Place. Avec quatre minutes à jouer en troisième période, l’homme masqué des Panthers a étiré la jambière gauche pour bloquer un tir de Ryan McLeod après une passe savante de Connor McDavid dans une circulation lourde.

Avec ce petit bijou de la jambière gauche, Bobrovsky a freiné la remontée des Oilers en fin de match. McLeod, qui venait de marquer quelques secondes plus tôt, se retrouvait à un centimètre de forcer la prolongation. On savait que Bob se déplaçait rapidement, mais sur ce jeu, il a réalisé une poussée à la vitesse de la lumière.

« Ils ont une équipe très talentueuse offensivement, a simplement dit Bobrovsky au sujet de son arrêt miraculeux. Ils ont des joueurs intelligents, ils réaliseront de bons jeux. Mais je dois me concentrer sur chacun des tirs et c’est un défi intéressant. »

Bobrovsky restait assez de glace devant les caméras. Ses coéquipiers ont mieux décrit son brio.

« Bob est incroyable, a dit l’ailier Vladimir Tarasenko. Je l’ai dit un million de fois, il est génial. »

« Il a réalisé un immense arrêt sur ce jeu (contre McLeod), mais il a fait de gros arrêts toute la soirée », a renchéri le capitaine Aleksander Barkov.

Les Panthers, qui menaient 4-1 après 40 minutes, ont survécu à l’assaut des Oilers pour signer un troisième gain d’affilée.

Pour les Oilers, il y a maintenant de moins en moins de lumière. Moins d’espoir aussi.

Pour un troisième match d’affilée, les Oilers n’ont pas trouvé la bonne combinaison pour battre les Panthers. À l’image du premier match, ils ont dominé dans la colonne des tirs (35-23) et des tirs tentés (66-49), mais ce n’était pas assez.

Bobrovsky a opéré sa magie alors que Stuart Skinner n’avait rien d’un Alain Choquette. Il y avait une équipe avec un gardien inébranlable et une autre équipe avec un gardien chancelant. Avec le résultat qu’on connaît.

À ses six derniers départs, soit depuis le quatrième match de la finale de l’Est contre les Rangers, Bobrovsky a frôlé la perfection avec six victoires, une moyenne de 1,50 et un taux d’efficacité de ,944.

Skinner a gaffé en deuxième période en manquant une sortie derrière son filet. Il a tenté d’intercepter un dégagement d’Anton Lundell, mais la rondelle a poursuivi son chemin en direction d’Eetu Luostarinen. Le Finlandais a saisi le disque, en battant Cody Ceci de vitesse, pour ensuite repérer Tarasenko. Le numéro 10 avait la rondelle sur son bâton devant un filet pratiquement abandonné. Il n’a pas manqué sa chance. À ce moment, c’était 3-1 pour les visiteurs.

« Les Panthers ont aussi fait de grosses erreurs, mais Bob a été fantastique, a reconnu Skinner. Il a réussi les gros arrêts lors des moments cruciaux. Je devrai trouver une façon de faire la même chose. »

Du grand Barkov

Il y a Connor McDavid. Il y a Leon Draisaitl. Mais les Panthers ont aussi leur propre phénomène en Barkov. Dans cette finale, le Finlandais se hisse comme le meilleur de sa profession devant le 97 et loin devant le 29.

Dans ce troisième match, Barkov a signé un autre chef-d’œuvre. Il a marqué ce qui devait s’avérer le but vainqueur sur une échappée en deuxième période.

Il a aussi obtenu une passe sur le premier but du match, celui de Sam Reinhart. Sur cette séquence, c’est lui qui a subtilisé la rondelle à Evan Bouchard pour créer le revirement.

Kris Knoblauch avait opté pour l’arme ultime en misant sur McDavid et Draisaitl à quatre contre quatre en fin de première période. Paul Maurice avait répliqué avec Barkov et Reinhart. Les Panthers ont gagné cette confrontation en ouvrant la marque.

« Il y a des matchs cette saison où il a eu un immense impact sur le résultat final même s’il n’écrivait pas son nom sur la feuille de pointage, a rappelé Maurice en parlant de son capitaine. Barky (Barkov) définit le jeu d’un peu tout le monde au sein de l’équipe. Quand une recrue arrive à un camp, elle dit toujours qu’elle veut jouer son propre jeu. C’est une erreur. La recrue doit regarder un gars comme Barkov pour comprendre comment jouer au hockey. »

Le capitaine des Panthers a aussi remporté 63% de ses mises en jeu (12 en 19) en plus de finir le match avec un peu plus de 20 minutes de temps de jeu (20:06).

À une victoire du rêve

Défaits en cinq matchs en finale l’an dernier contre les Golden Knights de Vegas, les Panthers ont maintenant une avance de 3-0 dans cette finale et ils n’ont besoin que d’une autre victoire pour atteindre la terre promise. Jamais, cette équipe n’a gagné la Coupe Stanley.

À l’intérieur du vestiaire de l’équipe adverse à Edmonton, les Panthers demeuraient bien calmes.

« Nous voulons rester dans le présent, a affirmé Bobrovsky. C’est une belle victoire pour nous, mais nous nous préparerons déjà pour le prochain match. »

Barkov et Sam Bennett avaient la même philosophie que leur gardien étoile.

« C’est là pour nous, mais nous n’y pensons pas, a raconté Barkov. Nous regardons un moment à la fois. Nous pouvons être heureux de cette victoire, mais demain, il faut se reposer et se préparer pour le prochain match. »

« Comme Barky l’a dit, le travail n’est pas fini, a ajouté Bennett. Nous n’y pensons pas. Nous nous concentrons sur le repos et la préparation pour le prochain match. Il y a encore beaucoup de travail à accomplir. »

Il y a encore beaucoup de travail, mais la coupe se destine à retourner aux États-Unis encore une fois. À moins d’un miracle des Oilers. Mais les miracles au mois de juin demeurent rares.

EN PROLONGATION

Le chiffre du match: 28:41

C’est le temps de jeu du défenseur des Panthers Gustav Forsling. Il s’agit de son plus haut total des séries pour un match qui se termine en 60 minutes. L’arrière suédois a notamment été utilisé pendant 4:52 sur l’unité d'infériorité numérique, qui a été parfaite en six déploiements.

Plus de soutien

S’il y a du positif à retenir pour les Oilers, on peut regarder vers l’apport des éléments de soutien en attaque. Les deux derniers trios ont été fort efficaces en échec avant, et l’unité nouvellement formée par Dylan Holloway, Derek Ryan et Warren Foegele a été récompensée par un but.

Le trio d’Adam Henrique a aussi été bien visible, mené par la hargne de Connor Brown. Ce sont eux qui ont donné le ton jusqu’à l’effondrement des Oilers en deuxième. Broberg et McLeod ont confirmé le thème des éléments de soutien en troisième.

Ça enlève de la pression des épaules des gros canons comme McDavid et Draisaitl. Il faudra maintenant que ceux-ci se mettent en marche, puisqu’ils n’ont toujours pas touché la cible dans cette finale.

« On est une bonne équipe offensive, on fait du bon travail, a plaidé Draisaitl. On obtient nos chances. Quand tu tires de l’arrière par autant de buts, c’est difficile d’effectuer une remontée. »

L’arrêt de plus

Difficile de ralentir les Panthers quand ils prennent leur erre d’aller dans ces séries. Les visiteurs en arrachaient jusqu’à ce que Vladimir Tarasenko profite d’une sortie hasardeuse de Stuart Skinner pour faire 2-1 à mi-chemin dans la période médiane.

C’est là que le rouleau compresseur s’est activé. Un peu plus de six minutes plus tard, c’était 4-1 Panthers – le but de Barkov en échappée venant couronner cette poussée offensive qui aura fait la différence.

« Quand on regarde en arrière, je me dis que je devais trouver le moyen de faire cet arrêt de plus pour tenter de les ralentir, a reconnu le gardien des Oilers. Après leur deuxième but, ils ont pris leur envol. C’était une erreur stupide qui aurait pu être évitée (sur le deuxième but). »

Pari risqué… et perdu

Knoblauch a parié gros en décidant de rayer Vincent Desharnais de la formation au profit de Cody Ceci – affreux au premier match – et en faisant confiance à Darnell Nurse malgré un état de santé douteux. Ce dernier n’avait joué que durant 4 min 20 s au deuxième match.

Pendant toute la journée, la rumeur d’une formation à 11 attaquants et sept défenseurs courait en coulisses à Edmonton. Le pilote a balayé cette possibilité du revers de la main et il a perdu son pari.

Ceci n’a pas été exceptionnel et Nurse a continué d’éprouver toutes sortes de difficultés en 19:02 de temps de jeu. Il a été coupable d’un revirement coûteux et d’une couverture sans âme sur le troisième but des Panthers. S’il est embêté au point de nuire à son équipe, Knoblauch aura une décision importante à prendre.

*Avec la collaboration de Guillaume Lepage, journaliste LNH.com