Kirk Muller Canadiens badge Boucher

Des équipes qui se rallient autour d'une cause, c'est monnaie courante dans le sport. Les séries éliminatoires dans la LNH sont uniques en leur genre cette année, à l'image de 2020 finalement, et elles nous ont procuré trois cas très différents dans la dernière semaine d'activités uniquement.

Il y a d'abord eu les Canadiens de Montréal qui ont été ébranlés par la perte de leur entraîneur Claude Julien.

Les Bruins de Boston ont ensuite vu quelques jours plus tard vu leur gardien de confiance Tuukka Rask quitter leurs rangs afin de retourner auprès de sa famille en Finlande.

Et puis, dimanche, les Flyers de Philadelphie ont salué le retour à l'entraînement de l'attaquant Oskar Lindblom, qui a combattu le cancer au cours des sept derniers mois ou presque.

Trois situations hautement émotives, mais une façon unique de les gérer comme groupe, soit en se serrant les coudes.

On a vu comment les Canadiens ont malmené les Flyers au match suivant l'annonce du malaise cardiaque dont a été victime Julien.

On ne sait pas dans quelle mesure l'absence de Julien y a été dans la superbe performance de l'équipe, mais on peut soupçonner que ç'a été un facteur.

Pour avoir vécu au cours de ma carrière plusieurs situations semblables, quoique moins dramatiques, ce qui se passe dans ce temps-là, c'est que les leaders prennent les choses en main. Souvent, ça se fait naturellement.

C'est tellement une longue saison de hockey que les équipes tentent de trouver toutes sortes de sources de motivation. Le grand classique, c'est d'utiliser des commentaires négatifs que des adversaires ont faits sur nous.

Le phénomène qui se produit, c'est que tout le monde recentre sa concentration sur ce qu'il doit faire. Une équipe motivée et concentrée peut accomplir de grandes choses.

Le cas de Rask est différent, mais ça demeure une situation exceptionnelle. On ne connaît pas les tenants et aboutissants de la décision qu'il a prise. Les joueurs détiennent possiblement l'information à l'interne.

Il reste qu'ils doivent se rallier autour de l'événement, même si c'est difficile de voir partir un coéquipier par choix - si c'est réellement la raison.

Pour les Flyers, juste de revoir Lindblom patiner avec l'équipe a certainement dû être un 'gros boost' de motivation et d'inspiration. Il ne faut toutefois pas que ça devienne une distraction.

Le retour sur patins de Lindblom a sans doute permis aux Flyers de relativiser la dégelée subie contre les Canadiens. S'il y a un joueur de l'équipe qui peut passer le message qu'il y a pire dans la vie qu'une défaite de 5-0, c'est bien lui.

Des interrogations de moins

La présentation des séries éliminatoires de la Coupe Stanley en plein été a de positive pour les Canadiens qu'on ne se pose pas les questions qui alimenteraient normalement les discussions au mois d'août, s'il n'y avait pas eu de pandémie.

Imaginez pendant un instant si on avait terminé la saison au début d'avril et que les Canadiens avaient été écartés des séries.

On mettrait en doute le plan de relance de l'organisation ainsi que la sélection de Jesperi Kotkaniemi au repêchage de 2018, entre autres choses.

Le discours serait complètement différent de ce qu'il est actuellement, avec les Canadiens qui bataillent avec une des meilleures équipes de l'Association de l'Est, les Flyers de Philadelphie, au premier tour des séries.

Il ne faut pas partir en peur, mais la performance de deux jeunes joueurs de centre, Nick Suzuki et Kotkaniemi, répond à plusieurs interrogations. Elle donne raison au directeur général Marc Bergevin d'avoir fait l'acquisition de Suzuki des Golden Knights de Vegas et d'avoir repêché Kotkaniemi au troisième rang en 2018.

MTL@PHI, #2 : Kotkaniemi double l'avance du CH

Je le dis souvent : il faut être patient avec les jeunes. La patience commence à rapporter des dividendes. Cette injection de talent fait du bien et les Canadiens ont d'autres jeunes qui s'en viennent, comme le défenseur Alexander Romanov. Ils ont également de très bons vétérans - les Phillip Danault, Brendan Gallagher et Tomas Tatar.

Danault possède les atouts pour être un centre de premier plan dans plusieurs équipes, mais on le voit davantage comme un troisième centre dans un club qui aspire aux grands honneurs.

Il peut également aisément occuper une des principales chaises quand Suzuki ou Kotkaniemi connaîtront des baisses de régime.

L'émergence des deux centres ne passe pas inaperçue dans la LNH. Si j'étais un ailier vedette dans la LNH et que je m'apprêtais à me prévaloir du statut de joueur autonome sans compensation, ça deviendrait tout à coup plus tentant de joindre les Canadiens et de penser que je puisse jouer soit avec Suzuki ou Kotkaniemi pendant plusieurs saisons.