Des attentes, mais peu de promesses des dirigeants du CH

LAVAL-SUR-LE-LAC – Jeff Gorton a ouvert le bal en se présentant le premier à l’un des deux podiums érigés pour le tournoi de golf des Canadiens de Montréal au chic club de Laval-sur-le-Lac, lundi.

« Bonjour. Avez-vous des questions pour moi ? De bon[ne]s questions seulement… »

De bonne humeur et le sourire au visage, Gorton a salué la meute de journalistes avec cette courte introduction dans la langue de Maurice Richard et de Guy Lafleur.

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À l’inverse de l’an dernier où le CH avait concocté un slogan (être dans le mix) pour décrire les ambitions de l’équipe, Gorton n’a pas inventé une nouvelle thématique cette année.

« Nous voulons progresser, a dit le vice-président aux opérations hockey. Nous aimons notre équipe, nous aimons la direction que nous prenons. Nous devrons voir ce qui arrivera. Quelle sera la prochaine étape? Depuis notre arrivée, notre philosophie reste de garder ça un jour à la fois, nous voulons toujours nous améliorer. »

Très conscient de la réalité du marché où il travaille, l’Américain de 57 ans a eu la sagesse de se tenir loin des grandes promesses. Questionné sur la définition du succès pour son équipe, il a gardé le pied sur le frein en reparlant d’une simple progression.

« Il y a plusieurs façons de décrire le succès, a-t-il expliqué. Ça peut être individuellement, mais aussi sur le plan de l’équipe. Nous voulons surtout continuer à nous améliorer. Nous avons connu une bonne saison l’an dernier, nous avons probablement déjoué les attentes pour plusieurs personnes. Mais pouvons-nous continuer de construire ? Nous désirons rester sur notre lancée. »

« Nous ressentons l’emballement, il y a un buzz autour de l’équipe, a-t-il poursuivi. C’est emballant. Il y avait 21 000 personnes pour des matchs des recrues. Nous avons fait quelques acquisitions afin de nous améliorer au cours de l’été, mais nous savons aussi que nous formons encore une jeune équipe. Nous cherchons à nous améliorer. Nous n’avons pas encore atteint notre plafond. »

Le CH a ajouté du talent pur à son noyau avec l’arrivée du défenseur Noah Dobson et de l’ailier Zachary Bolduc. Ivan Demidov sera aussi un élément clé dès le premier jour du calendrier. Des trois joueurs, Dobson est le plus vieux à 25 ans, alors que Bolduc (22 ans) et Demidov (19 ans) sont encore inexpérimentés.

Sur papier, le CH présentera un visage amélioré comparativement à celui du camp de l’an dernier. C’est aussi la vision de Kent Hughes.

« Nous croyons que nous avons une équipe talentueuse, a affirmé Hughes. Il s’agit de la version la plus talentueuse depuis que je suis ici. Mais nous restons une jeune équipe. Avec une jeune équipe, la constance reste le dernier ingrédient. Nous avons manqué de constance l’an dernier. Si nous gagnons en constance, nous deviendrons une bonne équipe. »

À l’image de son DG, Martin St-Louis a regardé en direction de la constance comme prochain chantier de construction.

« Quand tu as une jeune équipe, tu travailles sur plusieurs aspects. Mais le truc le plus difficile pour un jeune est d’acquérir de la constance, a rappelé l’entraîneur en chef. C’est ça que nous devons améliorer cette année. Quand nous jouons bien, nous sommes une très bonne équipe. Mais il faut l’être avec constance. »

La fameuse constance peut apparaître comme un concept assez flou. Encerclé par une dizaine de micros, St-Louis a réfléchi quelques secondes avant d’en offrir une définition.

« Ça part avec les individus, a-t-il répliqué. Pour les entraîneurs, nous devons garder le doigt sur les choses importantes qui aident l’équipe. Nous cherchons toujours à augmenter le pourcentage pour nous aider à gagner. Quand tu montes ton pourcentage, tu ne gagneras pas à tout coup, mais tu finis par t’aider. Il faut le faire individuellement et collectivement. »

Les séries: un objectif, mais pas à tout prix

Gorton, Hughes et St-Louis ont assez d’expérience dans le monde du hockey pour savoir que le CH ne suivra pas un chemin en ligne droite. Après une élimination en cinq matchs face aux Capitals de Washington au premier tour des séries, le Tricolore repartira de la case départ.

L’équipe aura encore besoin de se battre pour gagner une place en séries. Si une participation en séries demeure l’objectif, la direction n’a pas osé dire qu’une absence des séries signifierait un échec.

« Je n’aime pas le mot échec, a affirmé Gorton. Nous voulons participer aux séries. Nous voulons poursuivre notre progression. Nous avons atteint les séries l’an dernier. Mais non, il ne s’agirait pas d’un échec. Nous cherchons à construire pour une longue période. Je ne pense pas à la possibilité d’un échec. Nous aimons notre équipe. Nous verrons où nous irons. »

« Quand tu es assis dans un siège de gestionnaire, tu gardes toujours un regard sur le futur, plus que les coachs ou les joueurs », a renchéri Hughes.

Aux yeux de Hughes, le CH ne rentre pas dans une phase différente pour la saison 2025-2026.

« Je sens que cette question est surtout philosophique, a-t-il mentionné. Ultimement, j’imagine que nous n’avons pas terminé de construire notre équipe de hockey. Mais nous rentrons dans une phase où nous construisons une équipe. Notre priorité n’est pas juste d’ajouter des actifs, comme nous le faisions dans le passé. Si nous devons surpayer pour acquérir un joueur qui nous aidera dans le futur, nous le ferons. »

S’il y a un appétit pour gagner et pour améliorer le noyau à court et long terme, Hughes tient mordicus à son plan.

« C’est emballant quand tu arrives à l’aréna et que l’enjeu du match est la chose la plus importante, a dit le DG. Quand tu travailles dans le monde du sport, tu as un esprit compétitif. Tu veux gagner. Ma femme m’en voulait puisque je tenais à battre mon garçon de cinq ans en jouant aux cartes! Je veux gagner. Je veux atteindre les séries. J’ai accepté ce boulot pour cette raison.

« Mais tu dois rester patient et ne pas sauter d’étapes. Il ne faut pas tomber dans le piège des erreurs juste pour essayer de gagner trop rapidement. Nous ne voulons pas dérailler de notre plan. »

Le CH gardera l’œil ouvert sur le marché des transactions. Ce n’est pas un secret des Dieux que les dirigeants aimeraient acquérir un centre pour le deuxième trio. Mais ils ne bougeront pas juste pour le plaisir de bouger. Ils attendront la bonne transaction.

« Nous pouvons rester sélectifs avec ce qui s’en vient pour la prochaine étape, a noté Gorton. Il y a Dobson et Bolduc qui s’en viennent. Il y a Ivan aussi. Nos autres joueurs auront aussi plus d’expérience. Nous aurons également besoin de voir où en sera Kirby Dach. Nous évaluerons plusieurs choses avant de déterminer notre prochain geste. »

Construire des bases solides

En cette belle journée du mois de septembre, Geoff Molson a tenu des propos qui s’arrimaient parfaitement à ceux de ses hommes de hockey.

« Est-ce que nous construisons plus rapidement (que prévu)? Non. Est-ce que ça se déroule plus lentement? Non. Je crois qu’il s’agit du résultat d’un incroyable travail de Jeff et Kent. Ils restent patients, ils construisent l’équipe et ils respectent le plan, a souligné le propriétaire des Canadiens. Nous formerons encore l’une des plus jeunes équipes de la LNH, si nous ne serons pas la plus jeune. Mais cette équipe aura un grand potentiel. Nous suivons le plan. Jeff l’a toutefois dit : si nous pouvons acquérir un joueur qui aidera à l’améliorer l’équipe, sans nuire au plan, nous le ferons.

« Je suis le plan que j’ai bâti avec eux, a enchaîné Molson. Je veux voir des progrès tous les ans. Et nous en voyons tous les ans. Si nous réussissons à nous rendre plus loin que l’an dernier, ce sera bien. Si nous n’y arrivons pas, nous nous regarderons dans le miroir pour voir ce qui nous manque. Il pourrait y avoir aussi des blessures. Ma vision reste la même depuis trois ans. Nous avons toutefois atteint une étape où nous comptons sur une bonne équipe. Nous voulons avoir une bonne équipe pour plusieurs années. C’est ma priorité. »