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EDMONTON – D’aussi loin qu’il se souvienne, A.J. Greer a toujours cru que le hockey allait lui permettre de vivre de grands moments, comme ceux qu’il s’apprête à expérimenter en finale de la Coupe Stanley contre les Oilers d’Edmonton.

« J’ai toujours eu le sentiment que j’allais faire de grandes choses au hockey », a lancé l’attaquant québécois des Panthers de la Floride, mardi, lors de la journée des médias.

Ça ne veut toutefois pas dire qu’il n’y a pas eu de moments de découragement. Ni que le chemin s’est fait en ligne droite. Au contraire : les détours sont inévitables pour un joueur qui a passé six saisons à faire la navette entre la Ligue américaine et la Ligue nationale, dans trois organisations différentes, avant de finalement percer.

Mais il n’y a jamais eu plus grand creux de vague que lors de cette journée du 6 avril 2021.

« J’étais à 24 heures de lâcher le hockey », s’est souvenu Greer, un choix de deuxième tour de l’Avalanche du Colorado en 2015.

À l’époque, le natif de Joliette en était à sa première saison dans l’organisation des Islanders de New York. C’était la pandémie, et rien ne fonctionnait comme il le voulait avec le club-école de Bridgeport. Il n’avait inscrit qu’un but et une aide en 10 matchs, et il affichait un différentiel de -12.

Au début du mois d’avril, il avait été laissé de côté pour la première fois de sa carrière dans la Ligue américaine. Puis une deuxième fois, quelques jours plus tard. C’est la goutte qui a fait déborder le vase.

« J’ai appelé mon chum et je lui ai dit que je m’en allais jouer en Europe, que j’en avais fini avec les montagnes russes, a-t-il confié. Les choses allaient moins bien hors glace, et sur la glace, c’était encore pire. Il y avait vraiment beaucoup d’affaires qui affectaient ma santé mentale et physique. C’était vraiment tough. »

Resté à la maison, puisque les joueurs laissés de côté n’accompagnaient pas l’équipe pendant la pandémie, il avait assuré à son coéquipier Yanick Turcotte qu’il irait voir l’entraîneur-chef Brent Thompson dès le lendemain pour lui annoncer son souhait de quitter l’équipe – et l’Amérique du Nord.

« Ça ne me tentait plus de faire ça, a-t-il poursuivi. Mentalement, c’est drainant. »

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Puis, dans la même soirée, est venu un coup de téléphone qui a changé le cours de sa carrière. Comme si le destin avait décidé que les « grandes choses » devaient se produire avant qu’il n’abandonne son rêve.

« Deux heures après la discussion avec Yanick, j’ai reçu un appel (du directeur général) Lou Lamoriello qui me disait que j’étais échangé aux Devils, a raconté Greer. Douze heures plus tard, je m’entraînais à Binghamton. C’est là que je me suis dit que j’avais une deuxième chance après être passé très proche de lâcher.

« Personne ne me connaissait, je recommençais à zéro. Je pouvais écrire une nouvelle histoire en me donnant à fond jusqu’à la fin de la saison et en voyant ce qui se passerait par la suite. »

Le deuxième chapitre

Greer a sorti sa plus belle plume pour écrire le deuxième chapitre de sa carrière. Fort de ce changement d’air, il a amassé 14 points, dont quatre buts, en 16 rencontres pour conclure cette difficile saison en beauté.

Il a enchaîné avec une récolte de 22 buts et 52 points en 53 rencontres avec le club-école des Devils du New Jersey, en 2021-22, obtenant d’ailleurs trois rappels différents pour un total de neuf matchs dans la grande ligue cette année-là. La porte s’est ensuite lentement réouverte.

Tout ça, en partie, grâce à une conversation qu’il a eue avec son nouvel agent Philippe Lecavalier.

« Il m’a dit : ‘’Soit tu commences à frapper et à jouer comme un attaquant de puissance pour devenir un gars de quatrième trio ou tu restes un gars de Ligue américaine qui va faire quelques centaines de milliers de dollars sans te rendre où tu veux te rendre.’’ Ça m’avait vraiment frappé. »

En s’assumant dans son rôle d’attaquant de puissance, il a décroché le premier contrat à un volet de sa carrière avec les Bruins de Boston, à l’été 2022. Une mise au ballottage et une saison avec les Flames de Calgary plus tard, il a enfin trouvé sa niche avec les Panthers.

Et il a maintenant l’occasion de voir son nom gravé sur le trophée le plus convoité du hockey.

« Ça m’a pris plus de temps, a-t-il conclu. C’est vraiment difficile de faire la navette. Après quatre ou cinq ans, ça ne te tente plus et tu veux juste aller en Europe. Il faut être fort mentalement et garder le cap. J’ai toujours su que j’allais y parvenir.

« La finale, c’est un rêve d’enfant. Mais ç’a pris beaucoup d’énergie pour m’y rendre. »

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