Game Underway

Tout au long de la saison, les experts du LNH.com participeront à des tables rondes pour répondre à diverses questions. En interagissant entre eux, nos experts donnent leur opinion sur plusieurs sujets chauds à travers la LNH. Aujourd'hui, on leur a posé la question suivante : à moins que les Hurricanes de la Caroline ne poursuivent leur incroyable lancée, une lutte à quatre équipes pour trois places disponibles se dessine dans l'Association de l'Est pour la deuxième moitié de saison. Qui des Blue Jackets de Columbus, des Sabres de Buffalo, des Canadiens de Montréal ou des Islanders de New York se retrouvera le bec à l'eau et devra se contenter d'un rôle de spectateur en avril?

Hugues Marcil, Pupitreur LNH.com

Ils sont pour moi la plus grande surprise dans la LNH cette saison, mais malheureusement, les Sabres de Buffalo ne verront pas leur beau parcours se poursuivre en séries éliminatoires. Mais avec tout le jeune talent que cette équipe possède, ce n'est que partie remise, mes amis.
La raison derrière mon choix est bien simple : les Sabres n'ont pas assez de profondeur pour tenir le coup jusqu'en avril. Comme tout le monde, les performances de Jack Eichel, de Jeff Skinner et de Sam Reinhart m'éblouissent depuis le début de la saison, mais peuvent-ils transporter Buffalo jusqu'à la grande danse du printemps? J'en doute fortement.
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Après Reinhart (41 points), les attaquants les plus productifs de Buffalo sont Jason Pominville (19), Kyle Okposo (18) et Conor Sheary (16). À mon humble avis, c'est largement insuffisant. Or, la profondeur est la clé en deuxième moitié de saison, parlez-en à l'Avalanche du Colorado. Eux aussi sont en train de se rendre compte que c'est difficile de gagner sur une base régulière dans la LNH avec un seul trio, aussi bon soit-il. Ils n'ont que deux victoires depuis 11 matchs (2-7-2).
Et justement, les Sabres ont connu une séquence de 10 victoires consécutives entre les 8 et 27 novembre. Ce sont des points récoltés que personne ne pourra leur enlever, mais je me demande quand même où ils en seraient aujourd'hui s'ils n'avaient pas connu cet excellent passage. D'ailleurs, depuis le 28 novembre, Buffalo montre une fiche de 6-9-4. L'équipe devra donc renverser la vapeur, car à ce rythme, il n'y aura pas de séries au KeyBank Center.

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Pour le reste, je pense que les Blue Jackets ont assez de talent à toutes les positions pour se maintenir dans les trois premières équipes de la section Métropolitaine. Pour ce qui est des Canadiens, ils continuent à nous surprendre chaque fois que l'on croit que l'équipe entame son déclin, ce qui témoigne du changement d'attitude exigé par le directeur général Marc Bergevin. Enfin, j'ai longtemps hésité à choisir les Islanders au lieu des Sabres, mais je crois que l'expérience de l'entraîneur Barry Trotz, gagnant de la dernière Coupe Stanley, pourrait leur permettre de se classer de justesse.
Tout ça reste à voir, mais une chose est certaine : la deuxième moitié de saison promet d'être enlevante.

Sébastien Deschambault, Directeur de la rédaction LNH.com

Si on m'avait posé cette question il y a à peine quelques jours, j'aurais répondu exactement la même chose que toi Hugues. Par contre, même si j'estime encore minces les chances des Sabres, les récents événements qui se sont produits chez les Blue Jackets de Columbus viennent de semer le doute dans mon esprit.
Depuis le début de la saison, les Blue Jackets doivent composer avec une situation inconfortable, alors que leurs deux meilleurs joueurs pourraient devenir joueurs autonomes sans compensation au terme de la campagne, et qu'ils n'ont pas démontré le plus grand enthousiasme quant à la possibilité de demeurer à Columbus à long terme. La relation déjà tendue avec Bobrovsky s'est peut-être détériorée encore un peu plus cette semaine alors que l'équipe a demandé au gardien de ne pas se présenter au match de jeudi contre les Predators de Nashville en raison d'un incident qui ne respectaient pas les attentes et les valeurs de l'organisation.
À quelques semaines de la date limite des transactions, le directeur général Jarmo Kekalainen devra prendre d'importantes décisions. S'il ne parvient pas à s'entendre avec l'un des deux joueurs, ou les deux, avant la date limite, va-t-il courir le risque de conserver leurs services jusqu'à la fin de la saison au risque de les perdre sans rien recevoir en retour cet été? S'il préfère obtenir des actifs en retour de ces deux vedettes, la demande devrait être forte, et Kekalainen devrait pouvoir améliorer l'avenir de son équipe, mais cela se ferait au détriment des chances de son équipe de participer au tournoi printanier cette saison.

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Des événements comme celui de la dernière semaine peuvent rassembler une équipe, ou encore diviser un vestiaire. Si l'ambiance devient lourde et morose, il ne serait pas surprenant que la belle séquence des Blue Jackets (8-3-0 à leurs 11 derniers matchs) s'arrête et que les défaites s'accumulent, ce qui faciliterait la décision de Kekalainen.
Il me semble donc que les points d'interrogation s'accumulent un peu trop pour accorder le bénéfice du doute aux Blue Jackets. Le départ d'un des deux joueurs russes serait un coup très dur. Si les deux joueurs devaient partir, ça sonnerait le glas de leurs espoirs de participer aux séries. Si toutefois Bobrovsky et Panarin devaient tous deux terminer la saison dans l'uniforme de Columbus, ce seront les Sabres qui regarderont les séries à la télévision.

Nicolas Ducharme, journaliste LNH.com

Si l'avantage numérique des Canadiens ne s'améliore pas, je pense que la route pour atteindre les séries éliminatoires ne sera pas des plus faciles. Le jeu a l'habitude de se resserrer en deuxième moitié de saison et les buts deviennent de plus en plus difficiles à obtenir.
Or, le Tricolore est au dernier rang de la LNH pour son jeu de puissance avec un taux d'efficacité de 12,8 pour cent.
Au début de l'année, j'ai dit que l'équipe allait participer aux séries si elle était parmi les huit premières équipes de l'Association de l'Est quand le défenseur Shea Weber allait effectuer son retour au jeu. Mais depuis le retour du capitaine, le 27 novembre, le jeu en avantage numérique de l'équipe fonctionne encore moins bien. Il est passé d'un taux d'efficacité de 14,9 pour cent à seulement 9,7.
Malgré tout, les Canadiens s'accrochent dans la course aux séries, peut-être parce qu'ils sont la troisième équipe avec le plus de victoires par un but. Avec un peu moins de chance, le portrait pourrait être beaucoup moins rose pour le Tricolore.
L'autre détail qui pourrait faire mal, c'est que les Canadiens ont joué un match de plus que les Sabres et trois de plus que les Islanders. Avec un retard d'un point, le CH pourrait manquer de temps en fin de saison.
Mais les choses peuvent rapidement changer et une équipe n'est jamais à l'abri d'une léthargie qui mettra un terme à ses espoirs. Souvenez-vous que l'an dernier au 1er janvier, les Penguins de Pittsburgh et les Flyers de Philadelphie étaient respectivement 10e et 11e de l'Association. Ils ont finalement participé aux séries. Donc tout est encore possible, même pour les Hurricanes de la Caroline au 10e rang.
La clé pour les Canadiens sera donc la tenue de Carey Price d'ici à la fin de la saison. Le gardien vient de connaître un très bon mois de décembre avec une fiche de 9-6-0, une moyenne de buts accordés de 2,32 et un pourcentage d'arrêts de ,921. Il devra rester en santé et être devant le filet la plupart du temps. Son choix de ne pas se présenter au Match des étoiles pourrait s'avérer une sage décision.

Robert Laflamme, Journaliste principal LNH.com

Attention messieurs, je n'écarterais pas tout de suite les Hurricanes de la Caroline du revers de la main. Les Hurricanes, peut-être vous en souvenez-vous, étaient mon choix comme équipe-cendrillon dans l'Association de l'Est. Je sais, le conte de fées ne lève pas fort jusqu'à maintenant, mais le bal n'est pas terminé. J'admets qu'il se fait tard, qu'il est minuit moins une. Ce serait préférable qu'ils n'aient qu'une ou deux équipes à devancer, mais ce n'est pas le cas. Pour cette raison, ils se retrouveront le bec à l'eau, comme… les Canadiens de Montréal. Eh oui!
Après avoir survécu à un éprouvant mois de décembre, les Canadiens montrent des signes d'essoufflement en ce début de 2019. Ça augure mal pour la suite, même si la pause du Match des étoiles devrait être salutaire pour Carey Price, Shea Weber et les attaquants de petite taille. À moins que le directeur général Marc Bergevin ne sorte un lapin de son chapeau, le CH n'est tout simplement pas outillé en défense pour tenir son bout au plus fort de la lutte en février et en mars. Price et Weber ne sont pas des superhéros. Pas plus que Max Domi et Jonathan Drouin à l'attaque. L'équipe ne peut pas compter sur son jeu de puissance pour gagner des matchs, comme le note Nicolas, et on ne voit pas de solutions miracles à l'horizon.
Comme Bergevin a dit qu'il n'hypothéquera pas l'avenir pour du présent à court terme (et je suis entièrement d'accord avec sa philosophie), les Canadiens tomberont à court d'une place en séries de quelques points. Peu d'observateurs les voyaient en séries cette saison, de toute façon. Les partisans pourront se consoler en se disant qu'ils auront fait des pas de géant et que l'avenir s'annonce finalement fort prometteur.

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Les Sabres ont plus de mordant à l'attaque et une meilleure brigade de défenseurs. L'unique maillon faible, c'est devant le but.
Les Islanders? J'adhère à « l'effet Barry Trotz » que tu soulèves Hugues. Et ce Mathew Barzal n'est pas piqué des vers! Tant que Robin Lehner tiendra le coup devant le but… Ce serait tout un exploit que les Islanders accèdent aux séries à l'an 1 de la perte de John Tavares.
Les Blue Jackets se retrouvent en eaux troubles avec la situation du gardien Bobrovsky, mais ils vont s'en remettre. Il y a tout simplement trop de talent dans cette équipe.

John Ciolfi, Producteur senior LNH.com

Je suis d'accord que la situation de Panarin et Bobrovsky peut mettre des bâtons dans les roues chez les Blue Jackets. Peu importe l'équipe, si tu échanges ton meilleur marqueur et ton gardien no 1, la tâche d'atteindre les séries devient beaucoup plus difficile.
Cependant, je crois que les Blue Jackets vont participer au tournoi printanier parce qu'ils possèdent une attaque bien équilibrée. Columbus compte neuf joueurs qui ont amassé 20 points cette saison, un meilleur total que les Islanders (quatre) et les Sabres (cinq).
La perte possible de Bobrovsky représente un cas plutôt intrigant, parce qu'il faut admettre que le Russe n'a pas joué à la hauteur des attentes jusqu'ici cette saison. Parmi tous les gardiens ayant disputé au moins 20 matchs cette saison, Bobrovsky occupe le 23e rang dans la ligue au chapitre de la moyenne de buts alloués (2,87) et le 24e rang au chapitre du pourcentage d'arrêts (,906). Ce n'est pas le rendement attendu d'un gardien qui a remporté le trophée Vézina deux fois, mais il a néanmoins signé 18 victoires cette saison, en partie parce qu'il a reçu beaucoup de soutien de ses attaquants: lors de ces 18 victoires, Columbus a inscrit au moins quatre buts à 13 reprises. Alors, ce n'est pas comme si Kekalainen perdrait un gardien au sommet de sa forme s'il échangeait Bobrovsky, et il pourrait se réfugier derrière l'idée que tout gardien qu'il recevrait en retour serait soutenu par une attaque solide. Il faudrait toutefois que les Blue Jackets mettent la main sur un gardien de qualité si Bobrovsky quitte, et y aura-t-il un autre gardien de premier plan disponible avant la date limite des transactions?
Je crois que Hugues aura raison en ce qui concerne les Sabres. Il manque de profondeur à l'attaque chez les Sabres, et depuis le 1er décembre, leur production a commencé à ralentir, eux qui n'ont inscrit que 43 buts en 17 rencontres (2,53 buts par match). Ç'a particulièrement nui au gardien Carter Hutton, qui a compilé une fiche de 2-6-2 depuis le 1er décembre, malgré le fait qu'il présente une moyenne de buts alloués (2,43) et un taux d'efficacité (,920) supérieur à ses totaux de la saison entière (2,62; ,916).
Hormis leur impressionnante séquence de 10 victoires plus tôt cette saison, les Sabres n'ont réalisé qu'une seule séquence d'au moins trois victoires (20-25 oct.). Et même quand on réexamine cette série de 10 victoires, sept d'entre elles sont survenues en prolongation ou en fusillade, alors on peut dire qu'il y a un élément de chance dans leur succès pendant cette séquence. Si les Sabres ne trouvent pas le moyen de coller plus fréquemment des victoires, surtout des victoires en temps réglementaire, ils risquent d'être exclus des séries encore une fois.

Guillaume Lepage, Journaliste LNH.com

Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir le nez collé dans la vitrine, mais j'ai tendance à être d'accord avec Robert et Nicolas. J'avais changé mon fusil d'épaule il y a quelques semaines et je croyais que les Canadiens allaient parvenir à se faufiler en séries, mais il faut croire que le ralentissement que nous attendions à peu près tous est en train de se produire.
Jonathan Drouin et Max Domi ne sont plus l'ombre de ce qu'ils étaient en début de saison tandis que la magie n'opère plus autant avec la combinaison de Phillip Danault, Brendan Gallagher et Tomas Tatar. Et en ce qui a trait à la production secondaire, elle se fait bien rare. La défensive, elle, commence à afficher les limites qu'elle avait réussi à camoufler jusqu'ici.
Puis comme l'a souligné avec justesse Nicolas, l'avantage numérique est douloureux à regarder et ne fait pas la différence quand il en a l'occasion.

MTL@COL: Gallagher marque d'une déviation en A.N.

La tenue de Carey Price en décembre a permis au CH de demeurer dans la course, mais les choses vont bientôt se corser. Il aura besoin davantage de soutien offensif, mais je crois que les ressources de l'équipe sont limitées. À cet égard, tout comme Bob, je suis amplement d'accord avec le discours de Marc Bergevin qui a dit ne pas vouloir sacrifier l'avenir pour une solution à court terme.
Le CH nous fera peut-être mentir en tenant le coup pendant quelques autres semaines, mais ce ne sera pas suffisant. Il aura au moins accompli sa mission d'offrir du hockey plus divertissant et une équipe plus combative cette saison.