WINNIPEG – Au chapitre statistique, Connor Hellebuyck est le meilleur gardien de la LNH depuis déjà quelques années. Pourtant, lors de la parution du dernier sondage de l’Association des joueurs de la LNH, le portier des Jets de Winnipeg a été classé au troisième rang du circuit à sa position selon ses pairs.
Ce qui peut être perçu par certains comme une sous-évaluation est-elle attribuable à ses récents insuccès en séries éliminatoires?
« On a fait de bonnes choses cette saison. On n’a pas besoin de se soucier des mauvaises opinions des autres, a-t-il répondu jeudi. J’aimerais davantage recevoir des questions sur l’ambiance dans ce vestiaire, ce qu’on fait de bien et où on en est dans notre cheminement d’équipe.
« On fait de notre mieux chaque soir. On joue avec intensité. Notre niveau de compétitivité est très élevé chaque soir. Je crois en ce groupe et j’ai hâte aux prochains mois. »
Hellebuyck est visiblement frustré d’avoir à discuter de ses insuccès en séries, mais le sujet est difficile à éviter. Le vétéran de 31 ans est, année après année, une grande vedette en saison régulière. Il a remporté le trophée Vézina, remis annuellement au meilleur gardien de la LNH, en 2020, et il devrait recevoir l’honneur à nouveau en juin, mais en séries, c’est une tout autre histoire.
En 45 départs en séries, il présente une fiche de 18-27 avec une moyenne de 2,85 buts alloués par match, un taux d’efficacité de ,911 et trois jeux blancs.
À son premier tournoi printanier, en 2018, il a aidé les Jets à accéder à la finale de l’Ouest, mais depuis, il affiche un dossier de 9-19, les Jets n’ayant remporté qu’une seule série pendant cette séquence. Pire encore, lors des deux dernières séries, sa fiche est de 2-8, les Jets subissant chaque fois l’élimination au bout de cinq rencontres au premier tour.
Il aura une autre chance de renverser la vapeur à compter de samedi, lorsque les Jets entameront leur série de premier tour les opposant aux Blues de St. Louis au Canada Life Centre (18 h HE; CBC, TVAS, SN, TNT, ALT, SN360, SN).
Les Jets (56-22-4) ont remporté le trophée des Présidents, remis annuellement à la meilleure équipe de la LNH en saison. Les Blues, eux, ont établi un record de concession avec une séquence de 12 victoires il y a quelques semaines pour s’emparer de la deuxième place de quatrième as dans l’Ouest.
Hellebuyck est le grand favori pour mettre à nouveau la main sur le Vézina avec une campagne de 47-12-3 (2,00; ,925; 8 bl.) en 63 matchs, dont 62 départs.
Mais peut-il maintenir la cadence une fois en séries? Les gens de son entourage partagent tous le même avis.
« Il est prêt, a déclaré son ancien entraîneur Rick Bowness. Il n’est pas heureux de la manière dont les choses se sont passées dans les quatre dernières années. Il sait qu’il est bien meilleur que ce que les résultats montrent et toute l’équipe, avec lui en tête de liste, est déterminée à prouver qu’elle vaut mieux que son résultat des dernières séries. »
Hellebuyck a fait taire les critiques à la Confrontation des 4 nations en offrant du jeu de qualité dans le parcours des États-Unis jusqu’en grande finale.
Jordan Binnington, sa contrepartie canadienne lors du dernier tournoi, sera à nouveau son opposant au premier tour, mais cette fois devant le filet des Blues et non celui du Canada.
« Évidemment, il est un excellent gardien. Il a connu une superbe saison, a commenté Binnington au sujet de son rival. Cela dit, je me concentre sur moi-même et sur ce que je peux faire pour donner une chance à mon équipe de gagner. »
Binnington a déjà soulevé la Coupe Stanley en 2019, au terme d’un parcours où il a présenté un dossier de 16-10 (2,46; ,914; 1 bl.) en 26 rencontres. Depuis, sa fiche en séries est de 4-10, de quoi lui donner lui aussi envie de prouver certaines choses ce printemps.
Mais comme Hellebuyck, il ne pense pas trop au négatif.
« Les pensées de (Binnington) sont extrêmement positives », a assuré l’entraîneur-chef des Blues, Jim Montgomery. « Son introspection est positive, et il se visualise accomplir de grandes choses dans les grands moments. C’est tout un état d’esprit. Dieu merci, il est dans notre équipe! »
Cette saison, Binnington a obtenu 28 victoires en 56 matchs (28-22-5; 2,69; ,900; 3 bl.).
« Il a remporté la Coupe Stanley. Il a été spectaculaire aux 4 nations. Ils ont eu toute une séquence en fin de saison et il en a été l’un des grands responsables », a énuméré l’entraîneur-chef des Jets, Scott Arniel. « Il a de l’expérience à ce temps-ci de l’année.
« Helly a lui aussi eu l’occasion, aux 4 nations, de non seulement faire face à Binnington, mais aussi à plusieurs des meilleurs gardiens au monde et de vivre des situations de forte pression, comme le sont les matchs de séries éliminatoires. Il a appris beaucoup de choses, en plus d’avoir déjà prouvé à quel point il est un bon gardien de but. »
Hellebuyck a présenté une fiche de 2-1-0 (1,59; ,932) en trois rencontres à la Confrontation des 4 nations. Ces prestations ont convaincu le membre du Temple de la renommée du hockey Mark Messier qu’il était prêt pour les prochaines séries.
« Participer à la Confrontation des 4 nations et jouer de la sorte l’ont sans doute grandement aidé, a-t-il analysé. On dit souvent que les entraîneurs ne traînent pas avec eux des barils de confiance qu’ils peuvent verser sur les joueurs à qui mieux mieux. La confiance, ça se gagne en connaissant le succès et les échecs. À cet égard, l’année qu’il vient de vivre est très, très impressionnante.
« Aux 4 nations, contre le plus haut niveau d’adversité qu’il pouvait avoir, il n’a jamais flanché. Si je suis les Jets, ça m’emballe beaucoup de voir ça. »
« La Confrontation des 4 nations met autant les joueurs sous pression qu’un match no 7 de séries éliminatoires. D’avoir joué de cette manière en faisant face à toute cette pression est de bon augure en vue des séries, a renchéri le commentateur Sean McDonough. Il est le meilleur gardien au monde. »
Avec la collaboration du correspondant indépendant NHL.com Lou Korac