Claude Giroux

La dernière fois que les Flyers de Philadelphie ont connu une période aussi faste, Mark Messier était le leader des Rangers de New York et les Nordiques de Québec étaient toujours de ce monde.
Et les ténors de l'équipe avaient pour nom Eric Lindros, John LeClair, Mikael Renberg, Rod Brind'Amour et Éric Desjardins.
Ca ne date pas d'hier, en effet.

Les Flyers ont rarement volé à une telle altitude.
Ils ne perdent plus. Tout simplement.
Face aux Red Wings de Détroit, dimanche, ils ont signé une neuvième victoire d'affilée, 1-0 en prolongation.
Il s'agit de leur plus longue séquence du genre depuis 1995 alors que Lindros et ses lieutenants bousculaient un peu tout le monde à travers la ligue.
Cette séquence n'est pas ordinaire si l'on considère que les Flyers n'ont pas souvent eu la chance de refaire le plein d'énergie en cours de route, ayant disputé leurs 12 derniers matchs sur une période de 20 jours seulement.
Même essoufflés, ils n'ont jamais levé le pied.
Sont-ils aussi forts qu'ils en ont l'air, les Flyers ?
Pour emprunter une théorie consacrée, une équipe n'est jamais aussi puissante ou aussi mauvaise qu'elle en a l'air.
En attendant, ils n'ont jamais eu si peu de défauts, les Flyers.
Ils jouent comme une équipe, qui est déjà en mode des séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
Mason fait le mur
Les raisons de leurs succès sont multiples, bien sûr, et le rendement de leur gardien de but Steve Mason vient certainement en haut de la liste.
Le succès d'une équipe commence bien souvent devant le filet et les Flyers ne font pas exception.
Au cours des dernières années, leurs gardiens de but, à tort ou à raison, ont souvent été pointés du doigt pour les misères de l'équipe.
Philadelphie, un peu comme Toronto, d'ailleurs, a souvent été considéré comme un cimetière de gardiens de but.
Mais voilà que Mason, contre toute attente, s'élève au-dessus de la mêlée.
Elles sont nombreuses les statistiques qui servent à évaluer un gardien de but, mais il y en a une qui, à défaut d'avoir sa place, n'est pas moins significative: le nombre d'arrêts-clé dans le courant d'un match.
Et à ce chapitre, Mason n'a certainement rien à enlever à ses collègues.
La contribution de Jakub Voracek et de Claude Giroux est également importante.
Voracek est redevenu le joueur qui a récolté 81 points, il y a deux ans, lui dont la production a chuté à 55 points, la saison dernière.
Depuis le début de l'année, il obtient en moyenne un point par match (32 points en 31 matchs) et, surtout, il se veut un joueur inspirant.
Comme s'il était passé à un niveau supérieur.
L'appui des défenseurs
Mais l'attaque des Flyers n'est pas l'affaire de seulement trois ou quatre joueurs.
L'équilibre est atteint lorsqu'on pense qu'ils comptent dix joueurs qui ont accumulé dix points ou mieux.
Autre facteur important: leurs défenseurs appuient l'attaque en tout temps.
La preuve, les défenseurs des Flyers ont déjà accumulé 73 points, un sommet dans la ligue.
Leur offensive est composée de blocs de cinq, rien de moins.
Le défenseur Shayne Gostisdbehere, présentement sur la ligne de touche à cause d'une blessure, est déjà très bon, mais le jeune Ivan Provorov émerveille la galerie.
À 19 ans seulement, le Russe, qui fait 6 pieds 1 pouce sur 200 livres, progresse à vue d'œil.
Un autre Pronger ?
Des observateurs voient en lui un second Chris Pronger, mais un peu de calme s'il te plait.
On s'en reparlera dans quatre ou cinq ans si ça ne vous dérange pas trop. Laissons-le grandir encore un peu avant de le comparer à l'ancien défenseur vedette.
Et derrière tout ce beau monde, il y a l'entraîneur Dave Hakstol, dont le système de jeu, de toute évidence, a trouvé preneur au sein d'une équipe, qui avait parfois tendance à perdre le cap.
Les Flyers sont-ils aussi bons qu'ils en ont l'air ?
Sommes-nous en train d'assister à l'émergence d'une puissance ?
Novembre et décembre sont parfois des mois trompeurs, mais à voir aller les joueurs de monsieur Hakstol, on a presqu'envie d'y croire.