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LAS VEGAS – Il ne s’agissait pas d’une tournée d’adieu ou d’une tentative de relancer sa carrière sur la base de succès passés, deux phénomènes récurrents dans les salles des casinos qui entourent le T-Mobile Arena.

Pour Marc-André Fleury, ce moment avait une grande signification, une chance d’effectuer un dernier coup d’éclat pour couronner une brillante carrière qui va le mener au Temple de la renommée. Une façon de rappeler aux partisans des Golden Knights de Vegas qui il est.

« J’étais enthousiaste d’avoir la chance de jouer à nouveau, dans cet aréna par-dessus le marché, a reconnu Fleury. J’avais quelques papillons dans le ventre. »

Il s’agit d’une sensation que le gardien québécois adore ressentir depuis qu’il est arrivé dans la LNH en 2003-04, à titre de nouveau visage des Penguins de Pittsburgh, qui venaient de le sélectionner au tout premier rang du repêchage.

Aujourd’hui âgé de 40 ans et disputant sa dernière saison en carrière, le natif de Sorel était déterminé à être à la hauteur lorsqu’il a, à la surprise générale, sauté sur la glace au début de la troisième période du match no 5 de la série de première ronde de l’Association de l’Ouest au T-Mobile Arena mardi.

Vegas peut être une ville cruelle, un endroit où les rêves se brisent. Ce fut le cas pour Fleury mardi.

Les Golden Knights ont remporté un deuxième match de suite en prolongation, cette fois par la marque de 3-2, pour prendre les devants 3-2 dans cette série quatre de sept.

« Une victoire aurait été le scénario parfait », a reconnu Fleury, assis à son casier, ses jambières toujours accrochées à ses jambes, avec son sourire caractéristique aux lèvres alors qu’il repassait en pensée ce qui venait de se dérouler.

Fleury a repoussé les six premiers tirs qu’il a affrontés en troisième période et au cours des quatre premières minutes de la prolongation, jusqu’à ce que Brett Howden d’un tir sur réception à 4:05.

Fleury n’a eu aucune chance sur ce tir, et son rêve d’un dernier moment triomphal sur la Strip s’est évaporé.

MIN@VGK, #5: Howden donne la victoire aux Golden Knights

Le match no 6 aura lieu au Xcel Energy Center jeudi (19h30 HE; FDSNNO, SCRIPPS, ESPN, TVAS2, SN360).

Fleury a obtenu cette chance inattendue lorsque le gardien partant Filip Gustavsson est devenu trop malade pour retourner devant son filet au début de la troisième période alors que le Wild tirait de l’arrière 2-1.

Fleury a commencé à s’échauffer près du vestiaire, lançant une balle sur le mur et la rattrapant avec sa mitaine.

Compétiteur ultime, Fleury était persuadé d’être prêt pour ce moment, et le son de ses vigoureux battements de cœur résonnait dans ses oreilles, au même rythme que le bruit assourdissant de la foule.

« Aucun moment n’est trop imposant pour lui », a affirmé le défenseur Brock Faber, qui, à 22 ans, est né l’année qui a précédé l’arrivée de Fleury dans la LNH. « Il nous a donné une chance de gagner ce match. »

En fait, le Wild pensait bien avoir gagné.

L’attaquant Ryan Hartman a marqué alors qu’il restait 1:15 à écouler au troisième tiers pour placer le Minnesota en avant 3-2.

Ce but a survécu à la révision des officiels, qui voulaient s’assurer qu’il n’y avait pas eu de mouvement délibéré avec le patin. Cependant, il a été renversé à la suite de la contestation pour hors-jeu des Golden Knights, puisque l’attaquant Gustav Nyquist a pénétré en zone de Vegas une fraction de seconde trop tôt.

« Ç’aurait évidemment été super de prendre les devants avec presque plus de temps au cadran, a noté Fleury. C’était une bonne sensation. Mais ça va, personne n’a été trop découragé. Nous avons continué de jouer à notre manière et nous avons eu notre chance. »

Le suspense entourant cette situation représente bien ce que nous offrent les séries éliminatoires de la Coupe Stanley sur une base quotidienne.

Fleury, qui jouait pour la première fois en 14 jours, affrontait son ancienne équipe dans un amphithéâtre où il a déjà brillé, avec la chance de porter un dur coup aux rêves des Golden Knights et des partisans qui l’ont déjà adulé.

« Il est un grand gardien, un futur membre du Temple de la renommée, pour une raison », a souligné l’entraîneur du Minnesota John Hynes.

Le karma aurait été phénoménal.

Fleury est devenu le meneur de l’histoire des Golden Knights pour les victoires, autant en saison régulière qu’en séries, après avoir été réclamé au repêchage d’expansion de 2017.

Il a pris la direction du Nevada après avoir remporté la Coupe Stanley trois fois avec les Penguins, et son sourire aussi lumineux que les enseignes qui illuminent cette ville qui ne dort jamais a fait en sorte qu’il est immédiatement devenu le visage de l’équipe.

Il a été le leader d’une bande de joueurs rejetés et de joueurs qualifiés de projets – les « Négligés dorés » –et il a gardé les buts vaillamment derrière eux pour connaître l’un des parcours les plus improbables de l’histoire des séries.

L’équipe a atteint la finale de la Coupe Stanley dès sa première saison, mais a baissé pavillon en cinq matchs devant les Capitals de Washington.

Fleury ne faisait que s’échauffer. En 2020-21, il a remporté le trophée Vézina pour la première fois.

Il semblait avoir trouvé un deuxième domicile dans le monde du hockey à Vegas, un endroit où il allait pouvoir s’établir pour le reste de sa carrière et tenter d’ajouter des exploits à son palmarès.

Mais comme quiconque a déjà visité cette ville peut en attester, la chance peut nous quitter en un claquement de doigts.

C’est ce qui est arrivé à Fleury.

Il a été chassé sans cérémonie, échangé aux Blackhawks de Chicago au cours de la saison morte qui a suivi sa conquête du trophée Vézina. Avant même la fin de cette saison, c’est au Wild qu’il a été échangé, et c’est là qu’il fait équipe avec Gustavsson depuis un peu plus de trois saisons.

Mardi, il a eu la chance de laisser une dernière impression, de dire au revoir à Vegas de la plus dramatique des manières.

Il a tout misé, mais les cartes ne sont pas allées en sa faveur.

Le Wild se trouve maintenant au bord du précipice, et devra gagner jeudi pour revenir à Vegas et forcer la tenue d’un match ultime.

« Ce n’est pas terminé du tout, a assuré Fleury. Nous croyons en nous ici. »