TORONTO – Il y a un peu plus d’un an jour pour jour, le nouveau président et chef de la direction de Maple Leafs Sports & Entertainment Keith Pelley a lancé un message fort en parlant de sa vision pour les Maple Leafs de Toronto après une autre élimination en première ronde des séries éliminatoires de la Coupe Stanley.
« Il n’y a pas de complaisance. Nous ne sommes pas ici pour vendre des chandails. Nous sommes ici pour gagner », avait proclamé Pelley le 10 mai 2024.
Mercredi, 369 jours après avoir prononcé ces mots, Pelley a regardé un chandail d’Auston Matthews être lancé sur la glace par un partisan mécontent, un témoignage de dégoût envers le manque d’effort des Maple Leafs dans une défaite de 6-1 contre les Panthers de la Floride dans le match no 5 de leur série de deuxième ronde au Scotiabank Arena.
Cette défaite les a poussés au bord d’une autre élimination hâtive des séries, alors qu’ils ont pourtant remporté les deux premières rencontres de la série.
Ce n’est certainement pas le plan que Pelley et la direction des Maple Leafs avaient en tête.
Et il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils acceptent un tel rendement.
À ce titre, l’héritage de cette édition des Maple Leafs, dont le noyau est composé des attaquants Auston Matthews, Mitch Marner, William Nylander et John Tavares ainsi que du défenseur Morgan Rielly depuis 2018, pourrait être cimenté dans les prochains jours.
Les Maple Leafs peuvent encore changer leur réputation d’équipe incapable de livrer la marchandise en séries en venant de l’arrière contre les champions en titre de la Coupe Stanley, une quête qu’ils entreprendront lors du match no 6 au Amerant Bank Arena vendredi (20 h HE; TVAS, CBC, SN, MAX, truTV, TNT).
S’ils le font, ce qu’ils accompliront ensuite lors des séries 2025 sera considéré comme un bonus.
Mais s’ils sont éliminés dans le match no 6 en Floride ou dans un match ultime à la maison dimanche, des changements majeurs pourraient survenir. Ça pourrait très bien être la fin de ce groupe tel qu’on le connaît.
L’un des éléments les plus troublants de ce revers dans le match no 5 est l’image négative qui s’en est dégagé, alors que des partisans ont quitté le Scotiabank Arena en deuxième période. Les chandails lancés sur la glace n'ont fait qu'ajouter une couche.
« C’est difficile de voir ça », a admis le défenseur Morgan Rielly, jeudi. « Ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent.
« De notre côté, nous devons nous améliorer et mieux jouer. Nous nous attendons à avoir une équipe qui va gagner et compétitionner. Et quand ça ne se produit pas, tout le monde est frustré. »
Si quelqu’un a le droit d’être frustré, c’est bien l’entraîneur Craig Berube.
À partir du moment où il a remplacé Sheldon Keefe le 17 mai 2024, il a promis que cette équipe serait différente. Dans son style, son attitude et son effort. Durant ses nombreux points de presse au cours de la saison, Berube a répété deux points en particulier : la nécessité de jouer nord-sud et l’importance de gagner les batailles pour la rondelle.
Après avoir vaincu les Sénateurs d’Ottawa en six parties en première ronde et remporté les matchs no 1 et 2 de cette série, les Maple Leafs ont de moins en moins mis en pratique ces deux piliers de leur plan de match. Le point culminant est survenu avec la défaite dans le match no 5. Une question s’impose : pourquoi les joueurs ont-ils arrêté de pratiquer le style que leur entraîneur prône, surtout qu’il s’était prouvé efficace en début de série?
« C’est décevant pour tout le monde, incluant les joueurs », a affirmé Berube jeudi. « Ils veulent bien faire. Ils veulent faire la bonne chose. Mais parfois, quand tu amorces un match important, qui est à domicile en plus, tu réfléchis trop.
« Tu dois faire confiance à ta structure et ton système de jeu. Ça te permet d’arrêter de réfléchir. Tu te concentres alors à jouer. Arrête de penser. Joue et sois agressif. Tu ne peux pas ne pas être agressif. »
Il a ensuite pris une pause avant de formuler cette promesse.
« Nous serons meilleurs dans le match no 6 », a-t-il assuré.
Il le faudra.
Sinon, des changements pourraient survenir. Et rapidement.
À première vue, Berube et Brad Treliving, qui en est à sa deuxième saison comme directeur général de Toronto, semblent en sécurité. Les Maple Leafs (52-26-4) ont terminé au premier rang de la section Atlantique avec 108 points à la première saison de Berube derrière le banc. Treliving a solidifié la brigade défensive avec la mise sous contrat d’Oliver Ekman-Larsson l’été dernier, l’échange pour Chris Tanev au repêchage de l’année dernière et la transaction ayant amené Brandon Carlo à la plus récente date limite des échanges.
Mais qu’en est-il du président Brendan Shanahan? Depuis qu’il a été embauché le 11 avril 2014, les Maple Leafs ont remporté seulement deux séries, même avec la présence de joueurs d’exception comme Matthews, Marner, Tavares et Nylander.
Et qu’arrivera-t-il dans le cas de joueurs comme Marner et Tavares, qui pourraient tous les deux devenir joueurs autonomes sans compensation le 1er juillet? Seront-ils de retour? Marner pourrait empocher un salaire annuel de 13 millions $ avec son prochain contrat s’il profite de son autonomie complète.
Toute la saison, on a martelé que cette équipe était différente. Et quand les Maple Leafs ont franchi la première ronde, on s’est dit que oui, cette équipe était peut-être différente en fin de compte.
Le vrai test, toutefois, allait être contre les Panthers.
Et dans la deuxième moitié de cet affrontement, surtout lors des deux derniers matchs, les Maple Leafs ont été dominés 8-1 sur la feuille de pointage et ont dangereusement ressemblé à l’équipe qui n’a pas franchi la deuxième ronde depuis 23 ans.
Nylander est sous contrat jusqu’en 2032 et Matthews jusqu’en 2028. Derrière eux, personne ne semble intouchable.
En janvier, la LNH et l’Association des joueurs de la LNH ont annoncé que le plafond salarial s’élèvera à 113,5 millions $ en 2027-28. Avec l’espace sous le plafond salarial qui augmentera rapidement, est-ce que les Maple Leafs auront le cran de faire des changements majeurs à leur formation, excluant Matthews et Nylander, et d’aller dans une direction différente?
L’édition actuelle pourrait rendre cette question inappropriée en gagnant les deux prochains matchs et en atteignant la finale de l’Association de l’Est pour la première fois depuis 2002, quand ils avaient affronté les Hurricanes de la Caroline. Dans un tel scénario, aucun doute qu’on continuerait à toute vitesse dans la même direction.
Mais une élimination après la performance moribonde du match no 5 pourrait entraîner des changements profonds.
Après tout, ce n’est pas ce genre de performance que Pelley envisageait il y a un an.
Et ce n’est pas le genre de performance qu’il acceptera.