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SUNRISE, Floride – « Le gros but s’en vient. »

C’est le message prophétique qu’avait lancé l’entraîneur Craig Berube, il y a quelques jours, lorsque questionné pour la énième fois au sujet de la disette d’Auston Matthews.

Comme prévu, le gros but est venu. À un moment déterminant pour l’avenir du noyau des Maple Leafs de Toronto, où la pression était à son comble, le capitaine s’est enfin levé pour inscrire le but qui a fait la différence dans une victoire de 2-0 face aux Panthers de la Floride, vendredi.

Grâce à ce but, son premier de la série, elle est égale 3-3, et il y aura un match ultime à Toronto, dimanche. La formation torontoise pourrait accéder à la finale de l’Est pour la première fois depuis 2002.

« C’était un très bon sentiment, a souligné Matthews. J’ai eu de bonnes occasions tout au long de la série. Je devais simplement continuer de tirer et avoir confiance que le tir suivant allait entrer. C’est une grosse victoire pour notre groupe. Nous avons mérité de nous retrouver dans cette situation. »

La marque était immaculée en troisième période et la pression montait de minute en minute quand Matthews a profité d’une passe de Mitch Marner pour s’amener au cercle gauche. Il décoché un tir vif qui a eu raison de Sergei Bobrovsky, impérial jusque-là, entre les jambières.

Il s’agissait seulement de son troisième but de ces séries, son quatrième en 22 matchs éliminatoires.

Le plus ironique, c’est que Matthews avait dû momentanément retraiter au vestiaire en deuxième période après avoir été atteint à l’œil par le bâton d’Aleksander Barkov.

« J’ai eu une petite frousse sur ce jeu, a-t-il expliqué. J’avais un peu de difficulté à bien voir, alors je voulais me faire examiner pour confirmer que tout était en ordre. J’ai ensuite retrouvé une vision décente. »

Il a manifestement retrouvé son compas au même moment. Au grand plaisir des Torontois.

« C’est un énorme but. Énorme », a insisté Max Pacioretty, qui a doublé l’avance des siens. « Personne ne voulait commettre d’erreur à ce moment, on pouvait sentir la tension des deux côtés. C’était un tir incroyable de la part d’un joueur incroyable. C’est pour ça qu’il est notre capitaine. »

C’est un peu l’image parfaite pour illustrer le changement : le nouveau capitaine, nommé l’été dernier, qui délivre les siens alors qu’ils étaient sous le feu des critiques depuis l’humiliant revers de 6-1 subi lors du cinquième match. Alors qu’à peu près tout le monde était prêt à faire imploser le noyau.

Alors que plusieurs voyaient déjà le scénario se reproduire pour une équipe abonnée aux échecs printaniers. Rien n’est encore gagné, mais c’est un pas de plus dans la bonne direction.

Quelle pression?

L’aiguille du baromètre n’a probablement jamais été à un aussi haut niveau que lorsque les Maple Leafs ont sauté sur la patinoire du Amerant Bank Arena, sur le coup de 20 h. Ils ont fait la démonstration qu’ils étaient désormais capables de bien la gérer et de faire fi du bruit extérieur.

« Comme je l’ai répété toute l’année, on se fout de ce qui se dit sur nous, a commenté Marner. On s’occupe de ce qu’on doit faire. C’est ce que j’aime de cette équipe. On a tous confiance les uns envers les autres dans ce vestiaire. On savait que ce ne serait pas facile, et on a été patients avec notre style de jeu. »

Les Maple Leafs sont effectivement restés bien calmes, même si Bobrovsky semblait vouloir continuer de fermer la porte à double tour dès le premier engagament. Ils ont plié, mais n’ont pas cassé dans une deuxième période toute à l’avantage des Panthers. Puis, Matthews s’est levé quand on ne l’attendait plus.

Tout ça, en ne se perdant pas dans des jeux de dentelle et en ne tentant pas d’en faire trop. Ils y sont parvenus en jouant du hockey de séries, comme ils l’avaient fait lors des deux premiers matchs de cette série, deux victoires acquises à Toronto.

« Nous avons joué à notre façon, a résumé Berube. Nous avons joué un match simple. Nous étions déterminés. […] Ça commence avec Auston. Il fait valoir son leadership sur le reste de l’équipe avec sa détermination. Quand les autres l’ont vu aller, ce soir, ils savaient quoi faire. »

À l’instar de son équipe, Joseph Woll a répondu par la bouche de ses canons après sa contre-performance du dernier match. Il a repoussé 22 lancers pour signer le premier jeu blanc de sa carrière en séries. Il s’est notamment signalé en période médiane, quand il a fait face à 12 rondelles.

« Nous avons joué les uns pour les autres, nous avons bataillé et accompli notre boulot ce soir, a conclu Matthews. C’était notre objectif. Nous avons bien géré les hauts et les bas, et Joseph a fait les gros arrêts aux bons moments. C’est une victoire qui a du cran. Beaucoup de cran. »

Maple Leafs vs Panthers | Match no 6 | Résumé

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 31

C’est le nombre de tirs bloqués par les joueurs des Leafs dans cette rencontre – les Panthers en ont bloqué 10. Le compteur a rapidement augmenté en fin de match alors que ces derniers mitraillaient de partout.

Knies incommodé

Rare ombre au tableau chez la formation torontoise, l’attaquant Matthew Knies a semblé incommodé par une blessure pendant la majeure partie de la soirée. Berube a dû gérer son utilisation, et ne l’a pas renvoyé sur la patinoire dans les sept dernières minutes de la rencontre.

L’entraîneur a indiqué qu’il ne savait pas ce qui affligeait son joueur ni s’il pourrait être en uniforme pour le match ultime, dans moins de 48 heures. En 12 matchs dans ces séries, le jeune homme de 22 ans a récolté cinq buts et sept points.

« Plusieurs gars doivent gérer la douleur à ce temps-ci de l’année, a rappelé Marner. Ça n’a pas semblé le ralentir. Il a continué à se battre, et c’est ce que tu veux voir. »

Jouer avec le feu

Les Maple Leafs ont amorcé la rencontre de façon beaucoup plus convaincante qu’au dernier match, mais ils ont joué avec le feu en écopant de deux punitions dans les 10 premières minutes de jeu.

Simon Benoit a été chassé pour obstruction, tandis qu’Oliver Ekman-Larsson s’est fait envoyer au cachot pour avoir fait trébucher. Le désavantage numérique de la formation torontoise a fait du bon travail pour empêcher les locaux d’inscrire le premier but tant recherché.

L’infériorité numérique des Leafs a d’ailleurs blanchi les Panthers en quatre occasions dans la rencontre, et les a limités à seulement un tir en pareille situation. Un exploit digne de mention.

« Ç’a été la même histoire que pour notre jeu à forces égales, a expliqué Paul Maurice. Nous prenions trop de temps à décocher, nous cherchions trop souvent de meilleures options et nos entrées de zone n’étaient pas très propres. Ils ont fait du bon travail, mais nous devons mieux faire. »

À sens unique

Le hockey signature des Panthers n’est jamais bien loin. Au retour du premier entracte, les hommes de Paul Maurice sont revenus à la base : du hockey agressif en fond de zone et de l’échec avant sans retenue.

Ils ont décoché les 10 premiers tirs au but de la période et ont empêché les Leafs de s’approcher de la cage de Bobrovsky. Il aura fallu attendre la marque des 11:35 – et un avantage numérique – pour voir un premier tir des visiteurs, un petit miracle signé Matthews.

« Nous avons bien géré la tempête dans cette période », a souligné Pacioretty.

Aidés par deux jeux de puissance, tout de même infructueux, les Leafs ont finalement enregistré six tirs au but au deuxième tiers contre 12 pour les Panthers.