Choix de premier tour des Nordiques de Québec au repêchage de 1993, Jocelyn Thibault a disputé 586 matchs au cours de sa carrière de 15 saisons dans la LNH. Il a porté l'uniforme des Nordiques, de l'Avalanche du Colorado, des Canadiens de Montréal, des Blackhawks de Chicago, des Penguins de Pittsburgh et des Sabres de Buffalo, signant 238 victoires. Il a été entraîneur des gardiens de l'Avalanche pendant deux saisons et il est aujourd’hui actionnaire du Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Il collabore depuis plusieurs années avec l'équipe de LNH.com pour traiter des dossiers chauds devant les 32 filets de la Ligue.
S’il ne fait aucun doute, selon moi, que Jordan Binnington sera encore le gardien de confiance d’Équipe Canada aux Jeux olympiques d'hiver de Milano Cortina 2026 en février prochain, les dirigeants de la sélection nationale seront-ils tentés de l’entourer d’adjoints différents qu’à la Confrontation des 4 nations?
Non pas que Samuel Montembeault et Adin Hill ne méritent plus leur place au sein de l’équipe, mais le début de la saison est propice à la réflexion, car plusieurs autres gardiens canadiens font fort bien jusqu’à maintenant. Logan Thompson (5-3-0; 1,51; ,935) a repris où il a laissé le printemps dernier à Washington, Jake Allen (5-1-0; 2,39; 906) connaît un très bon départ au New Jersey et Tristan Jarry (5-1-0; 2,39; ,923) connaît un véritable regain de vie à Pittsburgh.
Vous savez probablement comme moi que pour un court tournoi comme les Jeux olympiques, miser sur un gardien qui surfe sur ses récents succès peut s’avérer payant. C’est donc pourquoi les dernières semaines et, surtout, les prochains mois seront extrêmement importants pour le choix final d’Équipe Canada.
Je soulève un astérisque dans le cas de Binnington qui en a prouvé suffisamment pendant la Confrontation des 4 nations pour mériter à nouveau le poste de no 1 en lever de rideau des Olympiques. Le gardien des Blues connaît lui aussi un début de saison difficile (2-4-2; 3,21; ,860), mais il est ce que j’appelle un gamer et il est à son mieux lorsque l’enjeu est grand – on en a eu la preuve en finale contre les États-Unis il y a quelques mois.
Qu’importe le rendement de Binnington dans les mois précédant les JO, je lui offrirais le filet lorsque le Canada amorcera son tournoi.
Mais derrière lui, optera-t-on pour Hill? Pour Montembeault? Et si Thompson, Allen ou Jarry se glissait dans le portrait?
Dans le lot, je n’ai pas le choix de dénoter le travail de Thompson, dont la fiche statistique est l’une des meilleures de la LNH depuis le début de la saison. Mais cette fiche était tout aussi impressionnante lorsque les décideurs d’Équipe Canada l’ont ignoré l’an dernier pour les 4 nations. Pour une raison que j’ignore, son brio avec les Capitals ne suffit pas, semble-t-il.
L’idée de voir Jarry enfiler l’uniforme du Canada aux JO me fait sourire. Il y a 14 ans, lorsque j’étais entraîneur des gardiens de but pour Équipe Québec aux Jeux du Canada à Halifax, Jarry nous avait pratiquement battus à lui seul en finale. Il avait permis à la Colombie-Britannique de rentrer avec l’or. Notre équipe misait sur Jonathan Drouin, Anthony Duclair, Frédérick Gauthier et Samuel Morin, entre autres.
Trois ans plus tard, Jarry remportait la Coupe Memorial avec les Oil Kings d’Edmonton. Ces tournois remontent à il y a longtemps, mais ils font la démonstration que le gardien des Penguins peut se lever dans les grands moments. Je ne serais pas surpris qu’il reçoive l’appel de Hockey Canada s’il poursuit sur sa lancée, et ce, même s’il vient de connaître deux saisons plus difficiles dans la LNH.
L’annonce des formations olympiques sera effectuée aux alentours du 1er janvier. Ça nous laisse donc encore deux mois de hockey d’ici là, et donc une chance inouïe pour Montembeault et Hill de conserver leurs acquis. Mais, à l’inverse, ça laisse aussi le temps à d’autres gardiens de s’inviter dans la course. Il est encore trop tôt pour en arriver à une réponse définitive.
Une belle vitrine
Ces Jeux olympiques seront non seulement une autre occasion de voir les meilleurs joueurs au monde s’affronter avec le maillot de leur pays, mais ils représenteront aussi une belle vitrine pour les joueurs et gardiens des pays aux moins grands bassins de hockeyeurs.
On connaît évidemment les joueurs canadiens, américains, suédois et compagnie, mais on en apprendra plus sur les joueurs français, italiens, danois et lettons, entre autres.
Et ce qui est vrai pour nous, les amateurs, le sera aussi pour les dirigeants de la LNH. Je ne serais pas surpris de voir un joueur améliorer son sort au terme des JO, grâce à une prestation surprise.
Lorsque j’étais directeur général du Phoenix de Sherbrooke, j’aimais bien visionner ces matchs de tournois internationaux afin de considérer du talent d’ailleurs, d’environnements hockey moins connus de tous.
Elvis Merzlikins avait notamment attiré mon attention lors des Championnats mondiaux juniors (CMJ) de 2012 et 2013, devant le filet de la Lettonie. Il avait aussi attiré l’attention, visiblement, des Blue Jackets de Columbus, qui l’ont repêché à l’âge de 20 ans après sa deuxième présence au CMJ. Une douzaine d’années plus tard, il connaît une belle carrière dans la LNH et est établi chez les Blue Jackets depuis maintenant sept saisons.
Une pensée également pour l’ancien gardien du Phoenix Samuel Hlavaj, qui a signé son premier contrat professionnel avec le Wild du Minnesota en 2024, quelques mois après une apparition marquée au Championnat mondial sénior devant le filet de la Slovaquie (3 MJ : 2,22; ,932).
Peut-être verra-t-on le prochain Merzlikins ou le prochain Hlavaj à Milan en février.
*Propos recueillis par Gabriel Duhamel, pupitreur LNH.com.


















