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FORT LAUDERDALE – Les images ont fait le tour de la planète hockey.

Jonah Gadjovich narguant Darnell Nurse, les yeux écarquillés et la langue sortie, quelques instants après lui avoir servi une sévère correction dans le troisième match de la finale de la Coupe Stanley. L’attaquant des Panthers de la Floride a du sang sur le nez et sur les lèvres, mais il sourit à pleines dents.

À son entrée au cachot, il se tourne vers son complice A.J. Greer, qui vient de punir Mattias Ekholm, et lui offre un « chest bump » bien senti. Ce n’est pas mêlant, on aurait cru revivre une scène impliquant les frères bagarreurs dans le classique « Les Mighty Ducks 2 ».

« C’est un sport physique et des situations comme celles-là vont survenir, a commenté le gros bonhomme, mercredi. On se tient comme équipe. Si on s’en prend à un coéquipier, nous serons là pour répondre. Je me suis retrouvé avec Nurse pendant quelques minutes, ç’a paru très long.

« En allant vers le banc, je me suis nourri de l’énergie de la foule. Je regardais autour et j’ai savouré le moment. J’ai pris le temps d’apprécier la chance que j’ai de jouer sur cette scène. »

Il restait alors moins de 10 minutes à faire au cadran et les Panthers, en avance 5-1 face aux Oilers d’Edmonton, savaient qu’ils allaient s’emparer d’une priorité de 2-1 dans la série.

Tout a commencé quand Trent Frederic a servi un dur double-échec à Sam Bennett. Il n’en fallait pas plus pour que les cinq joueurs des Panthers répliquent en s’en prenant aux cinq joueurs des Oilers – dominant chacune des empoignades. Ç’a été en quelque sorte l’insulte à l’injure.

Au retour de l’équipe au vestiaire, Brad Marchand a offert la rondelle du match à Gadjovich, le joueur le moins utilisé (6:26) de la formation floridienne, à la plus grande surprise du principal intéressé.

« Ces gars-là ne reçoivent pas toujours tout l’amour qu’ils méritent, a expliqué Marchand, à la veille du quatrième match. Gadjovich est un gars incroyable, comme tous les gars de ce trio. Il a fait tout un boulot en se levant pour les gars et en se frottant à Nurse, qui est lui aussi un dur. »

Marchand n’est avec les Panthers que depuis la date limite des transactions, mais il a manifestement compris l’essence de la culture de cette équipe. Chaque individu est traité de la même façon, qu’importe son rôle.

La troupe de Paul Maurice fonctionne comme un engrenage. Si un seul des morceaux n’effectue pas son travail, le reste de la chaîne en souffre. C’est aussi simple que ça. Le quatrième trio a des objectifs différents du premier, mais il est tout aussi utile.

« C’est très satisfaisant de voir que les gars reconnaissent notre travail, a fait valoir Greer. Ils apprécient ce que nous sommes en mesure de faire, qu’importe le temps qu’on passe sur la glace. Si on peut avoir un impact et donner confiance au reste de l’équipe en gagnant nos présences, on a fait notre travail. »

Des modèles identiques

Mais revenons à cette image des frères bagarreurs. À 6 pieds 3 pouces et environ 210 livres, Gadjovich et Greer ont le même gabarit. Avec leur longue barbe des séries, ils ont même une certaine ressemblance.

Au centre de ces deux-là, Tomas Nosek ne laisse pas non plus sa place à 6 pieds 3 pouces et 199 livres. Les trois ensemble forment un quatrième trio pesant et intimidant qui permet aux Panthers d’afficher un tout autre visage. On a vu la différence, lundi, quand Greer est revenu au jeu après avoir raté les deux premiers matchs de la finale.

« On a bâti cette chimie pendant la saison, a commenté Nosek. J’aime bien jouer entre les deux. J’essaie aussi d’être physique et efficace sur l’échec avant en plus d’être responsable défensivement. Mais ces deux-là peuvent vraiment frapper. Ça me rend la tâche facile pour récupérer les rondelles. »

Les trois hommes se complètent à merveille, et leur efficacité se mesure surtout à long terme. Les mises en échec distribuées en début de match sont un investissement pour les dernières minutes d’une rencontre.

« Nous sommes les deux gros bonshommes de l’équipe, alors il faut faire notre job physiquement, qu’on impose le ton et qu’on donne l’identité à notre équipe », a énuméré Greer en parlant de sa relation avec Gadjovich. « Plus on fait ça, plus les choses vont s’ouvrir offensivement.

« Si tu mets la rondelle derrière les défenseurs et que tu vas les frapper chaque fois en échec avant, après six fois, ils vont peut-être se dépêcher à faire un jeu avant de se faire frapper. C’est là qu’on peut en profiter. »

Quand on transpose cette mentalité sur la durée d’une série, on en vient à la conclusion que ça pourrait vite devenir drainant pour les Oilers.