stutzle lepage

KANATA, Ontario – Le calme était revenu dans les coulisses du Centre Canadian Tire, dimanche matin.

Au lendemain d’une spectaculaire remontée victorieuse face aux Rangers de New York, les joueurs des Sénateurs d’Ottawa ont pris part à un entraînement hors glace dans une ambiance paisible, que seule une alarme d’incendie est venue perturber momentanément.

Tim Stützle, lui, entendait encore le bourdonnement des bruyantes célébrations de la veille après le but de Brady Tkachuk en prolongation – celui qui a permis aux Sénateurs de distancer les Rangers dans l’intense course aux séries.

« C’est le meilleur temps de l’année, a-t-il lancé avec le sourire aux lèvres. J’adore ça, comme tous les gars dans ce vestiaire. Il n’y a rien de mieux que de jouer du hockey significatif. Ça veut tout dire pour nous. »

Si les Sénateurs occupent l’une des deux places de quatrième as dans l’Est, et qu’ils ont l’occasion de se tailler une place en séries, c’est en grande partie grâce à Stützle. L’attaquant de 23 ans est le meilleur pointeur des siens grâce à sa récolte de 65 points, dont 20 buts, en 62 matchs.

En mettant la table pour le but gagnant du capitaine, samedi, il a notamment prolongé à 14 sa série de matchs avec au moins un point, une séquence au cours de laquelle il a amassé cinq buts et 15 aides.

« Il est tellement bon, a résumé Tkachuk. Il est la raison pour laquelle nous avons gagné les deux derniers matchs en prolongation. Je ne crois pas qu’il ait changé quoi que ce soit pendant cette séquence. Il est très confiant, et je sais qu’il jouera un rôle crucial pour notre équipe d’ici la fin de la saison. »

NYR@OTT: Tkachuk donne la victoire aux Sénateurs avec son deuxième du match

Parce que Stützle se lève au moment où les choses se corsent. Au moment où ça compte le plus.

« Cette séquence veut dire que nous sommes dans la course, a-t-il souligné. C’est tout ce qui m’importe. »

Vous aurez compris que la vedette allemande n’est pas du genre à s’épancher longuement sur ses succès personnels. Il y a toutefois quelque chose dans ceux-ci qui traduisent à merveille sa progression, non seulement sur la patinoire, mais surtout au chapitre de la maturité.

Stützle a déjà prouvé qu’il pouvait être un moteur offensif dans cette Ligue – il a terminé sa troisième saison avec 39 buts et 90 points. Ce n’est donc pas nouveau. Mais quelque chose de plus l’anime désormais, et son apport ne se mesure plus que sur la feuille de match.

« Ce qui m’impressionne le plus, c’est son engagement dans les deux sens de la patinoire, a observé le défenseur Thomas Chabot. Il est encore jeune et il affronte les meilleurs éléments adverses, soir après soir. Malgré ça, il trouve toujours une façon de contrôler le match et de montrer qu’il est le meilleur sur la glace. »

C’est notamment ce qui a poussé le directeur général Steve Staios à procéder à des acquisitions clés à la date limite – Dylan Cozens, Fabian Zetterlund et Dennis Gilbert – pour aider cette équipe, menée par Stützle, à se qualifier pour les séries éliminatoires pour la première fois en huit ans.

« Sa compréhension de ses responsabilités sans la rondelle s’est vraiment améliorée, a fait valoir le patron. On voit sa détermination dans son jeu défensif. Il a un énorme talent, et il génère des chances chaque fois qu’il est en possession, mais il accorde encore plus d’importance à la façon dont il récupère le disque.

« Il a élevé son jeu d’un cran, et le reste de l’équipe aussi. On peut clairement voir leur volonté de gagner. »

Gagner pour la ville

Stützle a compris qu’il ne suffisait pas de récolter des points pour s’établir comme un joueur dominant dans la Ligue, ou pour aider son équipe à franchir une nouvelle étape.

« Comme équipe, on accorde beaucoup plus d’importance au jeu défensif, a reconnu le natif de Viersen. C’est ça, la clé. J’ai l’impression que l’amélioration de mon jeu défensif a eu un énorme impact sur ma constance. Mais je sais que j’ai encore du chemin à faire et que j’ai un potentiel encore plus grand. »

S’il continue d’avancer tout en ayant ce genre d’impact, les Sénateurs seront en voiture.

Après avoir vécu quatre saisons de misère depuis qu’il a déménagé ses pénates dans la capitale fédérale, Stützle a décidé qu’il était temps pour la formation ottavienne d’enfin voir la lumière au bout du tunnel.

Il sent l’excitation grimper dans la ville, et il cache mal sa fébrilité, à l’amorce de la dernière ligne droite.

« Ça signifierait absolument tout pour moi de jouer en séries, a-t-il conclu. J’aime cette ville, j’aime les partisans et j’aime cette équipe. Ce n’est que le début. On construit quelque chose de grand ici. On doit se serrer les coudes, peu importe ce qui arrive. Les 20 prochains matchs seront énormes pour nous. »