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Jakob Pelletier avait enfin l’impression d’avoir réussi à s’établir avec les Flames de Calgary.

Il avait gagné la confiance de son entraîneur, et avait mérité sa place sur le premier trio de la formation en compagnie de Nazem Kadri et de Jonathan Huberdeau. Rappelé au début du mois de décembre après avoir amorcé la saison dans la Ligue américaine, il connaissait enfin de bons moments.

Puis, à la fin du mois de janvier, on l’a échangé aux Flyers de Philadelphie, dans une transaction impliquant Morgan Frost et Joel Farabee. Avec comme résultat que tout est maintenant à recommencer.

« C’est à moi de recommencer ce que j’ai fait à Calgary, a lancé l’attaquant québécois en entrevue avec LNH.com. Quand j’ai commencé là-bas, j’étais sur le quatrième trio et j’ai gravi les échelons. C’est plate, parce que je venais de faire mes preuves avec les Flames, je jouais beaucoup. Et là, je recommence à zéro. »

On pourrait dire que le jeune homme de 24 ans exagère en parlant de « zéro », puisqu’il a quand même une feuille de route intéressante chez les professionnels. Mais en réalité, il n’est pas loin de la vérité.

Pelletier a été utilisé pendant au moins 10 minutes à ses trois premiers matchs sous les ordres de John Tortorella, mais ce n’est arrivé qu’une seule fois à ses sept dernières sorties. Il a d’ailleurs passé 5 min 56 s sur la patinoire, au sein du quatrième trio, dans une victoire de 4-3 face au Lightning de Tampa Bay, jeudi.

C’est seulement 34 secondes de plus qu’à sa dernière rencontre dans l’uniforme des Flames – un match au cours duquel il a été échangé après une période de jeu. Difficile, donc, de faire ses preuves dans le contexte.

« Je dois faire avec ce que j’ai, a relativisé l’éternel positif. J’apporte quand même de l’attaque, j’essaie de produire. Je veux contrôler la rondelle. C’est sûr que tu n’as pas autant de temps de jeu sur un quatrième trio. J’essaie de montrer des flashs tout en m’adaptant au nouveau système. »

D’un œil extérieur, la situation est plutôt curieuse.

Pelletier n’a rien cassé offensivement cette saison – il avait inscrit quatre buts et 11 points en 24 matchs avec les Flames, et a amassé deux aides en 10 rencontres avec les Flyers – mais il est le genre de joueur qui cadre habituellement bien avec les exigences de Tortorella.

Il a toujours la pédale au plancher, il est plutôt fiable et il est un joueur d’équipe, d’abord et avant tout. Il a aussi prouvé qu’il était en mesure de produire au niveau inférieur. La fierté de Neuchâtel a enregistré 51 buts et 130 points en 139 matchs, répartis sur quatre saisons dans la Ligue américaine.

« Je pense que je suis le type de joueur que Philly aime avoir, a-t-il observé. C’est à moi de prouver que je peux avoir plus de minutes en collant trois ou quatre bons matchs. Si je le fais, j’espère avoir l’occasion de monter de trio ou d’avoir plus de temps de jeu. »

La production viendra peut-être avec l’expérience – Pelletier n’a joué que 79 matchs dans la grande ligue – et les occasions de se faire valoir sur un trio offensif. Comme ils ont sacrifié deux bons joueurs établis pour faire son acquisition, les Flyers auraient tout intérêt à le faire bien paraître.

Pelletier écoule les derniers mois d’une entente d’un an, au terme de laquelle il deviendra joueur autonome avec compensation. Puisque les chances des Flyers de participer aux séries sont très minces, il lui reste 15 matchs pour leur montrer, ainsi qu’au reste de la Ligue, ce qu’il a dans le ventre.

« Le contrat ne me joue pas dans la tête, a-t-il assuré. Je veux juste bien jouer pour l’équipe. Je veux montrer aux partisans et aux Flyers qu’ils ont fait une bonne transaction. »

Le choc, puis le chaos

Il faut dire que le Québécois n’est pas arrivé à Philadelphie dans le meilleur des contextes. Il a dû patienter deux semaines avant d’obtenir son visa de travail, et n’a sauté sur la glace qu’au retour de la pause de la Confrontation des 4 nations.

Cette pause involontaire de trois semaines lui a certes permis de se déposer à Philadelphie, mais elle l’a ralenti alors qu’il venait de trouver son rythme à Calgary.

« Ç’a été quand même difficile, a-t-il avoué. Je n’ai pas joué de match pendant 22 jours. J’avais perdu un peu ma forme de match, et mon rythme. Ça commence à revenir. Au niveau de la game, ç’a été dur de recommencer, mais ç’a fait du bien au niveau mental de pouvoir me reposer. »

Surtout après cette transaction inattendue, et tout le changement qu’elle a provoqué. Pelletier a appris qu’il était échangé en rentrant au vestiaire après la première période d’un match contre les Ducks d’Anaheim, le 31 janvier. Le choc a donc été double.

« Dans les dernières années, mon nom revenait toujours dans les rumeurs, a-t-il conclu. Mais pour la première fois de ma carrière, je pensais que j’allais rester pour de bon. Ç’a été comme un coup de masse, ç’a frappé fort. Mais c’est la business. Il faut voir le positif dans tout ça, et c’est ce que j’essaie de faire. »