Bouchard: La vraie course aux séries commence
par Olivier Bouchard @oli_bou / Chroniqueur LNH.com
C'est en février qu'on distingue les hommes des enfants. À un mois et des poussières de la date limite des échanges, on voit le classement se figer à ses extrémités. Au milieu, par contre, tout bouge encore beaucoup.
Ainsi, le modèle prédictif du site Hockeyviz.com nous montre qu'une victoire ou une défaite en temps réglementaire représente, pour les équipes dans la course, un bond en avant ou en arrière de 5 à 7 pour cent de leurs chances de se qualifier pour les séries éliminatoires. C'est énorme! Dans ce contexte, il est instructif de regarder quels sont les clubs qui, au sein de la mêlée, montrent en sous main avoir les cartes en main pour connaître du succès.
Dans l'Ouest
L'extraordinaire domination exercée par les clubs de tête de la division Centrale fait que dans l'Ouest, la course aux 6e et 7e postes se joue entre les autres membres de cette division. Les équipes de la division Pacifique se battent plutôt pour la troisième position de leur groupe.
Les Ducks d'Anaheim et les Canucks de Vancouver sont à deux points seulement des Coyotes de l'Arizona, les Ducks ayant en plus deux matchs en main. Si l'Avalanche du Colorado semble présentement avoir la main haute sur les Predators de Nashville et le Wild du Minnesota au classement, on constate rapidement qu'ils ont joué plus de matchs que les deux autres, ce qui réduit leur marge de manœuvre.
Dans le détail, ces deux courses sont encore plus animées. Du côté de la division Pacifique, on constate que les Coyotes font, depuis deux mois, leur pain et leur beurre sur de bonnes performances de leurs gardiens et, surtout, un avantage numérique remarquablement efficace. Mais la rubrique « Adversaires », qui nous indique les taux de possession ajustés au score des équipes à affronter au mois de février, montre que les Coyotes sont aussi, à l'échelle de la ligue, le club ayant à affronter la troisième plus rude opposition d'ici la fin du mois de février.
Les Canucks sont justement les plus avantagés sur ce point, mais ne semblent guère équipés pour tirer profit de cet avantage. Outre un très bon taux de conversion à forces égales, Vancouver affiche en effet un jeu de possession à forces égales et des unités spéciales plus qu'ordinaires.
C'est donc dire que la porte est grande ouverte pour les Ducks d'Anaheim. Ceux-ci relèvent tranquillement de leur effroyable début de saison et affichent un excellent taux de possession, ainsi que des unités spéciales fort avantageusement représentées aux ratios de tirs. Reste à voir si la poisse des tireurs et, surtout, les performances inégales des gardiens peuvent leur donner du répit.
La bataille qui oppose les équipes de la division centrale semble beaucoup plus serrée. Un peu largués aux points, les Jets de Winnipeg montrent pourtant de très bons taux de possession et, surtout, des performances exceptionnelles dans les filets (merci à Connor Hellebuyck). Ils sont loin, mais ne sont pas encore morts. L'Avalanche vit et meurt par ses gardiens et les taux de réussite de ses tireurs, un mélange des plus instable sans un bon jeu de possession à forces égales. Mais, après les Flames de Calgary l'an dernier, qui sait? Tout ça dépend franchement de l'état de santé de Semyon Varlamov, disons-le.
Les Predators et le Wild sont aussi en contrastes : si le Wild a un meilleur jeu de possession que l'Avalanche, il est loin de celui des Predators, qui, par contre, ont beaucoup de difficultés avec leurs gardiens (Pekka Rinne n'est plus l'ombre de lui-même). Difficile, aux seuls chiffres, de les départager. C'est peut-être bien sur le calendrier (franchement plus facile pour le Wild que les Predators) que tout ça va se jouer.
Dans l'Est
C'est plus serré dans l'Ouest, où aucun club de troisième position n'a vraiment pris le large face au reste du peloton. Les matchs à jouer sont ici plus importants; les Flyers de Philadelphie et les Islanders de New York ont encore 35 joutes au calendrier, les Penguins de Pittsburgh 34.
Les adversaires à affronter pourraient jouer un rôle plus important de ce côté-ci. Les Red Wings de Detroit et les Islanders ont la chance de pouvoir, dans le prochain mois, asseoir leur position au classement sur la foi d'un horaire relativement aisé. Les Canadiens de Montréal et les Sénateurs d'Ottaqua, qui trainent de la patte, ont eux aussi des séquences moins pénibles.
Il n'y a pas beaucoup d'imposteurs dans ce groupe d'équipes. Les Devils du New Jersey s'accrochent désespérément à l'excellent Cory Schneider ainsi qu'à des buteurs extrêmement opportunistes à forces égales et en avantage numérique. Contrairement à l'Avalanche, qui compte sur la même recette, le gardien des Devils est une bête de somme, peu susceptible aux blessures. Ils peuvent bien trainer dans le paysage encore un mois.
Les Penguins, après un début de saison catastrophique, sont au vert dans toutes les catégories depuis maintenant deux mois. Les Bruins de Boston, qui en imposent moins à forces égales que par le passé, compensent par leurs unités spéciales, notamment un avantage numérique exceptionnel.
Il est moins évident de voir qui, dans ce contexte, peut se glisser dans le portrait dans le prochain mois. Les Canadiens sont, par rapport aux normes des saisons passées, exceptionnellement performants au jeu de possession et en désavantage numérique. Mais, outre une malchance embêtante qui accable les tireurs, c'est surtout les performances horribles de leurs gardiens qui leur interdisent présentement toute prétention au bal du printemps. On le disait dimanche : sans gardien amené en renfort, la saison est fichue.
Les Hurricanes ont aussi besoin d'un gardien et, contrairement aux Canadiens, ne sont pas nécessairement attendus dans le détour par les autres directeurs généraux de la ligue. Avec un calendrier relativement favorable dans le prochain mois, ils sont à surveiller. Les Flyers sont en quelque sorte les jokers de la bande. Leur avantage numérique et leurs gardiens sont des forces réelles, leur jeu de possession est honorable et ils ont beaucoup de matchs en main.