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RALEIGH, Caroline du Nord --Jaccob Slavin s'est présenté dans la salle d'entrevues du PNC Arena, la semaine dernière, a vu qu'il y avait plus de 20 représentants des médias sur place et une rangée de caméras de télé qui attendaient qu'il se présente sur le podium, et il a échappé un 'wow!'

Le défenseur des Hurricanes de la Caroline n'a pas l'habitude de faire l'objet d'autant d'attention, mais il s'est retrouvé sous les feux de la rampe dans ces séries éliminatoires de la Coupe Stanley, après avoir brillé ces dernières semaines.
L'auditoire va grandir encore en Finale de l'Association de l'Est contre les Bruins de Boston, qui commence jeudi au TD Garden avec la tenue du premier match (20h HE; TVA Sports, CBC, SN, NBCSN), et Slavin semble comprendre que ses jours passés dans l'anonymat sont désormais chose du passé.
« Ça fait partie du jeu, a-t-il déclaré. Évidemment, pour moi, je vais devoir continuer de me présenter sur la glace et essayer de continuer de faire ce que j'ai toujours fait, c'est-à-dire rendre gloire à Dieu en donnant tout ce que j'ai. Que ça donne du bon hockey ou du mauvais hockey, je dois continuer de garder la même approche. »
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Un homme dont l'engagement à l'endroit de sa foi et de sa famille est très fort, Slavin n'est pas du genre à solliciter les louanges qu'il reçoit présentement, mais elles sont inévitables dans le contexte actuel. Le défenseur de 25 ans a joué un rôle important dans la victoire surprise de la Caroline sur les champions en titre de la Coupe Stanley, les Capitals de Washington, au premier tour des séries, obtenant alors un total de neuf mentions d'aide, un record d'équipe des Hurricanes/Whalers de Hartford, et livrant une chaude lutte à l'attaquant Alex Ovechkin et compagnie pendant sept rencontres. Il a ensuite aidé les siens à limiter les Islanders de New York à deux buts à armes égales au cours du balayage en quatre matchs signé au deuxième tour.
Les 11 mentions d'aide enregistrées par Slavin jusqu'ici dans ces séries lui donnent le deuxième rang dans la Ligue derrière le défenseur des Sharks de San Jose Erik Karlsson, qui en a 12, et il occupe le sixième rang dans la LNH pour le temps de glace ce printemps, avec une moyenne de 26:36. Il devra relever un défi plus formidable encore lorsqu'il se retrouvera face au puissant trio des Bruins composé de Brad Marchand, Patrice Bergeron et David Pastrnak, mais après l'avoir vu jouer ces quatre dernières saisons, les joueurs des Hurricanes sont convaincus qu'il sera à la hauteur de la tâche.
« Les gens qui ont grandi avec Slavin savent à quel point il est bon, a souligné l'entraîneur de la Caroline Rod Brind'Amour. C'est un défenseur de premier plan. Que son nom se retrouve sur la feuille de pointage ou nom, il reste un atout précieux pour cette équipe. »

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Un choix de quatrième tour (120e au total) des Hurricanes à l'occasion du repêchage 2012 de la LNH, Slavin a été un trésor caché pendant une bonne partie de sa carrière. Le dépisteur de longue date de la Caroline Bert Marshall, qui a disputé 14 saisons dans la LNH au poste de défenseur, a déniché Slavin lorsque celui-ci s'alignait avec l'équipe de Chicago dans la United States Hockey League.
Chicago avait mis la main sur l'athlète originaire de Denver, qui s'est retrouvé dans la USHL sans être repêché, lorsque celui-ci avait 15 ans et disputait la saison 2010-11 au sein du programme AAA du Colorado.
« Il a commencé à jouer pour nous et il n'y avait plus moyen de le sortir de la patinoire », a déclaré Scott McConnell, qui était devenu le directeur général et l'entraîneur de l'équipe de Chicago cette saison-là. « Un essai d'un match s'est transformé en essai de 10 matchs et sans vraiment qu'on s'en aperçoive, on s'est rendu à l'étape où il était devenu tout naturel de le garder. »
Après avoir disputé 17 matchs avec Chicago en 2010-11, Slavin, un bourreau de travail, est devenu le pilier d'une équipe ordinaire qui a affiché un dossier de 25-31-4 en 2011-12 et de 29-31-4 en 2012-13.
« Il passait 34 minutes par match sur la glace, a souligné McConnell. Il est devenu la béquille par excellence de l'entraîneur. Il faisait juste jouer. Il pouvait jouer dans toutes les situations que tu lui confiais et il excellait. »
Marshall a vu Slavin jouer au moins 10 fois, mais il se souvient particulièrement d'une défaite de 7-1 aux mains de Dubuque, le 15 décembre 2012.
« Ils se faisaient malmener et il était à moins-2 à la fin de la première période. Je regardais les deux buts contre lui quand il était sur la glace et il n'y avait rien qu'il aurait pu faire pour les prévenir, a noté Marshall. L'équipe n'était pas très bonne, mais ça ne veut pas nécessairement dire que des joueurs qui évoluent dans de mauvaises équipes ne peuvent pas devenir de bons joueurs. Il avait ce désir d'exceller qui venait de l'intérieur. »
Cette détermination a bien servi Slavin à toutes les étapes de sa carrière, que ce soit dans la USHL, pendant ses deux saisons au Colorado College ou encore dans l'uniforme de l'équipe américaine au Championnat du monde junior 2014. Il n'était pas parmi les 212 patineurs nord-américains répertoriés par la Centrale de dépistage de la LNH dans son classement final en vue du repêchage 2012, mais McConnell dit qu'il avait attiré l'attention de quelques équipes.
Donc, quand est venu le temps pour les Hurricanes de se faire entendre lors de l'avant-dernier choix du quatrième tour, Marshall n'a pas hésité quand le directeur du dépistage amateur Tony McDonald lui a demandé: « Que dirais-tu de Slavin? », répliquant aussitôt: « Prends-le. »
«Je ne dirais pas que nous étions chanceux d'avoir pu lui mettre la main dessus à ce rang-là, a dit Marshall. Je dirais plutôt que nous sommes chanceux de l'avoir vu se transformer à ce point; et ces choses-là, ça revient au joueur lui-même d'y voir. »

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Mike Haviland, un ancien entraîneur adjoint avec les Blackhawks de Chicago et qui a remporté la Coupe Stanley avec eux en 2010, est devenu l'entraîneur de Colorado College avant la saison 2014-15. Il se souvient d'avoir pensé à l'époque que Slavin se dirigeait tout droit vers la LNH. Slavin, qui mesurait 6 pieds 2 pouces et pesait 170 livres quand il a été réclamé par la Caroline, avait grandi d'un pouce et ajouté 25 livres à sa charpente en vue de sa deuxième saison en route vers sa taille actuelle de 6-3 et 207 livres.
En tant que recrue en 2013-14, il a mené les Tigers avec une récolte de 25 points (cinq buts, 20 passes) en 32 matchs, ce qui lui a valu le titre de recrue de l'année dans la National Collegiate Hockey Conference et d'être choisi sur la deuxième équipe d'étoiles de la NCHC. Sa production a décliné à 17 points (cinq buts, 12 passes) en 34 rencontres en 2014-15, mais il a quand même été sélectionné au sein de la première équipe d'étoiles de l'association de la NCHC.
« Son intelligence du jeu était sans égale en termes de QI de hockey, a lancé Haviland. Nous avions l'habitude de l'appeler notre machine à sorties de zone. Il pouvait virer sur un dix sous et ses deux premières enjambées étaient explosives, il était déjà parti et il pouvait faire une bonne première passe. Il était un joueur de premier plan dans les rangs universitaires. »
Le programme du Colorado College était en reconstruction, l'équipe affichant un dossier cumulatif de 13-50-9 durant les deux saisons où Slavin y a évolué, mais ça s'est avéré l'endroit parfait pour apprendre. Il a joué dans toutes les situations, dirigeant le jeu de puissance de la pointe et obtenant beaucoup de temps de glace.
« Il jouait 28 minutes par match ici, a noté Haviland. Parfois, tu te trouves dans une équipe en reconstruction, mais tu joues et ça t'aide beaucoup dans ton développement. … et Jaccob a profité de ces minutes-là, il a vraiment travaillé sur son jeu tous les jours et il a joué de mieux en mieux. »
Quand Slavin a quitté Colorado College pour accéder aux rangs professionnels en 2015, Haviland a prédit avec raison que son séjour dans la Ligue américaine de hockey serait très court. Slavin a pris part à 14 rencontres avec l'équipe-école des Hurricanes à Charlotte en 2015-16 avant d'être rappelé et de faire ses débuts dans la LNH contre les Maple Leafs de Toronto, le 20 novembre 2015.
Il n'est plus jamais retourné dans la LAH.
« À sa première présence, je savais que c'était un bon joueur, a indiqué le joueur de centre des Hurricanes Jordan Staal. Il était un de ces jeunes qui s'amène tout de suite et réalise un jeu ou deux et tu te dis, 'Oh, celui-là va rester ici pour un petit bout de temps'. »

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La Caroline s'en est assurée en lui accordant, le 12 juillet 2017, une prolongation de contrat de sept ans au montant de 37,1 millions $, qui est entrée en vigueur cette saison. Le salaire annuel moyen qu'on lui a consenti, 5,3 millions $, a des allures d'aubaine maintenant qu'il est devenu un défenseur de calibre top-4 qui commence à se faire un nom dans ces séries éliminatoires.
Sa production offensive a en quelque sorte été une révélation - il a récolté 31 points (huit buts, 23 passes) en 82 matchs du calendrier régulier cette saison -, mais ça n'a pas été une surprise pour les Hurricanes.
« Je trouve qu'il n'y a pas grand-chose qui a changé, a déclaré son partenaire à la ligne bleue Dougie Hamilton. C'est juste que les gens le voient plus, je pense. »
La Caroline participe aux séries pour la première fois depuis 2009 et ça représente quelque chose de nouveau pour Slavin; outre deux éliminations au premier tour avec Colorado College lors du tournoi d'après-saison de la NCHC (chacune des équipes s'y qualifiaient peu importe sa fiche), il a fait savoir qu'il n'a pas joué pour une équipe assez bonne pour accéder aux séries depuis « le hockey juvénile, probablement ». Il a donc savouré au plus haut point le parcours des dernières semaines.
« C'est le plus beau moment de l'année, et c'est très plaisant de se retrouver sur la patinoire, a-t-il dit. L'intensité se décuple, le rythme du jeu se décuple et c'est ce genre de match que tout le monde veut disputer. »
La vie de Slavin à la maison l'aide par ailleurs à avoir un bon sens des priorités. Son épouse Kylie et lui étaient sur une liste d'attente pour adopter un enfant depuis bien avant la présente saison et, signe du destin peut-être, leur fille, un poupon nommé « Bébé E », leur est arrivée au début des séries. Les Slavin n'ont pas révélé le nom de l'enfant, ni d'autres détails, et ne le feront qu'une fois que tout sera réglé concernant l'adoption.
Il a fallu que Slavin rate deux séances d'entraînement et fasse le voyage de Washington à Raleigh entre les matchs no 1 et no 2 durant le premier tour éliminatoire, en plus de vivre toute la folie qui vient avec le fait de devenir un parent pour la première fois. La pause depuis la fin de la série du deuxième tour contre les Islanders, vendredi, a été fort bienvenue puisque ç'a donné à Slavin du temps libre à passer avec sa fille avant de commencer à se préparer en vue de la série contre les Bruins.
« Ma femme a été une rock star dans tout ça et elle a pris, je dirais, 99 pour cent du fardeau côté sommeil avec les tétées de nuit, a affirmé Slavin. Elle a été très bonne dans pas mal tout, et je l'en remercie. Mais ç'a été formidable. Absolument formidable. »