Laraque badge Guillaume

EDMONTON – Quand nous arrivons dans le lobby de l’hôtel du centre-ville d’Edmonton où nous devons le rencontrer, Georges Laraque nous écrit qu’il est posté devant la réception.

Dans une mer de chandails orange et bleu, impossible de repérer l’ancien dur à cuire. On se dit intérieurement que c’est probablement la première fois que quelqu’un a de la difficulté à trouver le gaillard de 6 pieds 4 pouces et 245 livres dans une foule.

Mais il y a une raison pour ça. C’est que « Big Georges » se cache volontairement.

On tourne un coin, et le voilà en train de prendre une photo avec un partisan. Une petite file s’est formée devant lui. Avant même d’avoir pu le saluer, une dame demande au collègue Jean-François Chaumont de la prendre en photo avec l’ancienne vedette des Oilers. Elle est tombée sur le meilleur photographe.

chaumont laraque

« Il faut que je me cache, sinon c’est trop fou », lance Laraque avec son rire habituel.

Laraque nous raconte avoir couru entre sa voiture et le lobby de l’hôtel adjacent au Rogers Place pour éviter la cohue. Il faut dire qu’à deux heures du deuxième match de la finale de la Coupe Stanley entre les Oilers et les Panthers de la Floride, le centre-ville d’Edmonton est envahi par des partisans.

Et le lien est encore très fort entre eux et Laraque, qui y a disputé six saisons complètes.

« J’ai été repêché par les Oilers, et j’ai joué ici longtemps, explique-t-il. Les hommes forts sont appréciés dans leur équipe, et les gens sont encore plus tombés en amour avec moi grâce à mon implication caritative – je faisais trois ou quatre évènements par semaine. Je suis moi aussi tombé en amour avec la ville.

« Je faisais même des vidéos à l’époque pour encourager les joueurs à venir ici. C’était dur de vendre Edmonton avec un hiver à -50. À part le centre d’achats, il n’y a pas grand-chose à faire ici. Mais moi je connaissais tout le monde et j’avais un attachement à la ville. »

Laraque lepage

Les hivers sont encore rudes, mais la réalité est différente, désormais. Avec des vedettes comme Connor McDavid et Leon Draisaitl, les joueurs n’ont plus à se faire prier pour s’établir dans la ville albertaine.

C’est encore plus vrai, maintenant que les Oilers en sont à leur deuxième participation consécutive à la finale de la Coupe Stanley. À la veille du cinquième match qui sera disputé au Rogers Place, samedi, ils sont à deux petites victoires d’une première conquête en 35 ans.

Présent aux deux premiers matchs, Laraque devra faire l’impasse sur cet affrontement puisqu’il sera au tournoi de hockey-balle organisé par BPM Sports, la station de radio où il travaille. Il n’aura donc pas la chance de galvaniser la foule comme il a l’habitude de le faire quand on le montre à l’écran géant.

Malgré ça, l’ambiance risque d’être complètement déjantée – surtout après la spectaculaire remontée et la victoire en prolongation que l’équipe a signée dans le quatrième match.

« L’ambiance est malade, a souligné Laraque. Je suis un des rares qui accepte de faire le fou devant la caméra. La plupart des anciens joueurs sont timides et n’aiment pas ça. Moi j’embarque! Au dernier match, mon fils en était gêné. Il aimait ça quand il était plus jeune, mais à 16 ans, il est rendu trop cool pour ça. »

Laraque Big Screen

Comme en 2006

L’homme fort est habitué à ce niveau de décibels et à tout l’engouement qui s’est emparé de la ville depuis le début du printemps. En 2006, à sa dernière saison avec les Oilers, il avait atteint la finale de la Coupe Stanley. L’équipe s’était inclinée en sept matchs face aux Hurricanes de la Caroline.

Même si la fin reste crève-cœur, les souvenirs de Laraque sont encore vifs. Il sonne même un peu nostalgique du Rexall Place, l’ancien domicile des Oilers.

« C’était encore plus fort en 2006 parce que l’aréna était fermé, s’est-il souvenu. Avant les matchs, les gens gueulaient tellement fort que ça vibrait dans le vestiaire. On n’était pas aussi talentueux à cette époque, mais on rendait l’endroit très intimidant en frappant tout ce qui bougeait dans les 10 premières minutes d’un match.

« Les gens d’Edmonton sont des cols bleus pour la plupart. Ils sont passionnés et ils aiment les équipes travaillantes. Ça donne une ambiance électrisante. Et cette année, on a l’avantage de la glace, on est en santé et on a plus de profondeur. Les partisans sont plus confiants. Ils y croient énormément. »

Laraque y croit aussi depuis un bout. Il a même parié avec son co-animateur Stéphane Gonzalez que ses Oilers allaient remporter la Coupe Stanley. Ce dernier a eu plusieurs occasions de se sortir de la gageure, mais il a refusé jusqu’à ce que la somme atteigne 40 000 $ - le résultat d’un quitte ou double.

Fidèle à son grand cœur, Laraque s’est entendu avec Gonzalez pour que cette somme soit finalement versée à des organismes pour offrir 4000 repas à des personnes itinérantes – que les Oilers gagnent ou perdent.

Le dur à cuire savourera donc une petite victoire, d’une manière ou d’une autre. Mais ce serait encore mieux s’il pouvait célébrer une conquête avec les gens de sa ville d’adoption.