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MONTRÉAL – Réjean Houle a remporté la Coupe Stanley cinq fois avec les Canadiens de Montréal au cours des années 1970, un attaquant robuste au sein d’une équipe championne qui a dominé cette décennie.

Il ne serait toutefois pas malavisé de suggérer que le travail le plus important de Houle au sein de cette organisation a été effectué à titre de président de l’Association des anciens Canadiens, poste qu’il a occupé à deux occasions distinctes pour un total de 36 ans.

Ce mois-ci, à l’âge de 75 ans, a discrètement cédé sa place à la tête de ce groupe, et il a été remplacé par le champion de la Coupe Stanley en 1993, le défenseur Patrice Brisebois. Houle va conserver son poste au sein du conseil d’administration de l’association, ainsi que celui de la Fondation des Canadiens de Montréal pour l’enfance et il demeure l’un des six ambassadeurs de l’équipe en compagnie de Brisebois, Yvan Cournoyer, Guy Carbonneau, Vincent Damphousse et Chris Nilan.

« Je suis heureux d’avoir eu la chance d’aider à réunir les gens dans la grande famille des Canadiens », a confié Houle dans le cadre d’une conversation dans le Salon des anciens de l’équipe au Centre Bell.

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Portrait des Canadiens de Montréal, Réjean Houle à la fin des années 1960 ou au début des années 1970, saluant les partisans lors d'une cérémonie d'avant-match au Centre Bell le 22 octobre 2024.

« Nous avons toujours été une équipe tissée très serrée. Nous avons souvent remporté la Coupe Stanley (24 au total, dont la première au sein de l’Association nationale de hockey, qui a précédé la LNH), mais j’ai toujours trouvé que le plus important était de prendre soin de nos gens, de nos familles. D’être là pour eux quand ils sont heureux, et de les aider quand ils sont malades, ou pire encore. »

Brisebois, âgé de 54 ans, sait très bien qu’il aura de très grands souliers – ou patins – à remplir en succédant à Houle.

« C’est remarquable ce que Réjean a accompli avec classe et passion, et je sais que j’ai beaucoup de choses à apprendre, a reconnu Brisebois. Tout le monde aime Rej, ils se sentent tous à l’aise avec lui. Il est toujours ouvert, il tente toujours de trouver des solutions, et c’est pourquoi les gens l’aiment autant. Il est un vrai gentleman. »

L’ancien président des Canadiens Ronald Corey a mis sur pied l’Association des anciens en 1983. Il a aussi supervisé le déménagement de l’équipe dans son nouveau domicile, le Centre Molson (devenu le Centre Bell depuis) en 1996.

Corey s’est assuré que le nouvel aréna soit doté d’un salon à la hauteur de la glace pour les anciens et leurs familles, et qu’à chacun des matchs à domicile, il soit rempli d’anciens Canadiens, de leurs épouses, conjointes, enfants, petits-enfants et amis.

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Patrice Brisebois prend part à une cérémonie d’avant-match avant une partie au Centre Bell le 24 novembre 2018.

Les murs ont été ornés de peintures encadrées de tous les capitaines des Canadiens. Au cours du dernier mois, deux grandes photographies du regretté Ken Dryden, le grand gardien qui est décédé le 5 septembre à l’âge de 78 ans, ont été ajoutées. Sur un autre mur, on retrouve une image commémorant le 70e anniversaire de Guy Lafleur, qui a perdu sa bataille contre le cancer en 2022, de même qu’un immense tableau de billets datant de la saison du centenaire en 2009-10, accompagnés d’une photo d’une vedette de chaque équipe.

Cournoyer, gagnant de la Coupe Stanley à 10 occasions, a été le premier président du groupe des anciens. Houle lui a succédé en 1984, un an après la retraite de ce dernier après une carrière de 16 saisons dans la LNH, ainsi que trois campagnes avec les Nordiques de Québec dans l’Association mondiale de hockey entre 1973 et 1976.

Houle a occupé ce poste jusqu’en 1995, soit au moment où il a été embauché à titre de directeur général des Canadiens. Il a été remplacé par l’ancien défenseur Pierre Bouchard, avant de reprendre son rôle avec les anciens en 2000 après avoir été limogé de son poste de DG au début de la saison 2000-01.

Au cours des 25 dernières années, Houle s’est occupé des besoins, les petits et les grands, des membres des anciens Canadiens, de même que ceux de leur famille et plus encore. Le sang qui coule dans ses veines est probablement bleu-blanc-rouge.

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En octobre 2015 au Centre Bell de Montréal, une soirée honorant le travail du médecin de l’équipe et chirurgien en chef, le Dr David Mulder. À partir de la gauche, l’ancien président des Canadiens Pierre Boivin, Réjean Houle, Dickie Moore, David Mulder, le propriétaire Geoff Molson, l’ancien médecin de l’équipe Douglas Kinnear et Yvan Cournoyer.

Depuis la naissance de la LNH en 1917, 945 joueurs ont porté le logo des Canadiens en saison régulière – 855 patineurs et 90 gardiens. Il s’agit du troisième plus haut total de la ligue, derrière les 1093 des Maple Leafs de Toronto et les 1090 des Bruins de Boston, mais les 23 championnats des Canadiens dans la LNH représentent six conquêtes de plus que celles des Maple Leafs (13) et des Bruins (six) combinées.

Au cours des deux présidences de Houle, les Canadiens ont remporté leurs deux plus récents titres, en 1986 et 1993, et ont aussi célébré en grand le centenaire de l’équipe, qui est née en 1909 pour évoluer dans l’ANH.

Houle a également assisté à plusieurs moments heureux, mais a aussi dû gérer beaucoup trop de funérailles. Il a été le responsable de l’organisation dans la gestion du décès de 14 légendes membres du Temple de la renommée au cours de ses deux passages.

Dans l’ordre : Jacques Plante, Aurel Joliat, Doug Harvey, Toe Blake, Maurice « Rocket » Richard, Bernie « Boom-Boom » Geoffrion, Lorne « Gump » Worsley, Emile « Butch » Bouchard, Jean Béliveau, Elmer Lach, Dickie Moore, Henri Richard, Guy Lafleur et Ken Dryden.

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Réjean Houle durant les années 1970 et en mars 2007 avec le « Big Three » des Canadiens en défense. À partir de la gauche, Larry Robinson, Serge Savard, Houle et Guy Lapointe.

Houle a joué un rôle important dans l’organisation des funérailles d’état des immortels des Canadiens : Maurice Richard en 2000, Béliveau en 2014 et Lafleur en 2022. Il a été à l’écoute des anciens et de leurs proches pendant la pandémie, au cours de laquelle des funérailles modestes en plein couvre-feu lié à la COVID ont été organisées en l’honneur de Henri Richard, qui a remporté la Coupe Stanley 11 fois, un record de la LNH.

Plusieurs de ces funérailles ont exercé un impact important sur Houle sur le plan personnel, qui a été durement frappé sur le plan émotif par la perte de coéquipiers et d’amis proches. Il a toutefois toujours été en mesure de faire abstraction de ces sentiments, du moins pour un moment, afin d’organiser dans les moindres détails les célébrations de la vie de tous ces gens.

Au-delà de son travail afin de soutenir les gloires du passé de l’équipe, Houle a exercé une présence parfois discrète dans des moments de besoin de joueurs beaucoup moins connus. Plus d’une fois, les Canadiens ont amélioré la situation difficile d’anciens aux prises avec des ressources financières limitées.

« La reconnaissance, ce n’est pas important pour moi », a affirmé Houle, un ancien encore très populaire auprès des partisans. « Ce qui est important, c’est de prendre soin de leur famille, de leurs proches, de leurs enfants.

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À partir de la gauche, Donald Audette, Réjean Houle, Guy Lafleur et Richard Martin posent avec la Coupe Stanley pendant les cérémonies de Kraft Hockeyville le 21 septembre 2008 à Roberval.

« Quand je jouais, j’avais Jean Béliveau comme capitaine, puis Henri Richard, Yvan Cournoyer... Nous avons toujours senti que nous devions nous serrer les coudes et nous aider les uns les autres le plus possible. »

En juillet 2017, Houle a mis fin prématurément à ses vacances d’été afin d’assister aux funérailles de Don Johns en banlieue de Montréal, un défenseur qui a disputé un seul match pour les Canadiens en 1966, alors qu’un chandail des Canadiens était exposé sur l’autel.

Houle s’est assis à l’arrière de l’église, et s’est éclipsé discrètement par la suite, sans avoir été remarqué ou presque. Il a toutefois failli fondre en larmes lorsque la famille de Johns a plus tard communiqué avec lui pour lui manifester leur appréciation pour s’être déplacé et rendre hommage au disparu.

Six ans plus tôt, Houle a effectué le trajet de plus de 150 kilomètres au nord-est de Montréal jusqu’à Victoriaville pour les funérailles du gardien Jean-Guy Morrissette, qui a évolué pendant 36:22 pour les Canadiens à son seul match dans la LNH en 1963.

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Patrice Brisebois signe des autographes après être sorti de la glace à l’Aréna Bob Birnie de Pointe-Claire, à la suite d’un match caritatif des anciens Canadiens en janvier 2022.

« Je suis allé aux funérailles de Don par respect pour sa famille, a mentionné Houle. Ce que j’ai reçu en retour a été une déferlante d’amour de la part de la famille. J’ai presque pleuré, même si je ne connaissais pas vraiment Don ou ses proches. Pour ce qui est des funérailles de Jean-Guy à Victoriaville, vous auriez dû voir tous les gens et les drapeaux des Canadiens.

« Des hommes comme Don et Jean-Guy ont peut-être joué une seule partie avec les Canadiens, mais en fin de compte, dans leur esprit et dans celui de leur famille, ils ont disputé toutes nos parties. »

Brisebois a entendu l’histoire à propos des funérailles de Johns et a déclaré : « Je ne suis pas surpris. C’est Réjean Houle. C’est du respect. On ne peut pas enseigner ça. C’est une qualité qu’une personne possède, et il le fait parce qu’il est passionné par ce qu’il fait. Cette équipe est très chanceuse de l’avoir. »

Les deux hommes se réjouissaient ce soir-là qu’Élise Béliveau se trouve dans le salon avec sa fille, Hélène, et ses deux invités, qui étaient tous assis dans le coin où Jean s’installait discrètement. Denis Richard, l’un des fils de Henri, se trouvait aussi dans la pièce, se mêlant aux autres.

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Patrice Brisebois en action, et Brisebois avec l’icône des Canadiens Jean Béliveau au Centre Bell alors qu’il venait de recevoir le trophée Jean-Béliveau en 2009 pour ses contributions dans la communauté.

Houle a brièvement interrompu la conversation afin de rejoindre Brisebois pour accueillir le premier ministre du Québec, François Legault, qui venait d’arriver pour assister au match.

Houle a annoncé au cours de la dernière réunion annuelle de l’Association des anciens en mai dernier qu’il souhaitait céder la présidence.

Il y a un mois pendant une réunion, Brisebois a démontré de l’intérêt pour le poste, tout comme d’autres anciens.

« J’ai été choisi, et c’est un immense honneur, honnêtement, a noté Brisebois. Certaines personnes vont dire qu’il s’agit uniquement de la présidence de l’Association des anciens Canadiens, mais pour moi, il s’agit d’un immense privilège, en raison de l’amour que j’éprouve pour cette équipe et pour l’organisation, ainsi qu’envers tous ceux qui ont déjà joué pour les Canadiens.

« Nous disons "Canadiens un jour, Canadiens toujours". Nous formons une immense, immense famille. Je pense à Reggie, à ce qu’il a accompli comme président, et je sais que j’ai de grands souliers à remplir. »

Photo principale: Réjean Houle (gauche) et Patrice Brisebois à l'extérieur du vestiaire des Canadiens au Centre Bell de Montréal le 18 octobre 2025, devant la vitrine où sont exposées les multples versions miniatures de la Coupe Stanley représentant les conquêtes de l'équipe.