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Pierre-Luc Dubois : Les victoires avant le Calder

L'attaquant de 19 ans des Blue Jackets affiche une maturité que John Tortorella apprécie au plus haut point, même en séries

par Marc Tougas / Collaborateur LNH.com

L'attaquant des Blue Jackets de Columbus Pierre-Luc Dubois n'a aucune chance de remporter le trophée Calder cette année. N'empêche qu'à entendre parler son entraîneur John Tortorella, jamais celui-ci ne voudrait l'échanger pour un autre joueur de première année - ni Mathew Barzal, ni Clayton Keller, ni personne.

Dubois ne sera pas nommé recrue de l'année dans la LNH parce que les statistiques ne militent pas en sa faveur. Il a terminé 12e au classement des marqueurs des recrues en 2017-18, avec un total de 48 points (20 buts, 28 passes). Ç'a lui a valu de terminer deuxième marqueur chez les attaquants des Blue Jackets et de rééditer le record d'équipe pour les buts en une saison par une recrue, qui appartenait jusqu'ici à Rick Nash. Impressionnant, mais pas assez pour attirer l'attention des membres de l'Association professionnelle des chroniqueurs de hockey qui participent au scrutin.

Mais si le vote revenait aux entraîneurs, ou du moins à ceux de la section Métropolitaine - ceux qui l'ont affronté le plus souvent cette saison - l'histoire serait sans doute bien différente. Car Dubois ne se distingue peut-être pas par les buts et les passes, mais plutôt par les petites choses qu'il fait sur la patinoire. Les petites choses qui passent inaperçues… sauf aux yeux des entraîneurs, justement.

C'est ce qui fait que Tortorella a autant confiance en lui et lui donne des minutes de jeu importantes.

D'ailleurs, Dubois fait partie d'un groupe de seulement six recrues à avoir disputé chacun des 82 matchs de leur équipe respective cette saison dans la LNH. Il a eu droit à 16:38 de jeu par match cette saison, la sixième moyenne chez les attaquants recrues de la Ligue… et la deuxième chez les attaquants recrues qui évoluent au sein d'une équipe qui a accédé aux séries éliminatoires de la Coupe Stanley.

C'est en quelque sorte un trophée en soi pour le Québécois de 19 ans, qui joue sous les ordres d'un entraîneur qui n'hésite pas à emprunter la ligne dure avec ses joueurs, notamment en leur faisant visiter la galerie de presse jusqu'à ce qu'ils apprennent la « bonne façon » de jouer au hockey.

Mais voilà, contrairement à un bon nombre des joueurs de son âge, Dubois sait déjà comment jouer de la « bonne façon ».

« Il a une force mentale qu'on ne voit pas souvent chez les jeunes de 19 ans, et qui l'amène non seulement à accepter les responsabilités qu'on lui donne, mais à en vouloir plus », a indiqué Tortorella, qui donne souvent la façon de jouer de Dubois en exemple lors des séances d'analyse vidéo en groupe. « Il n'est pas comme les autres. Normalement, tu dois faire attention avec les jeunes, mais il m'a montré au fil de la saison qu'il était capable d'apprendre vite et qu'il avait déjà cette force mentale. »

Par conséquent, Dubois a monté les échelons beaucoup plus vite que prévu chez les Blue Jackets. Le plan initial à l'automne était de le faire jouer à l'aile au sein d'un des deux derniers trios, question de lui permettre de s'adapter à la LNH en douce. Mais les circonstances ont fait que les Blue Jackets avaient besoin de renforts au centre, si bien que c'est ce poste que Tortorella lui a confié pour la première fois le 2 novembre. À partir de là, Dubois est allé de promotion en promotion, passant du quatrième au premier trio au fur et à mesure qu'il montrait non seulement qu'il était capable de jouer en compagnie de joueurs offensifs de premier plan (Artemi Panarin et Cam Atkinson sont ses habituels partenaires au sein du premier trio), mais aussi d'en affronter.

« Il est probablement devenu un de nos meilleurs joueurs sur l'ensemble des 200 pieds de la patinoire », a souligné Tortorella au cours d'une entrevue avec NHL.com.

Non seulement la tendance s'est-elle poursuivie en séries, elle s'est accentuée. Dubois a eu droit à 23:20 de temps de glace en moyenne lors des deux premiers matchs de la série du premier tour contre les Capitals de Washington, le troisième total chez les attaquants des Blue Jackets, et a été opposé surtout à Nicklas Backstrom ou Evgeny Kuznetsov. Il a récolté deux mentions d'aide au passage et il affiche un différentiel de plus-2.

Qui plus est, les Capitals ont marqué seulement deux buts à armes égales jusqu'ici dans la série, aucun par leurs deux premiers trios. Les Blue Jackets ont quant à eux inscrit cinq buts à cinq contre cinq, dont celui de Panarin en prolongation lors du premier match… avec l'aide de Dubois.

Video: CBJ@WSH, #1: Panarin procure la victoire à Columbus

L'athlète de Sainte-Agathe-des-Monts a donc eu son mot à dire dans le bon départ des Blue Jackets dans cette série quatre de sept, qu'ils mènent 2-0 au moment où celle-ci se transportera à Columbus, mardi soir, en vue de la troisième rencontre (19 h 30 HE ; TVA Sports, SN360, NBCSN, FS-O, NBCSWA).

« Il semble être un joueur très intelligent et retirer beaucoup de fierté de son jeu défensif, a dit Backstrom de Dubois. Ce ne sont pas tous les joueurs de 19 ans qui font ça. »

Dubois, lui, préconise la même approche en séries éliminatoires de la Coupe Stanley qu'il l'a fait en saison régulière.

« Il y a un peu plus de pression, mais j'aime gagner, a dit le colosse de 6 pieds 3 pouces. Je n'aime pas perdre, alors à tous les matchs je donne tout parce que je veux absolument gagner. Maintenant, on est en séries, mais je ne change pas ma façon de voir les choses. Je veux juste aider mon équipe à gagner. Que ce soit le premier match ou le septième match de la série, je pense que c'est la même chose. »

Video: Dubois discute de son premier match en séries

Les Blue Jackets n'ont jamais remporté une série éliminatoire depuis le début de leur histoire, mais ils semblent bien partis pour le faire cette fois. Et plus leur parcours sera long, plus Dubois risque de sortir de l'ombre. Plus Columbus fera taire les doutes quant à sa capacité de bien faire en séries, plus les gens remarqueront les petites choses que Dubois fait pour se rendre utile.

Mais Dubois n'a pas besoin des feux de la rampe pour se sentir apprécié. Il a l'habitude de passer relativement inaperçu. C'est le cas depuis qu'il est devenu un membre des Blue Jackets, lui qui a été réclamé au troisième rang du repêchage 2016 de la LNH, derrière Auston Matthews et Patrik Laine.

Pendant que ces deux derniers ont accédé à la LNH dans l'immédiat et brillé de tous leurs feux, Dubois a continué de faire son petit bonhomme de chemin - et de faire ses classes - dans la LHJMQ, avec Cap-Breton et Blainville-Boisbriand. Il a alors amassé 55 points (21 buts, 34 passes) en 48 matchs. C'est donc pourquoi il a entrepris la présente saison dans la LNH dans un relatif anonymat, à l'échelle de la Ligue du moins.

« C'est pas mal comme ça depuis le début de ma carrière, a noté Dubois. Je ne cherche pas vraiment à impressionner les gens. Je veux juste bien jouer. Je n'ai jamais été celui dont tout le monde parlait, alors ça ne m'a jamais dérangé. Je sais ce que je peux faire. Je connais mon potentiel. »

Dubois a l'estime de son entourage immédiat et c'est tout ce qui lui importe.

« Si nos dépisteurs l'aimaient autant, et si nous l'avions aussi haut dans notre liste (en vue du repêchage), c'est en raison du caractère qu'il affiche, a souligné le directeur général des Blue Jackets Jarmo Kekalainen. Sa détermination, son esprit de compétition et sa force de caractère sont des qualités qu'on voit de plus en plus chez lui, au fur et à mesure qu'il gagne en confiance et montre à tout le monde qu'il peut être un bon joueur et faire la différence dans un match. »

Donc, pas grave si Dubois ne remporte pas le Calder. Il a un autre trophée dans sa mire.

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