Le Repêchage 2025 de la LNH présenté par Upper Deck se tiendra les 27 et 28 juin au L.A. Live's Peacock Theater de Los Angeles. La première ronde se tiendra le 27 juin (19 h HE; ESPN, ESPN+, SN, TVAS) tandis que les rondes 2 à 7 auront lieu le 28 juin (12 h HE; NHLN, ESPN+, SN, SN1). LNH.com vous aide à vous préparer à ce repêchage en vous offrant des profils des principaux espoirs qui y sont admissibles, grâce à des entrevues réalisées dans le cadre de la Séance d’évaluation des espoirs de la LNH (Combine) au KeyBank Center de Buffalo, qui s’est tenue du 1er au 7 juin.
L'entièreté de la couverture du LNH.com en vue du repêchage se trouve ici.
BUFFALO - Il n’y a pas de doute, Haoxi Wang est l’espoir le plus mystérieux de la cuvée 2025.
À 6 pieds 6 pouces et 215 livres, Wang était difficile à manquer pour ceux qui l’ont croisé dans les couloirs du KeyBank Center lors de la Séance d’évaluation des espoirs de la LNH, mardi à Buffalo.
Mais ce qui retient avant tout l’attention, c’est son histoire. Absolument rien ne prédestinait le jeune homme de Pékin, en Chine, à devenir un hockeyeur. Et pourtant, le défenseur des Generals d’Oshawa devrait devenir le joueur d’origine chinoise repêché le plus hâtivement dans la LNH, les 27 et 28 juin prochains, lui qui est classé au 34e rang des espoirs nord-américains par le Bureau central de dépistage.
Wang a découvert le hockey à l’âge de quatre ans, alors qu’il demeurait à Pékin. C’est un ami de la maternelle qui lui a parlé « d’un sport extrêmement cool auquel il avait commencé à jouer. »
« Je suis allé voir un de ses entraînements et j’ai dit à ma mère que j’étais en amour avec ce sport », a-t-il raconté dans un excellent anglais.
Mais des patinoires à Pékin, il n’en pleut pas. Afin d’apprendre à jouer au hockey, Wang et sa mère Willa devaient parcourir de longues distances pour trouver un aréna, ce qui empêchait son fils d’être souvent sur la glace.
Le hasard a toutefois bien fait les choses. En 2015, la ville de Pékin a remporté le vote pour organiser les Jeux olympiques de 2022, et il fallait construire de nombreuses infrastructures pour permettre aux athlètes de s’entraîner et former la relève.
Dont des arénas.
Et ce n’est nulle autre que la mère de Wang qui a pris la balle au bond. Avec ses associés, elle a réussi à convaincre le gouvernement de l’aider à bâtir une patinoire qui allait être située beaucoup plus près du domicile familial. Wang a finalement pu y donner ses premiers coups de patin à l’âge de 10 ans.
« Elle a vu qu’il allait y avoir une explosion du hockey, en plus de la tenue des Olympiques d’hiver, a expliqué le défenseur de 17 ans. Elle a fondé un club de hockey, mais aussi un club de patinage artistique. C’est pourquoi j’ai eu accès à ces incroyables infrastructures pour m’entraîner quand j’étais enfant, ce qui m’a permis de développer plusieurs éléments de base du jeu. »
Willa n’en avait pas terminé, puisqu’elle est aujourd’hui propriétaire d’une demi-douzaine de patinoires dans le pays.
Mais l’enseignement en Chine avait ses limites. À l’âge de 12 ans, Wang a décidé de déménager avec des amis de la famille qui étaient établis à Toronto afin de poursuivre son développement. Il a finalement disputé ses premiers matchs dans la Ligue de hockey junior de l’Ontario (OJHL) à 15 ans avec un plan clair : évoluer dans la NCAA, préférablement avec l’Université de Boston.
Pourquoi l’Université de Boston? Parce que son frère ainé de 12 ans – qui n’est pas un athlète – a étudié à cet endroit et il est tombé amoureux de la ville.
C’est pourquoi Wang a opté pour le niveau junior A plutôt que la Ligue de hockey de l’Ontario (OHL), où il avait été repêché en cinquième ronde par les Generals. Et pour l’aider à progresser vers la NCAA, sa mère a opté pour une solution plutôt drastique! Elle a acheté l’équipe de son fils, les 99ers de Brantford, qu’elle a ensuite déménagée à King, 150 km plus au nord, et renommée la Rebellion.
Après 38 matchs cette année, Wang avait amassé 22 points, 15 de plus que lors de la saison précédente, et il avait atteint son but : il avait été recruté par les Terriers de l’Université de Boston.
Mais tout a changé en novembre quand la NCAA a annoncé que ses équipes allaient dorénavant pouvoir recruter des joueurs ayant évolué dans la Ligue canadienne de hockey (LCH). Wang a immédiatement décidé d’en profiter et s’est joint aux Generals le 3 décembre.
Pour les Generals, c’était un cadeau de Noël avant le temps. Les défenseurs de son genre ne courent pas les rues. C’était aussi un cadeau pour les dépisteurs de la LNH, qui allaient pouvoir l’évaluer face à un calibre supérieur.
Plus vert que vert
La saison de la OHL tirait à sa fin lorsque Mario Pouliot s’est joint aux Generals à titre d’entraîneur associé. Pouliot en a vu du hockey, lui qui a remporté la Coupe Memorial à deux reprises et qui a été nommé entraîneur de l’année dans la LCH et la Ligue de hockey junior majeur du Québec en 2018-19, alors qu’il dirigeait les Huskies de Rouyn-Noranda.
L’homme de hockey de 61 ans n’a que de bons mots pour Wang.
« C’est un ‘kid’ extraordinaire, a lancé Pouliot. Il a une éthique de travail de haut niveau. C’est toujours le premier sur la glace et le dernier sorti. Il travaille toujours sur quelque chose. Ça ne fait pas longtemps qu’il joue au hockey, et il a pris les bouchées doubles. Il patine avec fluidité, il est réellement rapide pour sa grosseur. Il est très mobile. Il peut jouer tous les styles de jeu. »
Wang a finalement obtenu deux passes lors des 32 matchs en saison régulière avec les Generals, puis trois autres en 21 rencontres en séries. Mais il ne faudrait surtout pas s’emporter avec cette faible production. Les Generals étaient une équipe mature qui a atteint la finale de la OHL. Il sera d’ailleurs de retour à Oshawa la saison prochaine pour jouer un plus gros rôle, quitte à retarder son entrée à l’université d’une année.
Même s’il n’était utilisé que sporadiquement en séries, Wang a retenu beaucoup du périple en éliminatoires des Generals.
« J’ai compris que la marge de manœuvre est extrêmement mince et que chaque erreur pourrait coûter le match. Il faut rester dans le présent, être allumé et avoir confiance en soi, a dit Wang. Je ne pense pas avoir montré le meilleur de moi-même, mais j’ai montré ma résilience, que ce soit quand je jouais beaucoup, 10 minutes, sept minutes ou seulement 46 secondes comme lors du dernier match. »
Comme pour plusieurs recruteurs, Pouliot a de la difficulté à trouver un comparatif pour le défenseur que deviendra Wang. Il est tout simplement trop tôt, mais une chose est certaine, son potentiel fera assurément de lui un joueur désiré. La preuve, il a été nommé sur la deuxième équipe des recrues de la OHL au terme de la saison.
« Le club qui va le repêcher le fera en fonction de la projection qu’il fera de lui, a dit Pouliot. Comme il n’a pas le plus gros bagage d’expérience, c’est un peu tôt. C’est un gros bonhomme, il se place bien, il est fort physiquement. Des défenseurs comme lui sont une denrée très recherchée. Ces gros bonshommes-là, tu en as toujours besoin. Regardez la grandeur et la grosseur des défenseurs des Panthers de la Floride en finale (de la Coupe Stanley). »
Une immense adaptation
Vous vous en doutez, l’adaptation de Wang n’a pas été des plus simples. Le saut pour un joueur européen qui s’amène en Amérique du Nord est immense, mais au moins, le chemin a déjà été défriché. Mais pour un Chinois? Ce chemin n’existe tout simplement pas. Seuls deux autres joueurs nés en Chine ont été repêchés dans la LNH : Andong Song par les Islanders de New York en sixième ronde en 2015 et Kevin He par les Jets de Winnipeg en quatrième ronde l'an dernier.
D’ailleurs, si vous consultez certains articles au sujet de Wang, vous pourrez lire qu’on fait référence à lui sous le nom de Simon, plutôt que Haoxi. Comment expliquer cette différence?
« Je suis allé à la maternelle internationale (à Pékin), et c’est le nom anglais qu’on m’a donné à mon premier jour », a-t-il résumé, sans trop savoir pourquoi cette décision avait été prise à l’époque, mais qu’il ne s’agissait pas de la traduction du nom Haoxi.
Il a donc utilisé ce nom à son arrivée en Amérique du Nord, mais il veut maintenant revenir à ses racines en utilisant Haoxi, a-t-il indiqué.
Wang devait aussi s’adapter à la culture du hockey, que ce soit l’attitude sur la glace, le jargon des joueurs ou même l’habillement. D’ailleurs, il détonait du lot à la Séance d’évaluation, lui qui portait le veston cravate comme s’il était tout droit sorti de chez Henrik Lundqvist. Son approche est tout aussi sérieuse.
« C’est un professionnel, il est à son affaire et il fait ses trucs à lui, a souligné Pouliot. Il a le gabarit, c’est une personne de qualité, son coup de patin est de qualité, et ça ne le dérange pas d’aller dans le trafic aussi. Son lancer est bien aussi, et il ne lui reste qu’à améliorer sa gestion de la rondelle. L’expérience va l’aider, et surtout, grâce à son éthique de travail, ça va l’amener à un endroit très intéressant. »
Pour la prochaine génération
Wang sera un des premiers Chinois à tenter de défricher ce chemin vers la LNH et il est conscient de l’impact qu’il pourrait avoir chez les jeunes Chinois et le développement du hockey dans le pays de 1,411 milliard de personnes durant sa carrière, mais aussi par la suite.
Et le plus beau, c’est que lorsque les matchs sont disputés en soirée dans la LNH, c’est le matin de l’autre côté de la planète, à Pékin. Les enfants pourraient donc le voir à l’œuvre en déjeunant le matin.
L’avenir semble déjà tracé pour Wang, et les patinoires bâties par sa mère devraient lui donner un coup de main à atteindre son objectif dans une vingtaine d’années.
« Je pense que lorsque ma carrière de joueur va être terminée, je vais retourner en Chine pour aider à développer la prochaine génération de joueurs afin de la faire venir en Amérique du Nord et lui offrir tout ce dont elle a besoin pour lui permettre de connaître du succès », a-t-il conclu.