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EDMONTON – Trois ans après s’être demandé s’il chausserait de nouveau ses patins dans un match de la LNH, Tyler Seguin joue peut-être le meilleur hockey de sa carrière.

Et à travers tout ce processus, l’attaquant des Stars de Dallas profite plus que jamais de chaque présence, chaque but et chaque mention d’aide.

C’est la perspective qui vient avec le fait d’avoir cru que ta carrière était terminée.

« Tu en apprends tellement sur toi-même en vivant des situations difficiles, en faisant face à de l’adversité », a dit Seguin dans une entrevue en tête-à-tête avec LNH.com, mardi. « Ç’a été mon cas. Puis, quand tu t’en sors, tu as découvert qui tu es et tu as une nouvelle approche, donc tu essaies de changer les choses.

« En ce moment, je dois dire que je me sens très bien. »

Les Stars pourraient difficilement être plus en accord.

À l’approche du match no 4 de la finale de l’Association de l’Ouest contre les Oilers d’Edmonton au Rogers Place mercredi (20 h 30 HE; TVAS, CBC, SN, TNT, truTV, MAX), Seguin est le cinquième meilleur pointeur de l’équipe en séries éliminatoires avec 12 points (cinq buts, sept passes). Il est le meneur des Stars avec un différentiel de plus-10 et il est à égalité au premier rang de la formation au chapitre des buts vainqueurs (2). Il a joué à l’aile et au centre, il a évolué sur les premier et quatrième trios, et on l’a vu en infériorité numérique, tout comme en avantage numérique.

« Peu importe ce dont l’équipe a besoin, a-t-il affirmé. Peu importe ce que ça prend. »

Les Stars sont venus de l’arrière pour gagner 5-3 dans le match no 3 lundi, et Seguin a mis la table pour deux des trois buts de Jason Robertson, incluant le filet vainqueur à 11:54 de la troisième période. La victoire a donné à Dallas une avance de 2-1 dans la série.

« Tout ce qu’on lui a demandé de faire, il l’a fait », a mentionné le directeur général Jim Nill. « Il a été exceptionnel. Il pense seulement à aider l’équipe à gagner, pas au nombre de points qu’il récolte. C’est de cette façon que tu laisses ta marque.

« Je sais qu’il y a eu des questions il y a quelques années au sujet de la direction dans laquelle allait sa carrière. C’est difficile pour les joueurs, surtout quand tu es aux prises avec des blessures. »

Nill faisait référence à l’hiver 2021, un moment qui a changé la vie de Seguin de plusieurs façons, de l’aveu du principal intéressé.

C’était le 26 janvier. L’attaquant des Stars, blessé, était assis au bord d’un feu avec un ami dans un chalet de Muskoka, en Ontario, à deux heures au nord de Toronto. Les deux ont regardé les Stars battre les Red Wings de Detroit 2-1 en prolongation à la télévision. Soudainement, il s’est tourné vers son ami et a lancé : « Je ne sais si je vais rejouer un jour. Ma carrière est peut-être terminée. C’est peut-être la fin. »

Après avoir disputé chaque rencontre des Stars durant leur parcours jusqu’en finale de la Coupe Stanley en 2020 en dépit d’une déchirure au labrum d’une hanche, Seguin a disputé seulement trois parties en 2020-21 en raison de problèmes à une hanche et à un genou.

« Des moments sombres, s’est-il remémoré. Je ne sais pas si la retraite était une véritable possibilité, mais tu as différentes pensées. “Est-ce que je pourrai rejouer? Si oui, dans quelles dispositions?” Beaucoup d’athlètes vivent ça avec les opérations et les obstacles.

« Ç’a été un tournant dans ma carrière et ma vie. Je venais de subir deux opérations de suite et je ne faisais rien depuis six mois. Je n’avais pas vraiment un bon réseau de soutien. C’était difficile de voir la lumière au bout du tunnel. Il y avait la COVID-19. On ne pouvait pas voir personne. Dans ces moments, tu en apprends sur ton mental comme humain et comme athlète, et tu grandis en tant que personne.

« Quand j’y repense, ce n’était pas un appel à l’aide. Je devais plutôt découvrir qui j’étais et ce que je voulais être, sur la patinoire, mais aussi à l’extérieur. »

Avec le temps est venue la guérison, physiquement et spirituellement. Seguin qualifie l’année dernière de « meilleur été de ma vie », après avoir épousé sa fiancée Kate dans les Bahamas. Il admet avoir grandi sur la glace et à l’extérieur.

« Ça prend du temps pour en arriver à ce point », a souligné le joueur de 32 ans. « Il y a un moment où tu te bats contre ton égo en pensant à ce que tu mérites. Et à un certain point, tu dois comprendre ce qui est plus important : ce que tu penses mériter ou ce qui va rendre l’équipe meilleure.

« J’ai dû me regarder dans le miroir et me demander : “Qu’est-ce que je veux?” J’ai fait de l’argent. J’ai une belle vie à la maison. Je suis marié maintenant. Au final, ce que je veux vraiment est de partager les expériences que j’ai vécues lorsque j’étais jeune avec ce groupe de joueurs.

« C’est ce qui est important. Et c’est la raison pour laquelle je me fous de la place que j’ai dans la formation. »

Ce que Seguin aimerait beaucoup, c’est que ses coéquipiers vivent le sentiment de soulever la Coupe Stanley, ce qu’il a fait avec les Bruins de Boston en 2011. Deuxième choix au total du repêchage 2010 par Boston, il avait seulement 19 ans et il admet aujourd’hui qu’il n’a pas suffisamment savouré le moment. Aujourd’hui, il est tout près d’avoir une autre chance d’y arriver, cette fois avec les Stars.

« J’ai appris en côtoyant des joueurs comme Patrice Bergeron, Zdeno Chara et Mark Recchi, de vrais pros, a-t-il dit. Maintenant, je veux avoir le même impact sur les jeunes de notre équipe.

« Certaines années, tu regardes ta formation au début de la saison et tu te dis “Bof!” D’autres années, tu vois l’équipe progresser au cours de l’année et tu te dis : “C’est maintenant. C’est notre chance.”

« Nous avons une chance en ce moment avec un mélange de vétérans et de jeunes qui ont tous du talent. L’histoire va s’écrire d’elle-même. Il faut simplement n’avoir aucun regret et faire tout en notre possible. »

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