Marchand Cup

SUNRISE, Floride – Alors que tous les joueurs des Panthers de la Floride se massaient près du filet, Brad Marchand a patiné lentement dans l’enclave. Et il a pointé les estrades.

C’est seulement à partir de ce moment qu’il s’est joint à la cohue, aux joueurs avec lesquels son nom sera gravé sur la Coupe Stanley. Il a passé les trois derniers mois avec ces joueurs, à bâtir une chimie et une camaraderie qui a finalement abouti à une conquête de la Coupe Stanley.

Mais il a passé sa vie avec ceux qui étaient dans les estrades.

« Il voulait nous montrer que nous l’avons fait », a déclaré son épouse, Katrina. « Je vais devenir émotive. Il voulait nous dire que nous l’avons fait en famille, que ça vaut la peine. Nous l’avons fait. »

Katrina Marchand avait les larmes aux yeux en repensant aux trois derniers mois passés à Boston sans son époux et aux 14 années durant lesquelles Marchand a travaillé et attendu ce moment.

Qu’est-ce que ça signifie pour elle, pour la famille?

« Tout », a répondu Katrina. « Absolument tout. Il se défonce au travail chaque jour, et de le voir ici après tout ce qu’il a vécu, alors que les choses ne se sont pas déroulées comme nous l’aurions pensé (à Boston), ça signifie tout. »

Il y a un an, Brad Marchand n’aurait jamais pu imaginer tout ce qui s’est produit dans les derniers mois. Il croyait que les négociations de contrat avec les Bruins de Boston – l’équipe avec laquelle il a joué 16 saisons et remporté la Coupe Stanley – allaient prendre une journée, tout au plus.

Mais au lieu de ça, lors des dernières minutes avant l’heure limite des échanges, le 7 mars, il a été échangé aux Panthers. D'anciens rivaux étaient maintenant sa nouvelle équipe. C’était la formation qui avait le plus de chances de remporter la Coupe Stanley, selon lui. Et c’est exactement là où il l’a conduite, passant tout près de remporter le trophée Conn-Smythe, alors que les Panthers ont vaincu les Oilers d’Edmonton 5-1 dans le match no 6 de la finale au Amerant Bank Arena mardi, achevant une deuxième conquête consécutive.

Quand Sergei Bobrovsky a remis la Coupe à Marchand, ce n’est pas la première fois qu’il la soulevait. Il l’avait fait à sa saison recrue, en 2011, à une époque où il n’avait aucune idée du temps qu’il lui faudrait avant de revivre ce sentiment.

Il y a eu les échecs – en 2013 et en 2019. La Coupe a été à portée de main, mais elle lui a filé entre les doigts.

« Je me sens complètement différent, a affirmé Marchand. Je réalise tellement plus à quel point c’est difficile d’arriver ici et toutes les choses qui doivent bien se dérouler pour que tu gagnes. Il y a tellement de bonnes équipes dans la Ligue, et on dit souvent que tel ou tel joueur mérite de gagner. Et tu veux voir certains joueurs gagner.

« Mais tous les astres doivent être alignés. Ma situation est l’exemple parfait. Je n’aurais pas dû être ici. Mais ç’a fonctionné et j’en suis extrêmement heureux. »

Marchand a récolté 20 points (10 buts, 10 passes) en séries, incluant six buts en finale, dont deux filets vainqueurs. Il a été partout sur la glace.

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« Dès qu’il a été échangé ici, il m’a immédiatement taquiné dans la conversation de groupe par rapport à ce qui s’est passé avec moi dans les séries l’an dernier », a raconté l’attaquant Sam Bennett, qui a remporté le trophée Conn-Smythe à titre de joueur le plus utile des séries. « Quant à son impact sur l’équipe, je crois véritablement que nous n’aurions pas gagné la Coupe Stanley sans lui.

« Son leadership, sa volonté de gagner. C’est inspirant, et je lui disais avant chaque match : “Nous allons te suivre”, et nous l’avons fait. Il a été comme un chien sur un os chaque soir et il aurait certainement pu gagner ce trophée. Il est une des meilleures personnes que je connaisse, et je suis reconnaissant d’avoir pu jouer avec lui. »

Marchand est tombé dans la fontaine de Jouvence au cours des deux derniers mois. Il s’est débarrassé du stress lié à son rôle de capitaine et de leader chez les Bruins, des attentes associées à son statut de joueur de premier trio et du poids de devoir relancer une organisation dont la fenêtre d’opportunité se refermait.

En Floride, Marchand a trouvé le soleil et la sérénité. Il a découvert une équipe qui l’a étonné par ses méthodes d’entraînement et de récupération, par sa capacité à équilibrer un style de jeu exigeant et éprouvant avec de la légèreté et de la camaraderie.

Il s’est intégré parfaitement.

On le voyait comme compagnon de trio pour Bennett ou Matthew Tkachuk, deux pestes à l’image de Marchand. Mais il s’est plutôt retrouvé sur le troisième trio avec Anton Lundell et Eetu Luostarinen, une unité qui a été la meilleure des Panthers pendant presque tout le printemps. Un trio responsable défensivement et sous-estimé offensivement.

Marchand a commencé à y croire alors que les Panthers dominaient leurs adversaires en séries – le Lightning de Tampa Bay, les Maple Leafs de Toronto et les Hurricanes de la Caroline, en route vers une reprise de la finale de l’an dernier, que Marchand a suivie de loin.

Cette saison, il y était.

Tout le monde était là : ses parents, ses frères et sœurs, et Katrina. Ses trois enfants, Sloane, Sawyer et Rue.

« Il voulait vraiment gagner la Coupe pour sa famille », a souligné son père, Kevin. « Il a de jeunes enfants, et ils n’avaient pas eu la chance de vivre ça. Donc ça signifie beaucoup pour lui.

« C’est pour eux. »

Mais parce qu’il était passé si près de soulever la Coupe par le passé, il ne voulait pas y croire trop rapidement. Il ne voulait pas que ses espoirs et ceux de sa famille soient anéantis.

« Auparavant, ça n’a pas tourné en notre faveur. Nous avions imaginé ces beaux moments à domicile, mais nous avons perdu en 2019 », a dit Marchand au sujet de la défaite des Bruins contre les Blues de St. Louis dans le match no 7 de la finale au TD Garden en 2019. « Tout le monde était fâché. C’était difficile.

« Mais nous avons tout fait pour ne pas en parler, pour ne pas attirer le mauvais sort, pour simplement être dans le moment présent. Mais quand nous avons su que nous allions gagner et que je les ai vus là-haut, que j’ai constaté à quel point c’était spécial pour eux, c’était assez exceptionnel. »

En 2011, Shawn Thornton était aux côtés de Marchand. Thornton, qui travaille maintenant au sein de la direction des Panthers, l’a vu soulever la Coupe et accomplir quelque chose qu'il était trop jeune pour pleinement comprendre à l’époque.

De le voir y arriver de nouveau ici était « surréel », a-t-il dit.

C’était le même trophée, mais c’était complètement différent.

« La Coupe est toujours aussi pesante », a lancé Marchand.

Mais pour le reste? Un monde de différences.

« C’est une vague qui te frappe, a-t-il dit. Quand tu la soulèves pour la première fois, tu vis tellement d’émotions et il y a une décharge d’adrénaline. C’est une chose de gagner à l’étranger, mais c’est exceptionnel de le faire ici, à domicile, avec tous les gens que j’aime et qui ont eu un impact sur ma vie. C’est un sentiment extraordinaire. »

Ça faisait 14 ans que Marchand n’avait pas soulevé la Coupe Stanley. Avant le début de la finale, le joueur de 37 ans a indiqué qu’il considérait ce parcours comme sa dernière chance de gagner la Coupe, de revivre le sentiment qu’il recherche depuis sa saison recrue.

Il en sait tellement plus aujourd’hui.

« Quand il l’a gagnée la première fois, à sa première année, il s’est dit que c’était facile de gagner la Coupe, a mentionné sa mère Lynn. Mais 14 ans plus tard, il a réalisé que c’est difficile à accomplir. Il y a donc une signification bien différente derrière tout ça. »

*Avec la contribution de la journaliste NHL.com Tracey Myers.