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MONTRÉAL – Dès qu’il a vu que quelque chose clochait dans la manière dont se comportait Samuel Montembeault, Jakub Dobes a eu le bon réflexe. Il s’est levé de son confortable siège au bout du banc des Canadiens de Montréal pour commencer sa routine d’échauffement.

Quelques minutes plus tard, à son 63e départ de l’année, Montembeault a été contraint de céder sa place à son adjoint en raison d’une blessure qui l’incommodait manifestement depuis déjà quelques minutes.

La marque était alors de 2-2 en milieu de deuxième période dans ce troisième affrontement de la série contre les Capitals de Washington.

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« Je l’ai vu tout de suite », a raconté Dobes après la victoire de 6-3 des siens. « Je regarde jouer Sam depuis un bon bout et je sais comment il bouge. Je voyais qu’il avait de la misère avec sa jambe droite et que je devais commencer à me préparer. Je suis allé faire ma routine et j’étais prêt quand il a quitté la rencontre.

« Je suis fier d’avoir porté attention à ce qui se passait. Ces cinq minutes de préparation ont peut-être fait la différence en fin de compte. C’était toute une journée. Je vais m’en souvenir pour le reste de ma vie. »

La question est donc la suivante : un gardien recrue de 23 ans peut-il être tout à fait prêt à sauter dans la mêlée en plein milieu d’un match éliminatoire – presque sans lendemain – contre les Capitals? Devant un Centre Bell plein à craquer et bruyant au possible?

« J’avais peur pour lui, honnêtement, a déclaré le défenseur Arber Xhekaj. Je ne peux même pas imaginer comment il se sentait. Il a sauté dans la mêlée et il était tellement calme. Il a été excellent. »

On a plus tard compris que Dobes était comme un canard. Calme en surface, très agité sous l’eau.

« Vous ne pouvez même pas imaginer comment je me sentais », a dit le portier tchèque avec son habituel sourire. « J’avais peur, c’est certain, mais j’étais excité. J’étais aussi émotif. Je pleurais à la fin du match. J’étais complètement désorganisé. Mais je connais ma routine. Je sais que je suis un bon gardien.

« J’ai dû me battre contre ma conscience. Il fallait que je me dise que je crois en moi, que j’étais préparé même si ma routine avait été moins détaillée que lorsque j’amorce un match. Le cerveau te parle tout le temps, alors il faut l’éteindre et profiter du moment. C’est parfois difficile, mais je crois avoir bien fait. »

Pendant qu’il tentait de chasser la nervosité, Dobes a dû patienter presque trois minutes avant de faire face à son premier tir – son seul défi au deuxième engagement. Il a cédé sur le deuxième, celui d’Alex Ovechkin en début de troisième, mais il a ensuite fermé la porte pour conclure la soirée avec sept arrêts et la victoire.

« Quand Doby est rentré, on voulait juste lui rendre la vie la plus facile possible, a expliqué Alexandre Carrier. On voulait qu’il voie les lancers. On a fait attention un peu plus pour qu’il se sente à l’aise en commençant, mais il a fait de l’excellent travail. C’est un gamer. Il aime ça les défis. »

Dobes pourrait en avoir bien d’autres à relever dans les prochains jours. On ne connaît toujours pas la nature de la blessure de Montembeault ni la durée de son absence. Mais la vie continue : le quatrième match sera disputé dimanche au Centre Bell, alors que le Tricolore tentera de niveler les chances dans la série.

« Je souhaite que Monty revienne le plus vite possible, a conclu Dobes. Mais j’aime ce sentiment. J’aime jouer. J’aime ces moments plus que tout. S’il ne peut pas jouer le prochain match, je serai excité et je serai prêt. Je serais heureux de prendre la relève et d’aider l’équipe à gagner. »