FLEURY BADGE CHAUMONT 1

CRANBERRY, Pennsylvanie – Marc-André Fleury portait ses jambières jaunes. Sidney Crosby se démenait pour bondir sur un retour et s’assurer de le déjouer. Evgeni Malkin avait le sourire au visage après un arrêt acrobatique. Kristopher Letang cherchait à le battre d’un tir de la pointe lors d’un exercice en supériorité numérique.

Fleury et ses vieux complices ont fait un retour dans le temps vendredi. Le quatuor qui a gagné trois fois la Coupe Stanley avec les Penguins (2009, 2016 et 2017) a renoué à l’entraînement sur la glace du UPMC Lemieux Sports Complex, le centre d’entraînement des Penguins qui est situé à Cranberry en banlieue de Pittsburgh.

Ils n’avaient pas patiné ensemble depuis la conquête de la Coupe Stanley de 2017, année qui a également sonné le départ de Fleury de Pittsburgh pour vivre l’aventure de l’expansion avec les Golden Knights de Vegas.

« C’est le fun, c’est le fun, a dit Fleury à sa sortie de l’entraînement. Ça fait déjà plusieurs années que nous ne sommes plus ensemble. J’étais heureux de juste revenir à l’aréna et de déjeuner avec eux en parlant de tout et de rien. J’ai ressorti mes jambières jaunes. C’est cool ça aussi. Elles devaient être jaunes. J’ai songé à utiliser mes vieilles Reebok que j’avais encore à la maison, mais Lefebvre a choisi d’en faire des nouvelles. Je les remercie. »

Avant de s’asseoir à son casier pour jouer de longues minutes avec James, le fils de six ans de Fleury, Crosby a parlé de l’invité spécial du jour en compagnie des nombreux journalistes présents pour cet entraînement hors du commun au camp des Penguins.

« J’ai seulement essayé d’apprécier le moment. Tu fais des centaines ou des milliers de pratiques dans ta carrière et tu peux finir par tenir le tout pour acquis, a affirmé Crosby. Mais d’avoir eu la chance de faire ça aujourd’hui, c’était très plaisant.

« Oui, j’avais le sentiment de replonger dans le passé, surtout en regardant ses jambières jaunes, a poursuivi le capitaine des Penguins. Je repensais à des exercices que nous faisions. Tu peux encore voir son grand désir d’être compétitif. C’est vraiment génial à voir. »

À sa sortie de l’entraînement d’une soixantaine de minutes, Letang respirait aussi le bonheur.

« Honnêtement, on était une famille pendant un méchant bout, de 2005 à 2017 environ. En revoyant Flower, j’ai le sentiment que les choses n’ont jamais changé. On avait les mêmes routines. On était tellement tissés serrés qu’on dirait qu’il n’est jamais parti, même s’il a fini par partir. Le sentiment était le même. »

FLEURY ET COEQUIPIERS

Une soirée émotive à venir

Ce n’était pas un vendredi typique au camp des Penguins. À la veille du match préparatoire contre les Blue Jackets de Columbus où il jouera une période, Fleury a bloqué les tirs de ses coéquipiers afin de se préparer pour cette soirée où il renouera avec les partisans à Pittsburgh.

À son arrivée sur la patinoire, le numéro 29 a reçu une chaleureuse ovation des partisans entassés dans les gradins. Un fidèle des Penguins a rapidement scandé : « Une année de plus! ». Ce souhait ne se matérialisera pas. Fleury restera un gardien à la retraite.

Ce voyage éclair à Pittsburgh ne lui fera pas changer ses plans. Malgré cela, il tenait à bien se préparer pour ce match préparatoire face aux Blue Jackets.

« Je n’ai pas patiné de l’été, mais j’ai participé à deux entraînements la semaine dernière et deux autres cette semaine avec les joueurs blessés du Wild, a affirmé le gardien de 40 ans. J’ai retouché à la glace un peu et patiné. Mais écoutez… Ça paraît que je n’ai pas patiné et que je ne me suis pas entraîné. C’était le fun quand même. Je pouvais compétitionner et batailler avec les gars.

« J’avais du plaisir à l’entraînement, a-t-il continué. J’aime quasiment mieux une pratique qu’un match. Tu reçois un paquet de tirs. Tu peux pousser les gars dans ton cercle et leur jaser un peu. Les gars aiment aussi compétitionner et scorer. On a eu de bonnes années ensemble et c’est le fun de les revoir. »

Après une mêlée de presse de près de dix minutes avec les collègues anglophones, Fleury a tenté d’imaginer ce qu’il ressentira en faisant ce très bref retour avec les Penguins samedi soir au PPG Paints Arena.

« Hum… Hey boy. Je ne le sais pas. On dirait qu’en vieillissant, je deviens plus émotif, a-t-il lancé en frappant sur ses jambières lors d’un entretien avec LNH.com et RDS. Mais maudit… Je vais essayer de rester calme. Je ne veux pas passer pour un épais et me faire scorer six buts. Le monde dirait qu’il était temps qu’il arrête de jouer. Si je peux jouer un bon match et donner une chance à l’équipe de rester dans le match, je serai bien heureux. Je veux m’amuser. Je tenterai d’en profiter le plus possible. »

Si Fleury a à cœur d’offrir une bonne sortie devant le filet des Penguins, Crosby ne lui tiendra pas rigueur advenant le contraire.

« Je ne pense pas que ça compte pour nous, a rappelé le 87. On sait qu’il va se battre sur la glace et que nos joueurs vont travailler fort devant lui. Peu importe le résultat final, ce sera vraiment cool et cette soirée sera avant tout pour les partisans et l’organisation. »

Un parallèle avec Raymond Bourque

Pour Fleury, ce retour à Pittsburgh ne symbolise pas la fin de sa carrière dans l’uniforme où tout avait commencé pour lui, celui des Penguins.

« Je n’aime pas dire que je voulais me retirer comme un membre des Penguins de Pittsburgh, avait-il dit le 12 septembre dernier à LNH.com. Je ne souhaite pas manquer de respect au Wild du Minnesota. J’ai joué mon dernier match avec eux. J’ai signé mon dernier contrat avec le Wild. Ils ont fait plusieurs choses pour moi.

« Je voulais retourner où tout a commencé pour moi. Je vois ça comme un clin d’œil. Je porterai le chandail des Penguins pour une dernière fois et je reverrai de vieux coéquipiers et amis. C’est une façon de boucler la boucle. »

Quand on partage les propos de Fleury à Letang, le vétéran défenseur revient à un élément essentiel.

« Il a quand même gagné trois fois la Coupe Stanley ici, a répliqué Letang. Il est connu pour ses jambières jaunes qui sont iconiques. Je trouve que ça fait une belle fermeture à sa carrière.

« Si tu parles de Marc-André Fleury, tu le vois dans l’uniforme des Penguins. Et je ne veux pas manquer de respect en disant ça. C’est comme Raymond Bourque. Tu ne penses pas à lui comme un gars de l’Avalanche même s’il a gagné sa Coupe Stanley au Colorado. Il est un Bruins de Boston pour la vie. C’est la même chose pour Flower. Il est un membre des Penguins de Pittsburgh. »

Avant l’entraînement des Penguins, James Fleury, le plus jeune des trois enfants de Marc-André, a piégé Evgeni Malkin en insérant une fausse coquerelle dans son casier. Il a fait le même tour à son père.

« Il va devenir un bon joueur de tours, a prédit Crosby. Il a le bon professeur. Il a seulement besoin d’un peu de pratique. »

« Il a placé des coquerelles, mais aussi de petits serpents, a ajouté Fleury. Je ne sais pas de qui il a appris ça. Il ne déteste pas faire de mauvais coups. »

Au-delà des tours, le paternel était surtout heureux de partager ce moment avec fiston.

« C’est tellement le fun. Mes filles arriveront demain (samedi) avec ma femme. J’aimais l’idée d’inviter James une journée avant. Il a juste six ans. Il a moins de souvenirs de moi qui joue au hockey. Je voulais lui montrer l’ambiance dans un vestiaire. Il passe du bon temps avec les gars. »