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TORONTO – Il y a une semaine à peine, les joueurs de Maple Leafs de Toronto avaient défilé fièrement devant les médias dans leur vestiaire, gonflés à bloc par leurs deux victoires d’entrée de jeu dans cette série face aux Panthers de la Floride.

Sept jours plus tard, et après être passés à un but en prolongation de prendre une avance de 3-0 contre les champions en titre, les membres du noyau dur de l’équipe ont bravé la tempête après une troisième défaite de suite – une véritable humiliation de 6-1 devant leurs partisans.

Ils feront maintenant face à l’élimination, vendredi, en terres floridiennes. Drôle comme les choses changent vite au royaume des Leafs, n’est-ce pas?

« Il n’y a pas vraiment d’excuse ou d’explication à ce qui s’est produit ce soir, a débité le capitaine Auston Matthews, sans émotion. Il y a une chose que nous pouvons faire maintenant. C’est d’effacer ça et d’aller gagner un match en Floride pour prolonger notre saison. »

On connaît bien ce cliché. La question est plutôt de savoir comment ce groupe peut se relever d’un tel affront.

Parce que cette soirée a rapidement pris des airs d’enterrement. Les huées ont commencé en deuxième période, quand les visiteurs ont pris une avance de 4-0, et se sont intensifiées jusqu’à la cloche finale. À ce moment, il devait rester à peine la moitié des amateurs dans les gradins du Scotiabank Arena.

« C’est ça qui est ça, a résumé Mitch Marner. Je ne me concentre pas sur la foule. Je me concentre sur l’équipe et sur ce que je peux faire pour l’aider. Ce soir, ce n’était pas assez bon de notre point de vue. Ce n’était même pas proche d’être assez bon. On doit rentrer à la maison et envoyer ça aux toilettes. »

C’est à peu près le seul endroit où l’on pourrait conserver des souvenirs de ce triste spectacle.

Le gardien Joseph Woll a été applaudi sarcastiquement à la suite d’arrêts de routine, et la foule a célébré quand il a été chassé du match en troisième période au profit de Matt Murray. Woll n’est pas entièrement à blâmer, quoiqu’il n’a pas fait la différence aux moments clés comme son vis-à-vis Sergei Bobrovsky.

Puis il y a eu le fameux lancer du chandail sur la patinoire, désormais une tradition printanière dans la ville reine. Le premier, un orné du nom de Matthews, a été tiré sur la glace après le cinquième but des Panthers en troisième période, et quelques autres ont suivi vers la fin de la rencontre.

« Je ne pense pas qu’on leur a donné beaucoup de raisons de rester à leur siège », a reconnu Matthews.

Si les partisans, si confiants que cette année était enfin celle des Leafs, ne croient plus en leurs chances, qu’en est-il dans le vestiaire? On parle quand même d’un groupe qui a beaucoup d’antécédents en termes de débâcles en séries éliminatoires.

Tout indique que cette série rejoindra bientôt les autres dans les livres d’histoire.

FLA vs TOR | Match no 5 | Résumé

« Nous avons joué du bon hockey pendant toute la saison, a défendu Nylander. Nous nous sommes battus. Je crois que nous l’avons en nous. Il faut simplement tout laisser sur la glace. Il faut aborder les choses un match à la fois, une présence à la fois. C’est tout ce qu’on doit faire. »

Les Maple Leafs auront une journée de voyagement pour retourner à la table à dessin et trouver un moyen de stopper des Panthers, qui ont véritablement trouvé leur erre d’aller. La réflexion était d’ailleurs déjà commencée quant aux aspects qui ont cloché dans cette contre-performance.

« On a été mous sur plusieurs jeux, on n’a pas travaillé assez fort, on leur a donné trop de chances autour de notre filet, a enchaîné Marner. La liste est plutôt exhaustive. »

Une première qui laisse des traces

Après la rencontre, l’entraîneur-chef Craig Berube a plutôt pointé vers la première période pour tenter d’expliquer comment ses hommes en étaient arrivés là.

« C’est difficile à expliquer, a reconnu le pilote. Nous devons tous être meilleurs, et je m’inclus là-dedans. On ne peut pas amorcer le match de cette façon. C’est la chose la plus importante pour moi. Ç’a donné le ton au reste du match. […] Je ne crois pas qu’ils soient sortis plus forts qu’à l’habitude, pour être honnête.

« Je pense qu’on les a laissés sortir de cette façon. On est restés plantés là et nous les avons regardés. »

C’est une excellente façon de résumer cette période. Les Panthers ont étouffé les Maple Leafs avec une pression constante en échec avant, et ont complètement fermé le jeu défensivement. Les seules chances des locaux dans cette période sont survenues sur la contre-attaque.

Mais c’était encore un match d’un but après ces 20 longues minutes. Et les Leafs ont eu des chances. On se souviendra de l’échappée de Nylander alors que la marque était immaculée en première, et du poteau frappé par Scott Laughton qui aurait créé l’égalité en début de deuxième.

Quelques instants plus tard, ce même Laughton faisait dévier le tir de Dmitry Kulikov derrière son gardien, et la chaîne débarquait complètement. Les Leafs ont eu l’air de plier bagage pour le match numéro 6.

« On a eu des chances quand le match était serré, a relativisé Nylander. C’est la seule chose qu’on peut retenir de cette soirée. On était là à ce moment, et on l’a laissé filer. »

EN PROLONGATION

Le chiffre du match : 7:53

C’est le temps que ç’a pris aux Panthers pour marquer trois buts en deuxième période et mettre le match hors de portée des Maple Leafs. Kulikov, Jesper Boqvist et Niko Mikkola ont touché la cible.

Matthews, encore blanchi

Il s’est maintenant joué cinq matchs dans cette série, et Matthews est toujours à la recherche de son premier but contre la formation floridienne. Il n’en a que deux lors de ce parcours éliminatoire, et trois à ses 21 dernières rencontres en séries.

Le capitaine des Maple Leafs n’a pas fait bien mieux que ses coéquipiers, mais il a tout de même cogné à la porte à quelques reprises. Il a notamment été frustré deux fois de suite par Bobrovsky à l’embouchure du filet en milieu de deuxième. Le gardien a sorti la jambière droite, puis la gauche, avec brio.

Matthews, qui est visiblement ennuyé par une blessure, a conclu la rencontre avec six tirs au but, le plus haut total chez les Leafs à égalité avec Nylander.

La muraille reconstruite

Bobrovsky est passé à 1:06 de signer un deuxième jeu blanc de suite, mais Nick Robertson en a décidé autrement. L’attaquant de 23 ans a inscrit le premier but de sa carrière en séries pour enfin donner aux partisans – ceux qui étaient toujours là – de quoi se mettre sous la dent.

Ce dernier disputait un premier match depuis le deuxième de la série de premier tour face aux Sénateurs.

La séquence parfaite du gardien des Panthers s’est ainsi arrêtée à 143:25 après qu’il eut donné pas moins de neuf buts dans les deux premiers matchs de la série. Le gardien a réalisé de spectaculaires arrêts, c’est vrai, mais il faut souligner le resserrement défensif qui s’est produit devant lui.

« Sergei est toujours susceptible d’entrer dans sa zone », a indiqué Maurice avec le sourire.

La profondeur paie

Pendant que les gros canons se retrouvent sous les projecteurs du côté des Maple Leafs, ceux des Panthers filent le parfait bonheur. Et ils n’ont pas eu à remplir le filet pour savourer la victoire.

Leur apport n’est pas à négliger, mais quatre de six buts de la formation floridienne ont été marqués par des joueurs qui n’avaient pas touché la cible, ce printemps : Kulikov, Boqvist, Mikkola et A.J. Greer. Aaron Ekblad, son deuxième, et Sam Bennett, son sixième, ont aussi pris part à la fête.

« Ces gars de soutien travaillent fort, a vanté Paul Maurice. Ils ne se retrouvent toutefois pas à la une des magazines. C’est spécial quand ils marquent. »

Pendant ce temps, aucun des joueurs des deux derniers trios des Maple Leafs – à l’exception de Max Domi et de Robertson – n’a contribué à l’attaque depuis le début de la série. Elle est là, entre autres, la différence.