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MONTRÉAL - Pour la première fois en quatre ans, Dominique Ducharme vit un mois de décembre un peu moins effréné. Au moment où s'amorce le camp de sélection d'Équipe Canada junior, il est loin d'avoir les deux pieds sur le pouf, mais il a désormais le loisir de regarder les choses d'un œil extérieur.

Après avoir mené sa troupe à la médaille d'argent en 2017 et à la médaille d'or en 2018 comme entraîneur-chef, le « repos » est bien mérité.
« Je ne dirais pas que je suis nostalgique parce que je sens que j'ai fait le bout que j'avais à faire », a déclaré celui qui en est à sa première saison comme adjoint à Claude Julien derrière le banc des Canadiens.
« De pouvoir partir avec une médaille d'or, ç'a fait en sorte que je suis en paix avec le tournoi, si je peux m'exprimer ainsi. On a fini l'aventure comme on voulait la finir. Je me tiens au courant et je suis intéressé, mais je ne suis pas nostalgique. J'ai eu la chance et l'honneur de le faire pendant trois ans. »
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Trois ans. Parce qu'avant la douleur de la défaite crève-cœur en tirs de barrage en finale face aux États-Unis à Montréal et la médaille d'or acquise grâce à un but inscrit en toute fin de match contre la Suède à Buffalo, il y a eu le difficile tournoi de 2016 en Finlande.
C'est là-bas qu'il a appris, impuissant, le décès subit de son père Jacques et qu'il a été confronté à son premier échec dans le giron de Hockey Canada alors qu'il était adjoint à Dave Lowry. Malgré une formation qui comptait sur de bons éléments, l'équipe avait terminé le tournoi avec une décevante sixième place.
Sans savoir à ce moment qu'il prendrait la relève de Lowry l'année suivante, Ducharme avait pris des notes.
« C'était un échec pour nous, a-t-il admis. À ce moment-là, ce que j'ai appris le plus c'est de réussir à amener tes joueurs à rapidement passer d'une intensité de mi-saison dans la Ligue canadienne à jouer du hockey de séries au mois de décembre. Ça passe par l'attention aux détails et par le niveau d'engagement. »
Ç'a été son cheval de bataille lors de ses deux années à la barre de l'équipe. À sa première tentative, sa troupe a échappé une avance de deux buts en troisième période pour finalement s'incliner de la pire manière qui soit : 5-4 en tirs de barrage.
Des mois de préparation qui se sont envolés en l'espace de cinq petites rondes de tirs de barrage.
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« Sur le moment, il n'y a pas un mot qui va vraiment effacer ou temporiser ce qui se passe, il n'y a pas un mot assez efficace pour changer ce que tu ressens, s'est-il rappelé. On voulait être une équipe spéciale et je pense qu'on l'a été.
« C'est pour cette raison qu'on n'a pas changé grand-chose pour le tournoi de 2018. On a gardé la même philosophie et on a poussé encore plus sur les détails pour s'assurer qu'on ne laissait rien au hasard et qu'on prenait le contrôle de notre destinée. »
Encore une fois, le carnet de notes avait été rempli.
Enfin récompensé
Mis à part une défaite de 4-3 en tirs de barrage face aux États-Unis en ronde préliminaire l'an dernier à Buffalo, le parcours du Canada jusqu'à la finale avait été sans faille. Il n'y avait plus que la Suède qui séparait Ducharme et sa troupe de la médaille d'or.
« J'avais dit aux joueurs avant le match que c'était mon dernier à la barre de l'équipe et que j'étais dans la même situation que plusieurs d'entre eux, a-t-il raconté. Quand tu as une occasion comme celle-là, il ne faut pas que tu la manques. »
Il était moins une. À égalité 1-1, les deux équipes semblaient se diriger vers la prolongation quand Tyler Steenbergen en a décidé autrement. Alors qu'il l'avait à peine utilisé pendant le tournoi, Ducharme avait senti que son 13e attaquant avait quelque chose à lui offrir dans les dernières minutes du match.
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C'était le but qui a mis la touche finale à un parcours plus que formateur pour le pilote québécois, qui a fait le saut directement dans la LNH quelques mois plus tard grâce à une impressionnante feuille de route au niveau junior.
« C'est sûr que j'aurais pris deux médailles d'or, mais qui sait comment ça se serait passé la deuxième année? », a-t-il soulevé. « Ç'a été notre histoire et je ne la changerais pas. J'ai beaucoup appris de ça. De faire face à de l'adversité, c'est important.
« Avec le temps, tu regardes en arrière et tu vois le chemin parcouru, les hauts et les bas… Je suis content d'avoir passé à travers ce processus-là. Comme entraîneur et comme personne, ça m'a rendu meilleur, c'est certain. »